Blood for love ?

Publié par jfl-seronet le 11.09.2018
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C’est une constance, le sang de personnes vivant avec le VIH a régulièrement été utilisé pour tenter de lutter contre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH. Bien sûr, il y a une part de provocation, une volonté de choquer en proposant une mise en contact avec un liquide corporel présenté comme infecté — qu’il le soit réellement ou pas d’ailleurs — et en escomptant une réaction, voire dans le meilleur des cas, une prise de conscience.

Récemment, "Santé magazine" (20 juillet 2018) racontait l’histoire de Conor Collins, un artiste britannique, qui a réalisé un portrait de Lady Diana, notamment connue pour son engagement dans la lutte contre le sida, à l’aide de diamants et du sang de personnes séropositives. Dans une interview, l’artiste explique : "Le monde a été choqué quand Diana a tenu la main d'un patient atteint du sida. Des décennies plus tard, la stigmatisation du VIH sévit encore". En utilisant du sang de personnes vivant avec le VIH, l’artiste considère lutter contre la sérophobie. D’une part, parce qu’il transforme en art une matière organique qui peut faire peur. Il la banalise à la fois et la transcende pour en faire un objet d’admiration : une œuvre ! D’autre part, en suscitant le choc de chaque spectateur-trice avec du sang, de surcroît de personnes vivant avec le VIH, il nous confronte à nos réactions, à nos peurs, à nos jugements. L’artiste n’est d’ailleurs pas le premier à faire cela. On peut citer, entre autres, Ron Athey, artiste gay séropositif, connu pour ses performances façon Saint-Sébastien. En public, l’artiste est attaché à une croix, sanglé ou ligoté. Un partenaire fait alors pénétrer de longues aiguilles chirurgicales sur la peau de l’artiste qui saigne. Cela dure longtemps, comme un long supplice pour le performer… comme pour celles-ceux qui observent. Dans une variante de sa performance, Ron Athey, fouettait au sang son partenaire. Il imbibait des chiffons de ce sang et les faisait circuler, de main en main, dans le public… suscitant ainsi des réactions. Le partenaire était séronégatif… ce que Ron Athey se gardait bien d’expliquer. Chacun-e était renvoyé-e à ses propres connaissances, son évaluation individuelle du risque, ses peurs et leurs ressorts.

Du côté de Conor Collins, le message est moins frontal, mais demeure politique. "La honte doit s'arrêter. La stigmatisation doit cesser (…) Nous méritons tous d’être aimés. Nous méritons tous d’être traités avec dignité", explique-t-il dans son interview.

L’initiative de Conor Collins n’est pas sans rappeler celle de la revue "Vangardist", en 2015. La revue autrichienne sort au printemps 2015 un numéro spécial dont l’encre d’imprimerie, utilisée pour la couverture, a été mêlée à du sang de personnes vivant avec le VIH. "On a voulu prendre position contre la stigmatisation et la peur irrationnelle qui entourent encore malheureusement les séropos", explique alors Julian Wiehl, rédacteur en chef, dans les colonnes de "Libération" (5 mai 2015). "Celui qui prendra notre édition entre ses mains établira automatiquement un contact avec une personne porteuse du virus", prétend, dans un raccourci curieux, le journaliste. Ce numéro est tiré à 3 000 exemplaires. Il est conçu comme un hors-série consacré aux "héros du sida". Il est vendu dix euros ; les bénéfices vont à la lutte contre le sida. Le correspondant de "Libération" de l’époque, Blaise Gauquelin, raconte que les associations locales de lutte contre le sida n’ont pas été consultées sur cette initiative qui sent un peu trop le coup de pub : "Vangardist" traite habituellement de mode et de consommation. Mais changer les mentalités n’est pas simple. Pour des raisons juridiques, le magazine a dû publier des recommandations sanitaires drastiques, expliquant, entre autres que l’encre utilisée a été pasteurisée et qu’il n’y a donc aucun danger de transmission. Il semblait important de rassurer les lecteurs-trices sur le fait qu’on ne peut pas être infecté par le VIH en lisant un magazine.

Un sacré progrès en vérité !

On le voit, rien n’est jamais simple et la lutte contre la sérophobie, même lorsqu’elle emprunte le chemin de la presse ou des arts, n’est pas sans écueils !

Commentaires

Portrait de jl06

Rien de plus normal  pour moi ,l,Arts doit choqué ,faire bougé les lignes ,déranger , faire réflichir , faut faire la difference entre l,Arts décoratif et celui qui te prend les tripes ,alors de voir les artistes faire un travail avec le sang des séros ben je dit oui !

les autres (cul bénis) qu,ils se contente de suivre ...... bê bê bê...... tement .....

 

 

Illustration.

Portrait de jl06

Nouveau patron pour Sophie la girafe

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C'est Fofie la zirafe!!!

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Le Front de Libération des Girafes.

Portrait de jl06

toujours un peut de mal à suivre les fronts de libération quelle qu,ils soit ....même des Girafes !

ta forçément un loup derriere comme dirait Martine ....