Covid-19 et VIH : des réponses claires

Publié par jfl-seronet le 10.02.2021
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ThérapeutiqueCovid-19pvvih

Enfin ! Après des mois d’informations contradictoires (souvent dues à un manque de données consolidées), deux sociétés savantes se sont réunies pour proposer des réponses claires sur l’impact de la Covid-19 sur les personnes vivant avec le VIH. Le 2 février, la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) ont rendu public un document qui regroupe les quinze questions les plus fréquentes à propos de « Covid-19 et VIH », avec des réponses claires et concises.

Pas de sur-risque d’infection

Première réponse et pas des moindres à une question présente dans de nombreuses têtes : non, les personnes vivant avec le VIH ne sont pas plus à risque d’être infectées par le Sars-CoV-2 (virus responsable de la Covid-19) que la population générale. « La transmission de la Covid-19 se fait par les gouttelettes de salive. Ce mode de transmission n’est pas lié aux autres maladies que pourraient avoir une personne. Par ailleurs, il n’a pas été mis en évidence de sur-risque d’attraper le Sars-CoV-2 quand on vit avec le VIH dans les différentes études menées et publiées. L’infection par le VIH ne change rien au risque de se contaminer par le Sars-CoV-2 », expliquent la SFLS et la SPILF. Par ailleurs, durant les premiers mois de l’épidémie de Covid-19, plusieurs antirétroviraux (ARV) utilisés pour traiter le VIH ont été testés sur les malades de la Covid-19 et certaines personnes se sont posé la question d’un éventuel effet protecteur des antirétroviraux par rapport à la Covid-19, mais pour la SFLS et la SPILF la réponse est non ! « La question de savoir si l'utilisation de certains ARV peut protéger contre une infection par le Sars-CoV-2 a fait l'objet de discussions et de recherches. En l’état actuel des connaissances, aucun traitement antirétroviral pour traiter ou prévenir le VIH n’a démontré une efficacité dans la protection vis-à-vis de l’acquisition du Sars-CoV-2 ou dans le traitement de l’infection », assurent les experts-es de ces deux sociétés savantes.

Quid des formes graves de Covid-19 ?

Pour la SFLS et la SPILF, les données actuelles indiquent que « l’infection par le VIH - en tant que telle - ne fait pas partie, à ce jour, de la liste des terrains à risque » d’une forme grave de la Covid-19. Cependant, certains facteurs de risque spécifiques peuvent entrainer une forme grave : un taux de CD4 < 200/mm3 et/ou une charge virale VIH détectable, l’âge (65 ans et plus), le genre (les personnes de sexe masculin sont plus touchées d’après certaines études) et les pathologies suivantes : obésité, BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) et insuffisance respiratoire chronique, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque, diabète de types 1 et 2, insuffisance rénale chronique, cancers récents de moins de trois ans, transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, et trisomie 21. La SFLS et la SPILF précisent qu’en France, la moitié des personnes vivant avec le VIH ont plus de 50 ans et sont donc susceptibles d’être atteintes par une ou plusieurs de ces pathologies à risque de forme grave de Covid-19.

Vaccins sans danger

En accord avec les récentes recommandations de l’Onusida et de la European Aids Clinical Society (EACS), la SFLS et la SPILF confirment à leur tour que les vaccins utilisés en France contre la Covid-19 sont sans danger pour les personnes vivant avec le VIH. « Le VIH dispose d’outils (enzymes) qui lui permettent de transformer sa séquence génique (qui est sous forme ARN) en ADN (grâce à l’enzyme transcriptase inverse) et de l’intégrer au génome humain (grâce à l’enzyme intégrase). Cependant, il n’est pas possible au VIH d’utiliser ces « outils » pour faire la même chose avec un autre ARN viral, comme celui du Sars-CoV-2. Les vaccins à ARNm (ANR messager) contre le Sars-CoV-2 sont sûrs pour les personnes vivant avec le VIH », indiquent les sociétés savantes.

