Contagion au coronavirus : la distanciation sociale, une mesure insuffisante ?

Publié par mohican le 01.06.2020
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[Mis à jour le 28 mai 2020 à 15h15] Le Covid-19, comme de nombreuses infections respiratoires, se transmet au moyen de gouttelettes et d'aérosols. Pour le SARS-CoV-2, les études suggèrent que des aérosols peuvent contenir le virus à un niveau submicronique (taille inférieure au micron). A partir de ces postulats, une équipe de recherche sino-américaine a étudié l'intérêt des distanciations sociales sur la transmission du virus chinois. L'OMS recommande un éloignement de 6 pieds (1,8m) entre chaque individu et un lavage de mains régulier. Ces mesures sont fondées sur des études "menées dans les années 1930". A cette époque, les technologies étaient insuffisantes et les aérosols submicroniques ne pouvaient être détectés. De facto, ces mesures de distanciation se révèlent "insuffisantes".

 

En l'absence de "connaissances" précises, les chercheurs ont comparé la diffusion dans l'air du SARS-CoV-2 avec la fumée de cigarette. La distance nécessaire serait celle prise avec un fumeur pour ne plus être indisposé par la fumée. Les auteurs ont souligné que "pour ces raisons , il est important de porter des masques bien ajustés à l'intérieur." Ils ont conclu : "La transmission des virus par aérosol doit être reconnue comme un facteur clé conduisant à la propagation de maladies respiratoires infectieuses." Le visuel ci-dessous montre clairement que les aérosols projetés lorsque l'on parle en étant équipé d'un masque sont bien moins nombreux que sans protection.

 © V. ALTOUNIAN/SCIENCE Les objets peuvent-ils transmettre le coronavirus ?

Bien d'autres questions se posent sur la transmission du coronavirus, en particulier via les objets du quotidien. Dans le New England Journal of medecine, des chercheurs ont démontré que le Covid-19 perdurait quatre heures sur le cuivre et le métal, 24 heures sur du carton, trois jours sur du plastique, quatre jours sur le bois et l'acier, cinq jours sur du verre. De facto, les poignées de portes, les plans de travail et autres livres peuvent présenter des traces du virus. "Ces surfaces, ce sont les 'fomites' : tous les objets potentiellement porteurs de germes et qui peuvent poser des problèmes en matière d'hygiène dans la gestion du coronavirus", expliquait dernièrement à 20Minutes Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale de la santé et des maladies infectieuses à l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).

Une précédente étude, publiée dans la revue scientifique américaine JAMA, et menée par des chercheurs du Centre national des maladies infectieuses de Singapour et du DSO National Laboratories, est elle aussi abondamment citée. Effectuée sur des patients confinés dans leurs chambres, elle a montré que ceux-ci avaient, selon les symptômes, légèrement ou fortement souillé les pièces et les meubles. Dans les chambres 13 des 15 surfaces analysées étaient contaminées, dont la chaise, le lit, la fenêtre et le sol, même avec un patient présentant une simple toux. Dans la salle de bains, lavabos et cuvettes étaient fortement touchés par des "traces du virus". 

Cependant, ces conclusions sont à nuancer. D'une part, la majorité de ces études se basent sur la projection de gouttelettes d'eau, fortement chargées de virus SARS-CoV-2, sur différentes surfaces avec l'aide d'un aérosol. De fait, la charge virale est bien inférieure hors expérience en laboratoire. Selon un article publié dans le Journal of Hospital Infection "en dessous de 10 000 particules, le virus résiste moins de 5 minutes, quelle que soit la surface." D'autre part, la survie du virus n'induit pas nécessairement une contamination. La charge virale du virus "se réduit considérablement, jusqu'à 1000 fois ", a expliqué sur Twitter Angela Rasmussen, docteure en virologie au sein de l'Université de Columbia à New York.

Une transmission du coronavirus est-elle possible par les aliments et l'eau ?

