Fin des thérapies de conversion

4 Juillet 2021
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Avant leur départ en congés d’été, les députés-es fédéraux-les canadiens-nes ont voté le projet de loi sur l’interdiction des thérapies de conversion. Le texte a été adopté par la Chambre des communes ; les élus-es d’opposition s’y sont opposés-e. La mesure législative C-6 a été approuvée par une écrasante majorité, avec 263 voix contre 63 voix, indique La Presse canadienne.  Maintenant qu’il a été approuvé en troisième lecture par la Chambre des communes, le projet de loi prend la direction du Sénat. Le texte adopté prévoit des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison pour toute personne faisant subir une telle « thérapie » qui vise à imposer l’hétérosexualité aux personnes LGBT+. Ce texte était l’une des grandes promesses du Parti libéral, la formation du Premier ministre Justin Trudeau, lors des élections de 2019. Selon une enquête officielle publiée en 2020, 47 000 hommes canadiens appartenant à une minorité sexuelle ont été soumis à une « thérapie de conversion », rapporte l’AFP. Le projet de loi C-6 définit la « thérapie de conversion » comme « tout service, pratique ou traitement conçu pour transformer l’orientation sexuelle d’une personne afin de la rendre hétérosexuelle, rétablir l’identité de genre à celle qui correspond au sexe attribué à la naissance, ou réprimer ou réduire l’attraction sexuelle ou les comportements sexuels non hétérosexuels ». « S’il est adopté, le projet de loi C-6 fera du droit criminel canadien le plus progressiste et exhaustif du monde en matière de thérapie de conversion », a tweeté le ministre de la justice, David Lametti.

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Canada : nouvelle découverte de 182 tombes anonymes près d'un ancien pensionnat

Cette découverte, près de l'ancien pensionnat St Eugene à Cranbrook, en Colombie-Britannique, fait suite à la détection de 751 tombes la semaine dernière à Marieval, dans l'ouest du pays.

 Des fouilles ont mis à jour 182 tombes anonymes sur le site d'un ancien pensionnat accueillant des autochtones au Canada. GEOFF ROBINS / AFP 

Des fouilles ont mis à jour 182 tombes anonymes sur le site d'un ancien pensionnat accueillant des autochtones au Canada, troisième découverte de ce type en un mois, a indiqué mercredi une communauté autochtone.

Cette découverte, près de l'ancien pensionnat St Eugene à Cranbrook, en Colombie-Britannique, province la plus à l'ouest du Canada, annoncée dans un communiqué par la communauté autochtone de Lower Kootenay, fait suite à la détection de 751 tombes la semaine dernière à Marieval, en Saskatchewan (ouest), et des restes de 215 écoliers à Kamloops en Colombie-Britannique fin mai.

La communauté de Lower Kootenay dit avoir mené les recherches en 2020 et localisé ces tombes à l'aide de géo-radars, près de cet ancien pensionnat géré entre 1912 et les années 1970 par l'Eglise catholique, au nom de l'Etat canadien. «Certains des restes ont été enterrés dans des tombes à environ 3 à 4 pieds de profondeur», soit 90 à 120 centimètres, a précisé la communauté autochtone Lower Kootenay, de la Première nation Ktunaxa. «Tous les enfants autochtones âgés de 7 à 15 ans devaient, selon la loi, aller dans des pensionnats autochtones où nombre d'entre eux ont reçu des traitements cruels et parfois mortels», détaille le communiqué.

Cette nouvelle découverte vient raviver le traumatisme vécu par quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits, coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture, et enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays. Nombre d'entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4000 y ont trouvé la mort, selon une commission d'enquête qui avait conclu à un véritable «génocide culturel» de la part du Canada.

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«Des missionnaires suisses ont contribué à anéantir la culture indigène au Canada»FOSSES COMMUNES

Entretien avec l’historien lucernois Manuel Menrath, parti sur les traces des missionnaires suisses en Amérique du Nord

Le missionnaire suisse Martin Marty avec deux prêtres devant un pensionnat dans le Dakota du Sud. — © Archive privée de l'historien Manuel Menrath

Manuel Menrath, chercheur à l’Université de Lucerne, a étudié l’histoire des peuples autochtones d’Amérique du Nord pendant des années. Puis il a voulu entendre leurs récits de leurs propres voix. Il part en Ontario, à la rencontre des populations de Cris et d’Ojibwés, «dans des réserves si reculées qu’aucune route ne peut vous y conduire», raconte-t-il au téléphone.

 

Quelque 40 000 individus appartenant aux premières nations vivent actuellement dans le nord de cette province canadienne. Il a été bouleversé par les témoignages des atrocités commises dans les «écoles résidentielles», ces pensionnats où les enfants étaient placés de force et maltraités. Dirigées pour la plupart par des prêtres catholiques, elles ont accueilli quelque 150 000 enfants au Canada, entre 1850 et 1996. De ces entretiens, l’historien lucernois a tiré un livre: Unter dem Nordlicht, paru récemment.