En ce qui concerne l’efficacité des vaccins en cas de CD4 bas, la SFLS et la SPILF se veulent rassurantes : « Les essais cliniques menés pour valider les deux vaccins disponibles (vaccins à ARN messager de Pfizer-BioNTech et de Moderna) n’ont inclus qu’un faible nombre de personnes vivant avec le VIH (196 et 179 respectivement, pour plusieurs dizaines de milliers de participants-es). Bien que ce nombre soit trop petit pour tirer des conclusions, il n’y a cependant pas de raison de penser que les vaccins soient moins efficaces chez les personnes vivant avec le VIH avec un taux de CD4 normal. Pour celles qui sont plus immunodéprimées, il est possible que la réponse immunitaire soit moins bonne, comme pour tous les vaccins. Cependant, la forte immunogénicité (capacité à déclencher une réponse immunitaire) des vaccins ARNm permettra probablement de générer une bonne réponse immunitaire, même chez ces personnes immunodéprimées ».

Concernant les effets indésirables, là aussi les sociétés savantes rassurent : « Il n’y a pas de raison de penser que l’infection à VIH stable sous traitement favorise la survenue d’effets indésirables ».

Quelle priorité vaccinale ?

Comme expliqué précédemment, les personnes vivant avec le VIH sous traitement avec une infection contrôlée (charge virale indétectable, CD4 renforcés, souvent normalisés) ne constitue pas un risque accru d’infection ou de forme grave de la Covid-19 et par conséquent, elles ne font pas partie des personnes prioritaires pour se faire vacciner. Les personnes qui vivent avec le VIH et qui ont des facteurs de risque classiques (âge, surpoids, diabète, hypertension, maladie rénale sévère rénale, greffe d’organe, cancer en cours de traitement, etc.) sont prioritaires, mais sur la base des facteurs de risque en question et non sur l’infection à VIH en elle-même. Enfin les personnes immunodéprimées feront partie des futures personnes prioritaires pour la vaccination dès que la vaccination chez les premières populations cibles sera bien lancée (personnes âgées, professionnels de santé de plus de 50 ans, facteurs de risques identifiés, etc.). D’après la SFLS et la SPILF, « les personnes vivant avec le VIH avec un taux de CD4 bas devraient donc pouvoir être adressées vers un centre de vaccination avec une ordonnance de leur médecin traitant ou spécialiste ».

Autres vaccins recommandés

En conclusion de ce document très utile, la SFLS et la SPILF en profitent pour rappeler que « la vaccination est un outil qui permet de protéger contre de nombreuses maladies infectieuses, dont certaines peuvent être plus fréquentes ou plus sévères chez les personnes vivant avec le VIH ». Les sociétés savantes listent  les différents vaccins recommandés en fonction des situations et de l’âge.

Vaccins concernant toutes les personnes vivant avec le VIH : vaccin contre le pneumocoque (une injection avec un premier vaccin, et un rappel deux mois plus tard avec un vaccin complémentaire) ; vaccin contre la grippe (une injection annuelle) ; vaccin contre l’hépatite B, en l’absence d’antécédent d’infection (un programme comportant une double injection quatre fois, sur une période de six mois) ; vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (rappel tous les dix ans).

Vaccins concernant certaines personnes vivant avec le VIH :  vaccin contre la rougeole-Oreillons-rubéole (ROR), chez toutes les personnes vivant avec le VIH nées après 1980 avec un taux de CD4 > 200/mm3 ; vaccin contre l’hépatite A, en fonction de prises de risque ou des voyages (deux injections à 6 mois d’intervalle) ; vaccin contre le méningocoque C, chez les adultes de moins de 24 ans (une injection) ; vaccin contre les papillomavirus humains, indications en fonction de l’âge (trois injections en six mois).

La SFLS et la SPILF précisent sur leur compte twitter que ce document daté du 2 février 2021 sera mis à jour régulièrement. En parallèle, le collectif associatif TRT5-CHV met à disposition un document intitulé État des connaissances qui fait une synthèse exhaustive des données existantes dans la littérature scientifique consacrée à l’impact de la Covid-19 sur les personnes avant le VIH.