En pratique, vos denrées alimentaires achetées dans le commerce peuvent être contaminées. Pourtant, contrairement à certaines informations qui ont pu circuler sur Internet, laisser ses courses 1h30 dans le coffre de sa voiture ne servirait à rien. "Nous ne savons pas d'où vient cette durée d'1h30 car si l'on observe les dernières études sur la capacité de survie du virus sur les surfaces, les chercheurs parlent plutôt de durées allant de 1 à 3 jours. Et il n'est pas envisageable de laisser ses courses en quarantaine pendant une si longue durée", a affirmé Bruno Grandbastien, médecin hygiéniste, sur LCI, qui évoque "d'autres précautions", "comme jeter les emballages en carton ou en plastique, nettoyer les produits frais avant de les consommer et se laver les mains lorsque tout est déballé."

L'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) a étudié la transmission potentielle du virus via des aliments. "La contamination d'un animal étant peu probable, la possibilité de transmission directe du virus par un aliment issu d'un animal contaminé a été exclue par les experts ", a conclu l'étude. En revanche, "une personne infectée peut contaminer les aliments en les préparant ou en les manipulant. Aussi, l'agence conseille de cuire la nourriture, a minima, pendant quatre minutes à 63°C.

Quelques inquiétudes de contaminations au Covid-19 par l'eau ont pu naître notamment à la suite d'un communiqué de la Ville de Paris indiquant qu'une "quantité infime de traces du virus" a été détectée dans son réseau d'eau non potable (arrosage, nettoyage des rues…). Mais si la mairie de la capitale s'est montrée rassurante, une étude espagnole a également rassuré les plus inquiets à ce sujet. Le CISC (Consejo Superior de Investigaciones Científicas), principal conseil de recherches du pays, a écarté la possibilité que le virus se développe dans l'eau de mer, mais également dans celle des piscine grâce à la présence de produits désinfectants comme le chlore. L'étude attire malgré tout l'attention sur le fait que la baignade dans des eaux douces naturelles comme des lacs ou rivières s'avère plus à risque.

Le coronavirus peut-il se transmettre par voie sexuelle ?

Dernièrement, des doutes ont été émis sur une possible transmission par voie sexuelle et plus précisément par le sperme. Une étude chinoise, parue début mai dans le Journal of American Medical Association, évoque cette possibilité. L'expérimentation a été réalisée sur 38 sujets Covid+. Chez 16% des patients le sperme s'est révélé positif au virus. L'équipe de recherche a admis que  "s'il pouvait être prouvé que le SRAS-CoV-2 peut être sexuellement transmissible, ça pourrait être un élément essentiel dans la prévention du virus." Les chercheurs ont estimé que "l'abstinence ou l'utilisation du préservatif peuvent être des moyens préventifs" pour les patients positifs. Les auteurs ont recommandé la tenue d'autres études cliniques.

Quelle contagion entre les enfants ?

Une étude sur la question, qui a fait l'objet de beaucoup d'interrogations, a été rendu public mardi 13 mai sur l'antenne de BFM TV par Robert Cohen, pédiatre et infectiologue à l'hôpital de Créteil (Val-de-Marne). Selon ce dernier, qui a fait partie de l'équipe de pédiatres qui a mené l'étude, le risque de la maladie chez l'enfant est "extrêmement faible, on peut dire mille fois inférieur à celui chez l'adulte". "Les enfants sont peu porteurs, peu transmetteurs, et quand ils sont contaminés c'est presque toujours des adultes de la famille qui les ont contaminés", a-t-il également expliqué. Des propos rassurants donc, surtout si l'on ajoute que même entre eux, les enfants sont très peu contagieux, selon Robert Cohen, qui écarte la relance du virus causée par la réouverture des écoles. "Les enfants à l'extérieur de l'école sont probablement plus en danger qu'à l'intérieur de l'école", a-t-il tranché.

La distanciation sociale est-elle une mesure efficace ? 

Depuis le début de l'épidémie, le Gouvernement prône le maintien d'une distance sociale d'un mètre. Or selon une étude réalisée dans la province chinoise du Wuhan, berceau de la pandémie, et publiée vendredi 11 avril 2020 par les Centres américains de prévention et de contrôle des malades (CDC), le virus pourrait voyager jusqu'à quatre mètres d'un malade. Les chercheurs chinois qui ont mené l'étude ont travaillé sur 15 patients touchés par le Covid-19 d'un service de réanimation de l'hôpital de campagne Huoshenshan de Wuhan et 24 autres moins gravement atteints dans un service de soins généraux de l'hôpital préfabriqué qui a fait le tour des médias dans le monde. Entre le 19 février et le 2 mars, ils ont effectué des prélèvements sur les masques des patients, les lits, les sols, les équipements de protection des soignants, y compris les équipements informatiques, les poubelles, les bouches d'aération. ils ont aussi effectué plusieurs captation de l'air ambiant dans les chambres.

