Covid-19 : un isolement plus strict ?

29 Novembre 2020
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Il faut isoler davantage et de façon mieux organisée les personnes dépistées positives à la Covid-19 et leurs cas-contacts pour éviter un nouveau confinement à l'avenir, demandent plusieurs associations et des professionnels-les de santé, qui interpellent (24 novembre) le gouvernement à ce sujet. « Tous ensemble, évitons un nouveau confinement ! », lance donc aujourd’hui France Assos Santé ; un collectif qui fédère 85 associations d'usagers-ères de la santé, dans une tribune publiée en ligne par le journal Le Parisien. « Mieux vaut une restriction stricte individuelle des déplacements et des contacts, assortie d'une bonne protection de quelques jours, dans un cadre sécurisé, adapté et accepté, qu'un nouveau confinement généralisé et long de toute une population face à des risques collectifs élevés », avancent les signataires en interpellant le Conseil de défense, l'instance gouvernementale qui prend les décisions pour lutter contre l'épidémie. Cet appel est notamment soutenu par le professeur Axel Kahn, le président de la Ligue contre le cancer, et le professeur William Dab, ancien Directeur général de la santé. Les signataires réclament quatre mesures en particulier. D'abord, le « développement des tests de dépistage antigéniques ». Deuxièmement, « la mise en place d'une restriction complète de déplacement et de visite » pour les personnes positives et leurs cas-contacts, « sous contrôle et réduite au temps de la contagiosité (de 7 à 15 jours maximum selon les cas), avec isolement en conditions adaptées ». Troisièmement, « l'accompagnement et le soutien des sujets testés positifs » : « maintien des ressources matérielles (salaires ou rémunérations), obligation de fournir un lieu de résidence confortable, un lien permanent avec un accompagnateur », etc. Enfin, un déploiement plus large de l'application Tousanticovid. « La compréhension, la lisibilité et l'appropriation des mesures actuelles restent particulièrement faibles », concluent les signataires, selon qui « un important effort d'information et de pédagogie est indispensable ».

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Covid-19: pourquoi développe t-on des formes graves du virus?Age, sexe, groupe sanguin ou facteurs génétiques: plusieurs pistes sont à l'étude pour expliquer les formes accrues de la maladie. Sur cette base, plusieurs équipes de chercheurs tentent de créer des algorithmes de prédiction de cas graves. PIOLA666 VIA GETTY IMAGESSelon une équipe franco-américaine, 15% des formes graves seraient liées à une anomalie génétique ou immunitaire. 

COVID-19 - Demain, pourrez-vous savoir grâce à une simple prise de sang si vous êtes susceptible de développer une forme grave de coronavirus ou un simple rhume? C’est en tout cas l’objectif de scientifiquesdes hôpitaux de la Rochelle (Charente-Maritime) et de la start-up Numa Health, qui ont annoncé ce mardi 24 novembre avoir testé unalgorithme prédictif. Objectif: évaluer le risque pour chaquepersonne infectéepar le coronavirus de développerdes complications.

Pour le réaliser, les scientifiques ont identifié plusieurs marqueurs biologiques qui sont liés à des complications et se sont demandé pourquoi certaines personnes développent des formes graves, et d’autres non. Ils se sont notamment appuyés sur les recherches menées jusqu’ici à ce sujet, qui intrigue la communauté scientifique depuisla première vague de coronavirus

En avril, le Haut conseil de santé publique avait déjà établi une liste de personnes considérées à risque de développer une forme grave: les personnes âgées de 65 ans ou plus, les personnes ayant des antécédents cardiovasculaires, les diabétiques, celles ayant une pathologie respiratoire chronique... Certains facteurs sont donc bien connus de la communauté scientifique mais d’autres sont moins visibles, comme les causes génétiques ou immunitaire, mises en avant plus récemment par des chercheurs. Des nouvelles pistes qui restent néanmoins des hypothèses pouvant expliquer les cas graves, et non des certitudes. 