À noter que dans un communiqué envoyé le 25 janvier, la SFLS et le TRT-5 CHV annonçaient avoir saisi la Haute autorité de santé (HAS) afin que les personnes vivant avec le VIH non contrôlées sur le plan immuno-virologique puissent être prioritaires dans la liste des personnes actuellement vaccinables contre la Covid-19. Interrogé à ce sujet lors d’un point presse le 4 février, le Professeur Yazdan Yazdanpanah, directeur de la nouvelle agence ANRS | Maladies infectieuses émergentes, a déclaré que, s’il n’y avait aucun doute sur la nécessité de vacciner rapidement les personnes vivant avec le VIH immunodéprimées, pour celles qui sont « jeunes, en bonne santé et avec des CD4 élevés, tout est une question de priorisation », car cette catégorie de personnes ne semble pas plus à risque de développer une forme sévère de la Covid-19.

Par ailleurs, lors de ce point presse, la Professeure Odile Launay, membre du comité vaccin Covid-19, a annoncé qu’une grande étude de suivi de la vaccination Covid-19 était sur le point d’être lancée avec le projet d’inclure 10 000 personnes qui font partie des populations très exposées à une forme sévère de la Covid-19 (personnes dialysées, transplantées, obèses, diabétiques, en traitement de chimiothérapie, etc.). Cette cohorte nommée ANRS Covpopart, comprendra également un groupe d’environ 1 000 personnes vivant avec le VIH. Le but de cette étude observationnelle qui va durer deux ans est d’analyser la réponse et la persistance immunitaires chez ces personnes et caractériser les éventuels échecs vaccinaux. Le professeur Yazdanpanah a précisé que le TRT-5 CHV était associé au projet, qu’il suivra de près.

 

Commentaires

Portrait de mountains

Comme si, avec une chute des défenses immunitaires, tu risque rien pardi !! Face aux attaques de n'importe quel virus on est plus fragiles , c'est l'évidence même ! On voudrait nous faire croire cela , pour la bonne raison que l'Europe n'a rien fait pour anticiper le problème , les masques , les tests , et le vaccin ! Quand j'entends dernièrement de hauts responsables Européens qui vous raconte qu'ils cherchent des structures pour développer l'arn messager virus inactivé , seulement maintenant , c'est presque ironique ! Aussi, quant on sait que l'OMS avait demandé le partage des formules des vaccins au niveau international , et que c'est l'Europe qui s'est opposé à cela , c'est bien que des intérêts de l'industrie pharmaceutique sont prioritaires au sens humanitaire !!!Le système capitaliste mondial ,désire moins de main d'oeuvre plus de robotisation , moins de monde donc! Elimination des populations vieillissantes , des personnes fragiles , cela doit arranger les affaires des 1% possèdant la moitié des biens sur "terre"! On peut se rappeller l'affaire du sang contaminé avec mr Fabius , on minimise et finalement c'est catastrophique..!Bref nous ne pourrons que subir mais face à de tels manques de réactivités , on peut se demander si ce système a encore un sens , tout ce qui dérange est censuré et on nous fait passer ce que certains ont mis en place stratégiquement afin de mieux vous manipuler!A savoir que dans bien des pays les gens sont habitués aux épidémies , à la mort ,et acceptent car l'essentiel est d'avoir à manger!!

 

 

Portrait de Élise17

Lors des études de phases 1/2 et début de 3, les PVVIH ont été inclus en très petit nombre mais leurs résultats ont été d'emblée exclus des données cliniques finales. Alors comment ces sociétés "savantes" peuvent-elles oser prétendre qu'il y aurait une efficacité et pas plus d'effets secondaires? D'autre part, la diminution de la transmssion ne fut pas un critère principal dans ces "études" seulement l'immunogénocité, soit le fait de faire réagir l'organisme à un "corps étranger"! Et les effets secondaires dans la population restant inclue pour les données cliniques finales (soit délestée de toutes les personnes potentiellement plus "fragiles") ont été largement supérieurs aux risques encourus avec le virus Covid lui-même. Exemple pour les effets indésirables pouvant mettre en jeu la vie: 1.1% dans le groupe vacciné versus 0.7% dans le groupe placéo, soit un surrisque de 0.4% pour une virus mortel à 0.05% en population générale (qui elle inclut pourtant les personnes fragiles et/ou à risques). Sur les sites de pharmacovigilance la survenue d'effets indésirables suite aux premières vacccinations est quantifiée et répartie comme suit: 77% d'effets non graves et 23% d'effets entrainant le décès. Ces informations sont consultables sur le site de l'ANSM pour les EI par exemple et de la HAS pour les études ayant permis l'autorisation conditionnelle de mise sur le marché.