L'équipe de recherche a conclu que "le SARS-CoV-2 (covid-19) était largement distribué dans l'air et sur la surface d'objets dans les services de réanimation et de soins généraux, ce qui implique un risque potentiellement élevé de contamination pour les personnels soignants et les autres contacts proches". Les chercheurs ont identifié que "la distance maximale de transmission d'un aérosol de SARS-CoV-2 pourrait être de quatre mètres".  

Combien de temps un malade est-il contagieux ? 

Une étude de modélisation réalisée en Chine — publiée mercredi 15 avril 2020 dans la revue Nature Medicine  — a conclu que l'infectiosité commence 2-3 jours avant les premiers symptômes du Covid-19. Le pic de contagiosité est 0,7 jour avant les premières manifestations du virus. De plus, 44% des cas secondaires sont infectés pendant la période pré-symptomatique.

Le Pr Antoine Flahault, Université de Genève, a assuré que plus les prodromes sont sévères plus le malade est contagieux. Dans les faits, les individus qui présentent peu ou pas de manifestations sont contagieux pendant 14 jours, ceux avec des symptômes modérés trois semaines et pour les plus gravement atteints 25 jours. 

 

Récemment, des chercheurs français ont admis — dans les Presses universitaires d'Oxford — que la "dynamique de transmission [du coronavirus est] potentiellement différente chez les enfants ". Or, selon une étude allemande, portée par le Pr Christian Drosten, "les enfants peuvent être aussi contagieux que les adultes." L'équipe de recherche a examiné les prélèvement de 3 712 patients. Les chercheurs ont ensuite analysé "la relation entre l'âge du patient et la charge virale SARS-CoV-2." Ils ont constaté que ces "données indiquent que les charges virales chez les très jeunes ne diffèrent pas significativement de celles des adultes." Toutefois, le compte-rendu a souligné : "il est évident que les enfants sont sous-représentés dans les études cliniques et moins fréquemment diagnostiqués en raison de symptômes légers ou absents."

Faut-il désinfecter la maison et les objets ?

Afin de pallier de possibles contagions, il faut respecter les gestes barrières et les règles d'hygiène traditionnelles. Du côté du Gouvernement français, on conseille également de désinfecter les surfaces. "En plus du nettoyage régulier, les surfaces qui sont fréquemment touchées avec les mains doivent être nettoyées et désinfectées deux fois par jour, notamment lorsqu'elles sont visiblement souillées. Il s'agit par exemple des poignées de porte, des boutons d'ascenseur, des interrupteurs d'éclairage, des poignées de toilettes, des comptoirs, des mains courantes, des surfaces d'écran tactile et des claviers", est-il précisé sur le site dédié au coronavirus. Les objets digitaux et en particulier les smartphones sont particulièrement visés. Apple a d'ores et déjà conseillé de les nettoyer avec des désinfectants ou des lingettes à 70% d'alcool isopropylique. 

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique également que "si vous pensez qu'une surface peut être infectée, nettoyez-la avec un désinfectant ordinaire pour tuer le virus". Le dosage de solvant recommandé est de quatre cuillères à café pour un litre d'eau. Il est conseillé de laver les draps et vêtements souillés à 60°C. Dans une page consacrée à la lutte contre les idées reçues sur le Covid-19, l'OMS indique par ailleurs que les "désinfectants à base d'eau de Javel ou de chlore, de solvants, d'éthanol à 75%, d'acide peracétique et de chloroforme" sont efficaces contre le virus. 

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Le médecin de Silvio Berlusconi a déclaré à la télévision itlaienne que le nouveau coronavirus avait disparu d'Italie.