15% des formes graves liées à une anomalie génétique 

En octobre, une équipe franco-américaine de l’Institut Imagine à Paris et de l’université Rockefeller à New York a notamment identifié des facteurs génétiques prédisposant à des formes graves.Publiés dans la revue Science en septembre, leur étude menée sur plus de 1000 patients a conclu que 15% des formes graves au coronavirus s’expliquaient par des anomalies génétiques et immunitaires. Certains patients porteurs de mutations génétiques n’arrivaient pas à activer de façon efficace un certain type de protéines appelées “interférons” d’après les scientifiques. Ces molécules sont pourtant indispensables pour enclencher la réaction de défense de l’organisme en cas d’attaque par un virus. Chez les patients qui produisent peu ou pas d’interférons, le virus va se répliquer et infecter d’autres cellules. 

 

Mais les mutations génétiques ne constituent pas le seul facteur menant à un taux faible d’interférons. Autre cause, la présence d’anticorps qui luttent eux-même contre les interférons. “Certains collègues procèdent à des éliminations de ces anticorps pour faire circuler les interférons”, souligne au HuffPost le professeur Guy Gorochov, chef du service d’immunologie à la Pitié Salpêtrière. Il exhorte les médecins à multiplier les dépistages pour mesurer le taux d’interférons chez leurs patients. “C’est un test assez facile à faire donc ça en vaut la peine. Il suffit de faire une prise de sang banale”, a-t-il poursuivi. Mais attention, avertit Guy Gorochov, “il y a corrélation et non causalité, c’est à dire qu’on sait que les deux sont liés mais on ne sait pas si une variable agit sur l’autre”. 

Ce n’est pourtant pas la première fois que des chercheurs identifient des facteurs génétiques qui prédisposent à des formes sévères de coronavirus. En juin 2020, une étude menée sur 1980 patients d’Italie et d’Espagne publiée dans la revue américaineNew England Journal of Médecine a rapproché les risques de complications au Covid-19 au chromosome 9, qui détermine le groupe sanguin. Selon eux, les personnes au groupe sanguin de type A présentent une forme plus grave de la maladie que celles de type O, AB ou ou B.

L'objectif est de trouver des combinaisons pour sauver des gensGuy Gorochov, chef du service d’immunologie à la Pitié Salpétrière

La piste du groupe sanguin a également été explorée par des chercheurs danois qui ont analysé les dossiers médicaux de 470 000 patients. Dans leur étude publiée le 14 octobre dans la revue Blood Advances, ils avancent que les personnes de groupe sanguin O seraient mieux protégées du coronavirus que celles des groupes A, B, ou AB, alors que les O représentent 42% de la population de ce pays. Mais si plusieurs études suggèrent que le groupe A présenterait un risque accru de contracter une forme plus grave de la maladie, il est encore trop tôt pour affirmer de manière certaine que les individus de groupe O sont moins à risque d’être infectés par le coronavirus et de développer une forme sévère de la maladie. 

“La communauté scientifique internationale continue de chercher et de découvrir des marqueurs biologiques et génétiques pouvant expliquer les formes graves de la maladie, relève Guy Gorochov. Sur ces bases-là, des chercheurs mettent au point des algorithmes de prédiction et des combinaisons de ce qui peut donner une forme accrue de la maladie pour sauver des gens”, soutient Guy Gorochov.

Un outil fondé sur l’intelligence artificielle 

À l’instar des hôpitaux de la Rochelle et de la start-up Numa Health, qui réalisent des prises de sang pour définir “le terrain” du patient, pointe au HuffPost David Chalvet, directeur médical de Numa Health. “Nous observons les plaquettes sanguines, c’est-à-dire les petites cellules sans noyau circulant dans le sang, les globules rouge ou blanc, le taux d’inflammation du sang, l’oxygénation, le sexe, l’âge...Nous évaluons la réactivité de l’organisme au virus”, poursuit-il. À terme, l’objectif est de développer une application qui calculerait un score de prédiction à chaque patient. Si l’étude clinique n’en est qu’à sa première phase, d’autres tests seront menés, et l’application pourrait être disponible dès 2021. 

D’autres initiatives de ce type voient progressivement le jour. Deux professeurs de l’Université de New York ont mis au point un algorithme fondé sur l’intelligence artificielle pour prédire les cas graves. “Nous avons notamment constaté qu’un excès de globules rouges pouvait mener à des formes plus sévères de la maladie”, nous a expliqué le médecin Anasse Bari de l’Université de New-York qui a conçu l’algorithme. L’outil devrait être disponible d’ici l’année prochaine pour guider les médecins lors de la prise en charge des patients.