Agir par devoir

Publié par Rimbaud le 07.04.2018
2 014 lectures

            Je comprends que j’agis en permanence par sens du devoir. Je fais les courses, la cuisine, je remplis la chaudière par devoir conjugal. Je tais mon statut VIH par devoir filial, pour épargner celle qu’un rien effraie. Je ferme ma gueule en permanence par devoir moral, pour ne pas transmettre mes angoisses aux autres. Je m’investis plus que personne dans mon métier par devoir professionnel. Je fais rire mes élèves par devoir professoral. Je réponds présent aux invitations par devoir amical. Tout me semble dicté par une sorte d’impératif ancré en moi. Tout semble répondre à une logique construite durant des décennies. Il n’y a aucune spontanéité nulle part, aucun désir, aucune envie, aucune pulsion, aucun élan, aucune joie, aucune folie, aucune démesure, aucune liberté. Je suis sur pilotage automatique. Comme j’ai appris à bien obéir, rien ne transparait. Tout est lisse, bien propre, bien réglé, bien en place, bien coordonné. Je ne trahis rien. Je reste fidèle à ce que j’ai élaboré. Je ne détruis rien. Je n’abime rien. Tout est sans relief, morne, insignifiant, banal.

            Mardi, dix heures : j’apprends la mort d’un de mes étudiants. Dix-neuf ans. Midi trente : je suis à la mosquée avec ses camarades de classe. Nous pleurons. Nous nous consolons. L’un deux me remercie d’être là. Un peu plus tard, il passe sa main sur mon cou et me murmure : « ne vous inquiétez pas, ça va aller ». Je ne sais pas s’il me console ou s’il cherche à se rassurer. J’ai vu leurs larmes se planter dans mon regard, fixement, comme on cherche un repère que je ne parvenais pas à être. L’ont-ils perçu ? Je ne crois pas. Je les ai revus plusieurs fois dans la semaine et nos discussions étaient d’une douceur parfaite. Les mots deviennent subitement justes lorsqu’on est confronté à l’injustice absolue, à l’inacceptable. C’est ce terme qui me revenait en boucle, ce mardi : c’est inacceptable. Je ne peux pas accepter ça, que la mort vienne prendre ces jeunes que j’essaie d’élever, avec lesquels je ris, avec lesquels je réfléchis, que j’engueule, que je célèbre, que j’aime. C’est inacceptable. Je parle à la famille. Je serre des mains. J’essaie de ne rien forcer, de ne pas composer, d’être le plus possible simplement moi-même, dans ma fragilité, par devoir vis-à-vis de moi-même. Le soir, je contacte la sœur de ce jeune homme doux qui avait perdu son père six mois plus tôt et je lui dis les mots que je n’avais pas trouvés.

 

"Je regarde la nuit à travers les barreaux

et malgré tous ces murs qui pèsent sur ma poitrine,

Mon cœur bat avec l'étoile la plus lointaine."

Nazim Hikmet, poète turc.

Commentaires

Portrait de cbcb

que tu aies agi par devoir en te rendant à la mosquée, en accompagnant ses amis, en appelant sa famille... 

Portrait de Rimbaud

Effectivement.

Portrait de Lowie

Notre époque est à l'urgence.Selon certaines enquêtes 50 millions à 700 millions de personnes seront migrantes en 2050.Nous n'avons pas encore réglé l'égalité femmes-hommes , la question écologique et l'acceptation de la différence( ethnique,religieuse etc....).Nos élu(e)s avancent et font marche arrière.

La menace est bien présante, l'augmentation de la poulation mondiale va devenir un problème.30% des terres agricoles sont détruites chaque année.Nous envisageons de nouvelles techniques de culture pour nourrir le monde, nous envisageons même de coloniser la mer.La Lune est bien trop loin pour nos capacité technologiques.Que faudrait-il pour retourner la situation menaçante?

Quels devoirs m'injonctionne la "société"?Ne pas faire de vagues?Traverser au passage piétons?Payer mes impôts?Être sexuellement dans la norme?Être un bon père de famille?

Je n'ai pas fais de vagues, je me suis acquité de mes impôts, j'ai traversé au feu pietons, je suis toujours homo et père de personne.Malgré ma bonne volonté et mon devoir envers une "société" non choisie j'ai du mal à croire qu'elle finira par devenir  celle dont je rêve.

Démarche citoyenne.Je n'ai pas la responsabilité d'éduquer des jeunes gens.Je te remercie d'être allé à la mosquée pour cet étudiant et pour nous.Agissons avec notre coeur , le plus pure et le plus sincère.

Bien à Toi , Lohic.

 

 

Portrait de jl06

Devoir de philo ? je te vois arriver , j,ai même pas souvenir d,un examen ! 

Bon blague à par  , tu es toujours dans les clous devoir ou pas toi , pour nous faire réfléchir ...

D'ou venons nous?  ? 

Qui sommes- nous ?

Ou allons nous ? 

Le drame et que nous devrions aller vers sa perfections ... quelque marches ont du être ratê ! 

et le temps presse je crois ? rien à l,horizon ne te rend optimiste ,faut avoir une bonne dose de folie ( respect au fou)

pour passé au travers de cette boue ...

agis comme tu l,entend ... (les chiens aboient la caravane passe ) Proverbe Arabe ,

j,ai toujours vécue comme cela ma foi 

bises JL

Portrait de Lowie

Où peut-être du même endroit que Toi.Beaucoup d'êtres humains me semblent nuisibles trop obnibulés par le profit et l'accaparation.Ce n'est qu'une opinion personnelle.Ce n'est pas par devoir que je considère la femme comme mon égal ou moi son égal, ni un africain égal à moi ou moi égal à lui, un musulman de revendiquer sa religion comme nous nous l'avons imposée il y a quelques centénies.C'est par logique.Notre passé devrait être source de réflexion.La logique voudrait que détruire la terre comme nous le faisons, nous fasse réfléchir.Que faire la guerre n'apporte pas la paix.

Une revendication est souvent une frustration ou une non-écoute du problème réel.Le fort qui impose sa loi au plus faible.L'histoire humaine finie par revenir dans la logique mais à quel prix.L'esclavage est abolie et l'homme de couleur est un humain à part entière.En amazonie on ne massacre plus les indigènes.Ne pouvant plus s'attaquer à l'humain sous peine de "crime contre l'humanité" ou de "génocide" l'homme s'en prend au milieu naturel.Une etchnie se bats en amazonie pour ces terres ancestrales seul moyen de survivance pour son peuple.La forêt disparait dans nos meubles, notre huile de palme, nos bijoux en or ou émeraude.

Où allons-nous? A notre perte sauf si comme moi tu penses que retrouver sa divinité est possible.

Nous sommes célestes pas le fruit d'un hasard hasardeux, mais nous pourrions le penser d'après nos agissements.

Je retourne d'où je viens, un état spirituel.

Je schématise ma pensée qui demanderait à être développer.

Les marches ratées sont volontaires.Il est plus facile de faire tourner une industrie de l'armement que de proclamer la paix, de poluer notre environnement que de promouvoir une industrie respectueuse, de vendre des médicaments que de ne pas empoisonner les gens.

Pour redenir optimiste il faudrait que les "dits grands" de ce monde redescendent un peu sur la terre.Nous sommes enchaînés les uns aux autres.L'effet "papillon".

Bises ,Lohic.