© Fournis par Franceinfo

Rien ne permet d'affirmer que le nouveau coronavirus soit devenu moins pathogène, a prévenu un cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), lundi 1er juin après les propos d'un célèbre médecin italien affirmant que le virus perdait de sa virulence.

 

"Nous devons être exceptionnellement attentifs à ne pas donner le sentiment que tout à coup le virus, par sa propre volonté, a décidé de devenir moins pathogène. Ce n'est pas du tout le cas", a déclaré Michael Ryan, chef du programme d'intervention d'urgence à l'OMS, lors d'une conférence de presse virtuelle. Le nouveau coronavirus "reste un virus tueur" et "des milliers de personnes continuent de mourir chaque jour", a-t-il souligné.

"En apparence, le virus semble plus faible"

Dimanche, Alberto Zangrillo, le directeur de l'hôpital San Raffaele de Milan, surtout connu en Italie comme le médecin de Silvio Berlusconi, puisqu'il suit la santé de l'ancien chef du gouvernement italien, a fait une déclaration fracassante à la Rai, la télévision publique italienne. "En réalité, le virus n'existe plus cliniquement en Italie", a-t-il affirmé. "Les prélèvements effectués au cours des dix derniers jours ont montré une charge virale absolument infinitésimale en termes quantitatifs par rapport à ceux effectués il y a un mois ou deux mois", a-t-il déclaré.

Pour l'OMS, ces constatations pourraient s'expliquer par une moindre exposition au virus. "Nous ne savons pas si c'est le cas pour le Covid-19, mais il est possible que ce ne soit pas le virus lui-même qui devienne moins virulent, mais que nous, en tant que communité, parvenons à réduire le nombre, l'intensité et la fréquence des expositions au virus", a avancé Michael Ryan. "En apparence, le virus semble plus faible mais il pourrait être plus faible parce que nous nous améliorons [dans sa connaissance et sa gestion], pas parce qu'il faiblit. J'espère que le virus faiblit, nous l'espérons tous, mais nous ne pouvons pas à ce stade en faire le pari", a-t-il ajouté.

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L'OMS s'inquiète de la propagation rapide du Covid-19 dans le monde. Au Brésil la barre des 50 000 morts est en passe d'être franchie. Le Maroc fait état d'une hausse record du nombre de contaminations et en Europe, l'Ukraine durcit son confinement dans une partie du pays, très exposée au virus.

 

Le Brésil a franchi, vendredi 19 juin, la barre du million de cas de contaminations au Covid-19, signe d'une épidémie qui progresse toujours dans un monde que le déconfinement rend "dangereux", selon l'OMS.

Avant le Brésil, seuls les États-Unis avaient passé ce seuil symbolique du million de cas. Le géant latino-américain va aussi probablement franchir la barre des 50 000 morts après avoir atteint 48 954 décès vendredi. Il devient ainsi le deuxième pays où le coronavirus tue le plus dans le monde.

Depuis le début de juin, le Brésil, nouvel épicentre mondial de la pandémie, a enregistré plus de nouvelles contaminations (518 000) et de décès (19 000) qu'aucun autre pays au monde, selon une compilation de l'AFP. 

Le Mexique ralenti son déconfinement

Si le virus ralentit sa progression en Europe, où le déconfinement se poursuit, il continue en revanche à s'étendre inexorablement en Amérique latine.

Le bilan de l'épidémie au Mexique a dépassé vendredi le seuil des 20 000 morts, a annoncé le gouvernement, qui a également fait état de plus de 5 000 nouveaux cas de contamination en une seule journée. Les autorités de Mexico ont du coup retardé d'une semaine la reprise dans la capitale d'activités économiques, initialement prévue lundi, pour tenter de réduire le nombre de contaminations et faire baisser les hospitalisations. 

La Colombie a enregistré de son côté le chiffre record de 95 morts en une seule journée vendredi, franchissant du coup la barre des 2 000 décès depuis le début de l'épidémie.

Record de contaminations au Maroc

Celle-ci est encore loin de reculer ailleurs dans le monde. Le Maroc a fait état d'une hausse record du nombre de contaminations avec 539 nouveaux cas, soit le bilan quotidien le plus élevé dans le royaume depuis l'annonce du premier malade en mars. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement marocain d'annoncer vendredi un nouvel assouplissement des restrictions en vigueur depuis la mi-mars.

