Polymédication et PVVIH

3 Juin 2018
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Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) vieillissent, ce qui conduit, à l’instar de ce qui se passe en population générale, à la prescription de nombreuses thérapeutiques non liées au VIH. Les médicaments antirétroviraux et leurs interactions avec d’autres traitements pourraient entraîner dans cette population une augmentation des effets indésirables. Ce sujet intéresse des chercheurs et chercheuses qui veulent savoir si la polymédication (l’utilisation de plusieurs médicaments concomitamment) est associée à une augmentation du risque d’hospitalisation et de décès. C’est ce qu’on constate déjà en population générale, rappelle la docteure Amandine Gagneux-Brunon dans un article publié sur le site info-VIH. On sait déjà que chez les personnes vivant avec le VIH, la polymédication est associée à une augmentation des effets indésirables. Reste un problème, il est difficile d’établir le lien de causalité entre polymédication et morbidité sans un ajustement sur la gravité des troubles des patients-es inclus dans les groupes qu’on observe. Autrement dit : si on ne tient pas compte de l’état de santé (dégradé ou pas, par rapport à telle ou telle pathologie, hors VIH), il n’est pas possible de comprendre si c’est l’usage de plusieurs médicaments (en plus de ceux prescrits contre le VIH) qui pose problème ou pas. Comme l’explique la docteure Amandine Gagneux-Brunon, une étude particulièrement intéressante s’est attachée à évaluer le lien entre polymédication, hospitalisation et décès et a comparé le risque lié à la polymédication entre personnes vivant avec le VIH et personnes non infectées. Cette étude américaine a été conduite à partir des participants-es de la Veteran aging cohort study (Vacs, cohorte des vétérans américains). Seules les personnes vivant avec le VIH dont l’infection par le VIH était parfaitement contrôlée ont été incluses (taux moyen de CD4 à 515/mm3). Près de 9 473 personnes vivant avec le VIH ont été comparées à 39 812 personnes non infectées par le VIH démographiquement comparables. La sévérité de la maladie a été mesurée grâce à un score validé pour l’ensemble des personnes participantes. Les auteurs-es ont également établi deux seuils différents pour parler de polymédication : plus de deux médicaments en dehors des antirétroviraux ou supérieur ou égal à cinq médicaments en dehors des antirétroviraux. Les personnes ont été suivies pendant six ans. Durant cette période : 58 % des personnes vivant avec le VIH ont été hospitalisées contre 55 % dans l’autre groupe. Par ailleurs : 17 % des personnes vivant avec le VIH sont décédées contre 14 % dans l’autre groupe. Dans les deux groupes, les médicaments les plus prescrits étaient : les hypolipémiants (contre les graisses dans le sang), les antihypertenseurs, les antidépresseurs, les agents hypoglycémiants (traitement du diabète) et les antalgiques (traitement de la douleur). Le nombre médian (1) de médicaments hors antirétroviraux chez les personnes vivant avec le VIH étaient de trois contre quatre chez les personnes non-infectées. Chez les personnes vivant avec le VIH comme chez les personnes non-infectées, recevoir plus de deux médicaments en plus des antirétroviraux était associé à une augmentation du risque d’hospitalisation de 68 %, et de 83 % en cas de prescriptions d’au moins cinq médicaments. Les auteurs-es ont affiné leur analyse notamment sur la sévérité de la maladie et ont démontré que le sur-risque persistait indiquant que la sévérité de la maladie n’était pas en cause, mais que c’étaient le risque d’effets indésirables et/ou d’interactions médicamenteuses qui jouaient. Chaque médicament ajouté augmente le risque de 8 % d’être hospitalisé. Le risque de décès est également majoré de 43 %. Ces résultats invitent les médecins à être très vigilants sur les traitements non antirétroviraux chez les personnes vivant avec le VIH et à réévaluer régulièrement les indications des traitements au long cours.

(1) : Cela veut dire que sur 9 473 personnes : la moitié d’entre elles avaient trois médicaments, en plus des antirétroviraux et la moitié d’entre elles moins ou plus de trois médicaments, en plus des antirétroviraux.
Source : Nonantiretroviral polypharmacy and adverse health outcomes among HIV-infected and uninfected individuals. INFO VIH 16 mai 2018 Justice AC, et al.

Commentaires

Portrait de IMIM

"les hypolipémiants (contre les graisses dans le sang), les antihypertenseurs, les antidépresseurs, les agents hypoglycémiants (traitement du diabète) et les antalgiques (traitement de la douleur)" prescrits, ne seraient pas liées au VIH ou a ces traitements...?

Je ne suis pas sure du tout que les s+ ayant une mauvaise répartition des graisses, de la tension,  des dépressions, du diabète, du cholestérol et des douleurs,  n'est aucun rapport avec le vih et ses ttt

Donc a partir de là, faut bien parer avec des polymédications...

Si le propos est de savoir si les s+ développent + de pathologies, ya rien de 9 ....