C'est bien ce qui inquiète l'Organisation mondiale de la santé. Le monde est entré dans "une phase dangereuse", a mis en garde vendredi l'OMS.

"Le virus continue de se propager rapidement, il reste mortel et la plupart des personnes restent exposées", a averti le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, précisant que ses services avaient recensé jeudi plus de 150 000 nouveaux cas, un record sur une seule journée depuis le début de l'épidémie.

Signaux d'alerte en Italie, propagation en Ukraine

Le chiffre de 456 000 morts (et plus de 8,5 millions de cas) a été atteint vendredi, selon des statistiques officielles collectées par l'AFP, mais que les experts estiment largement sous-estimées. 

Tedros Adhanom Ghebreyesus a admis que "beaucoup de gens sont évidemment fatigués de rester chez eux. Les pays sont désireux de rouvrir leur société et leur économie", mais la fin des mesures de confinement ou de restriction à la mobilité fait "entrer le monde dans une phase nouvelle et dangereuse", a-t-il prévenu. 

L'Europe, en plein déconfinement, est particulièrement concernée. Les autorités sanitaires italiennes ont d'ailleurs appelé vendredi à la "prudence" après avoir observé la semaine dernière des "signaux d'alerte liés à la transmission" du Covid-19, notamment à Rome, indiquant que "la circulation du virus est encore importante".

De l'autre côté des Alpes, le gouvernement français a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi la réouverture lundi des cinémas et casinos, ajoutant que les stades accueilleront à nouveau le public à partir du 11 juillet sans toutefois dépasser les 5000 spectateurs maximum.

C'est loin en revanche d'être le cas en Ukraine, où un confinement plus strict devra être imposé dans une partie du pays, la propagation du coronavirus s'accélérant depuis la levée le 11 mai de nombreuses restrictions.

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« Il a fallu plus de trois mois pour que le premier million de cas soit signalé, le dernier million de cas a été signalé en seulement huit jours ». L'OMS martèle son message de prudence face à la contagion du Sras-Cov-2. La pandémie « continue de s'accélérer » dans le monde, a prévenu lundi le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La mise en garde du chef de l'OMS intervient alors que de nombreux pays sont entrés dans une phase de déconfinement pour relancer leurs économies. La semaine dernière, le chef de l'OMS avait qualifié cette nouvelle phase de « dangereuse », estimant que, malgré le besoin de sortir du confinement, le virus continuait « de se propager rapidement » et restait « mortel ».

 

Les pays sud-américains très surveillés

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 465 300 morts dans le monde depuis que la Chine a fait officiellement état de l'apparition en décembre de la maladie, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles dimanche.

 

L'Amérique latine vient d'entrer dans l'hiver, dont il semble que les basses températures soient propices à la propagation du virus. C'est là que se situe désormais l'épicentre de la maladie. Le nouveau coronavirus a contaminé plus d'un million de personnes au Brésil, et tué 50 000 personnes. On déplore également plus de 20 000 morts au Mexique, plus 8 000 au Pérou et plus de 1000 en Argentine.

Illustration de cette crainte : la citadelle inca du Machu Picchu, principal site touristique au Pérou, n'ouvrira pas le 1er juillet comme le gouvernement l'avait annoncé. Les guides du Machu Picchu avaient indiqué leur intention d'entamer lundi des manifestations contre la réouverture, craignant la contagion dans une région où peu de cas sont pour l'instant signalés.

Les nouvelles mesures de confinement prises en Chine et en Inde font également craindre un rebond de l'épidémie. Même si les spécialistes y voient davantage un « effet de loupe » lié à la multiplication des tests.

Penser l'après

« Nous savons que la pandémie est bien plus qu'une crise sanitaire, c'est une crise économique, sociale et, dans de nombreux pays, politique, a ajouté le patron de l'OMS ce lundi. Ses effets se feront sentir sur des décennies ». Le chef de l'OMS a également appelé les gouvernements et les sociétés à se préparer à d'éventuelles futures pandémies qui pourraient survenir « dans n'importe quel pays à n'importe quel moment et tuer des millions de personnes parce que nous ne sommes pas préparés ».

« Nous ne savons pas où ni quand la prochaine pandémie se produira, mais nous savons qu'elle aura un impact terrible sur la vie et l'économie mondiales », a averti Tedros Adhanom Ghebreyesus.

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Se moquer de ceux qui respectent encore les mesures barrières.....

 

Pendant ce temps, dans la vraie vie, le coronavirus s’installe, diffuse. On trouve de plus en plus de clusters (parce qu’on les recherche, certes), le R (taux de reproduction du virus) repasse au-dessus de 1 dans plusieurs régions de France dont l’Occitanie et la Normandie, ce qui signifie qu’un malade infecte plus d’une autre personne, permettant à l’épidémie de progresser. Et, à l’échelle mondiale, elle explose. Aux Etats-Unis, les Etats qui n’ont pas confiné ou qui ont déconfiné brutalement voient leurs services de réanimation dépassés. En Amérique du Sud, le déni de Bolsonaro assassine son peuple.

En France, nous n’en sommes pas là, et je n’ai aucune envie de jouer les Cassandre, ou de faire peur pour le plaisir. Mais l’espoir de voir le virus disparaître de notre territoire s’est estompé. Il va traverser la période estivale, et pourra ressurgir à l’automne. Pour l’instant, les contaminations qui se produisent ne semblent pas entraîner de cas graves. Le port de masques, même s’il est décrié et abandonné par beaucoup, reste pratiqué dans les transports en commun, et dans certains commerces. La nécessité d’aérer largement, d’éviter les espaces confinés, l’admission très tardive par les pouvoirs publics de l’existence d’une contamination par aérosol, a probablement joué aussi. Il est probable que ces mesures de protection, même si elles ne sont pas pratiquées de manière optimale, contribuent à éviter les contaminations massives avec d’importantes charges virales, susceptibles de submerger le système immunitaire des malades.

A ce stade, je donnerais quelques conseils, qu’écouteront ceux qui veulent. De la même manière qu’avec d’autres médecins, j’avais conseillé de coudre des masques dès le mois de mars, je vous propose cette mini to-do list :

Achetez des masques. Ce n’est pas parce que vous trouvez facilement une boîte de 50 masques aujourd’hui que cela sera le cas dans trois mois. Nous connaissons le coût de l’impéritie et de l’aveuglement de nos gouvernements. Ne reproduisons pas leurs erreurs.

Ne jetez pas vos masques chirurgicaux. Ne les jetez pas n’importe où parce que c’est dégueulasse. Ne les jetez pas parce qu’ils sont, au moins un certain temps, réutilisables. Un masque chirurgical perd ses capacités de filtration au bout de quelques heures, du fait de l’humidité de la respiration. Il est efficace quatre heures maximum, moins si vous parlez beaucoup. Sa structure s’altère à l’humidité, il devient poreux et protège moins bien contre le Sars-CoV-2. Mais vous pouvez le détacher en ne touchant que les élastiques, et le laisser pendre en hauteur avec une pince à linge, dans une pièce peu humide, bien ventilée. Le salon, par exemple, plutôt que la cuisine ou la salle de bains. Au bout de quelques jours, le masque en séchant aura retrouvé ses caractéristiques, et le virus, s’il est présent sur sa face externe, sera inactivé. Il est possible, avec un jeu de quelques masques accrochés l’un à côté de l’autre avec un minimum de soin, de les réutiliser au bout de quelques jours, un certain temps (pour des raisons d’hygiène à moyen terme, et d’odeurs).

Achetez un oxymètre. Pendant plusieurs mois, ce petit appareil dans lequel on glisse le doigt, et qui permet de mesurer la quantité d’oxygène circulant dans le sang artériel, a disparu des pharmacies et des plateformes de vente en ligne tant la demande était forte. Peu onéreux, utilisable par le médecin ou par une personne un peu expérimentée, il permet de savoir si une personne fragile s’aggrave au niveau respiratoire, ou pas. Et donc de fournir au téléphone une indication extrêmement utile si on appelle un régulateur du Samu, un médecin de ville… Un oxymètre de pouls coûte une vingtaine d’euros. Attention cependant à ne pas utiliser cet appareil sans quelques notions de base : par exemple, une personne dont les poumons sont atteints par le Covid peut maintenir sa saturation en oxygène élevée pendant un bon moment en accélérant son rythme respiratoire, au prix d’un épuisement, et décompenser brutalement, donc la saturation en oxygène n’est qu’un des éléments à prendre en compte si la personne semble respirer plus mal.

Achetez un thermomètre. Un instrument extrêmement utile, autrefois fréquemment retrouvé à domicile, mais étrangement de plus en plus rare, s’appelle un «thermomètre». Oui, je sais, je suis une brute en blanc

Aérez, aérez, aérez. Lorsqu’on tousse, lorsqu’on éternue, mais aussi lorsqu’on parle, lorsqu’on chante, on peut aérosoliser un nuage de particules virales. Aux Etats-Unis, début mars, les soixante membres d’une chorale qui avaient respecté les distances de sécurité mais avaient répété tous ensemble pendant deux heures et demie dans une salle fermée en ont été victimes. L’un des leurs, patient asymptomatique, a infecté 45 personnes, dont deux sont mortes. On considère ainsi que 90% des contaminations se produisent de manière aéroportée dans des lieux clos et mal ventilés.

Portez des masques quand c’est nécessaire. Exercez votre droit de retrait si votre entreprise ne prend pas les mesures nécessaires. Portez des masques dans les magasins, dans les transports en commun, dans les endroits où vous ne pouvez respecter les mesures de sécurité parce qu’il y a trop de monde. Certes, vous n’aurez pas l’air aussi cool et rebelle que Bernard-Henri Lévy. Je vous souhaite d’y survivre.

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le gouvernement demande désormais une distanciation physique de deux mètres

22/01/2021

Pour limiter la transmission des variants du coronavirus plus contagieux, de nouvelles recommandations concernant le port du masque et la distanciation sociale doivent être publiées ce vendredi.

La situation épidémique inquiète. Jeudi 21 janvier, le ministre de la santé Olivier Véran n'a pas exclu sur TF1 un nouveau confinement si la situation se dégradait encore. À ce jour, la France enregistre quelque 300 décès par jour, c'est bien moins que nos voisins anglais qui enregistraient le 20 janvier 1820 décès, c'est-à-dire plus que les 1224 morts du 21 avril, son pic enregistré au printemps. 

Pour limiter la transmission des variants du virus plus contagieux, le ministre a d’ores et déjà prévenu que les masques artisanaux ne suffisaient plus à assurer la protection collective, et que la distance physique demandée entre les Français serait rallongée. Le Haut conseil de la santé publique (le HCSP) doit notamment publier vendredi de nouvelles recommandations visant notamment à redéfinir les cas contact.

Les cas contacts sont les personnes qui ont été en contact de personnes malade ou présentant des symptômes (cas probables). Jusqu'à maintenant, il fallait avoir eu «un contact direct avec un cas, en face-à-face, à moins d'1 mètre, quelle que soit la durée», pour être considéré comme cas contact. À partir de ce vendredi, cette distance s'établit à 2 mètres.

Fin des masques artisanaux

Afin d'entraver la circulation du virus, les masques artisanaux ne seront désormais plus considérés comme suffisants. «Le HCSP recommande aux Français, et c'est la recommandation que je leur fais également, de ne plus utiliser le masque artisanal qu'on a fabriqué chez soi», déclarait Olivier Véran, jeudi soir sur TF1, confirmant l'avis que le HCSP avait émis en début de semaine.

Un nouveau décret devrait être promulgué ce vendredi où figureront les recommandations du HCSP. Désormais, seuls trois types de masques devront donc en principe être portés dans l'espace public, même s'il sera difficile de s'assurer en pratique du respect de cette consigne: les masques chirurgicaux (issus du monde médical, avec une face bleue et une face blanche), les FFP2 (les plus protecteurs) et les masques en tissu industriels dits «de catégorie 1». Selon les normes élaborées par l'Afnor, les masques de catégorie 1 filtrent 90% des particules, tandis que ceux de catégorie 2 n'en bloquent que 70%.

70% c'est mieux que pas de masque comme le préconisait ce même gouvernement il y a 10 mois.......