Bilal Hassani : pourquoi tant de haine ?

Publié par Fred Lebreton le 30.11.2021
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Vendredi 19 novembre, le magazine TÊTU révèle sur ses réseaux sociaux sa prochaine couverture pour son numéro de fin d’année où on peut voir le jeune chanteur et danseur Bilal Hassani, sacré personnalité LGBT+ de l’année, dans une pose et une imagerie religieuses. Une couverture qui va déchainer une vague de haine et de rejet saisissante, finalement très peu relayée par les médias…

« J’ai mal à mon Jésus »

Dans un article qui accompagne cette couverture, TÊTU s’explique sur ce choix de personnalité de l’année : « Têtu en diable par sa détermination à poursuivre son rêve, depuis YouTube jusqu’à l’Eurovision où il a représenté la France en 2019, Bilal Hassani force l’admiration. En offrant avec talent et simplicité, dans une émission populaire [Danse avec les stars, ndlr], une incarnation de notre communauté plurielle, il s’est imposé comme personnalité TÊTU de l’année 2021. Avec lui, c’est une génération désencroûtée des normes qui s’emploie à plier le genre, le déplier et s’y déployer. On va en faire des origamis, et même des confettis ; ce sera kaléidoscopique, joyeux, bizarre et gai. Rencontrez votre époque », écrit Thomas Vampouille, rédacteur en chef du magazine.

Très vite, cette couverture est partagée en masse sur les réseaux sociaux, des centaines puis des milliers de commentaires sur Twitter, Facebook et Instagram et une tendance s’impose rapidement : cette image de Bilal Hassani en figure biblique ne plait pas à tout le monde. Euphémisme. Quelques exemples de messages postés sur Twitter : « Allez-vous faire foutre à manquer de respect aux chrétiens sérieux » ; « J’ai mal à mon Jésus » ; « Toujours vouloir provoquer et ensuite demander le respect des croyants pour éviter la stigmatisation, ça va pas vous aider » ; « Aucun respect, de la provocation pure et dure @iambilalhassani tu ne mérites pas l'attention des gens. Tu transpires l'impudeur et l'indécence et le pire c'est que tu essaies de manipuler toute une génération. Pathétique. » ; « Je ne vais pas insulter car je suis en paix. Mais que Dieu vous guide ». Liste non exhaustive et plutôt soft en comparaison à d’autres messages qui contiennent des insultes homophobes et même des menaces.

L’image en question, signée par le photographe Christopher Barraja, n’a pourtant rien de vulgaire ni pornographique, mais voilà, elle fait référence au christianisme et surtout elle représente un homme qui se définit comme queer dans une imagerie féminine qui appartient au christianisme ! Interrogé par Seronet, Thomas Vampouille explique qu’à la base, Bilal Hassani devait apparaitre en figure de la Vierge Marie, la Madonne. « La reprise de l’iconographie catholique est un grand classique de la culture pop. Madonna l’a fait plusieurs fois et cette image, c’est un clin d’œil à la culture pop. C’était notre idée, pas une lubie mégalo de Bilal et il a accepté », explique le journaliste. « On a fait six tableaux lors du shooting qu’on retrouve dans le magazine. La symbolique de cette couverture fait sens, on voulait inscrire Bilal dans cette tradition pop avec une ambiguïté sur le fait qu’il puisse représenter Marie ou Jésus ». Que dire alors à ceux qui accusent cette couverture de provocation ou de blasphème ? « Cette image n’a aucune vocation à blesser ou blasphémer, bien que le blasphème soit parfaitement autorisé en France et fasse partie de la liberté artistique. Nous avons des lecteurs et lectrices croyants-es et l’idée n’est pas de leur faire un doigt d’honneur, c’est simplement une création artistique pop », rétorque Thomas Vampouille.

Depuis 1905, il y a en France une séparation des églises et de l’État, ce que confirme l’absence d’incrimination du blasphème, mais sur Twitter, Instagram et Facebook… c’est un monde à part ! Quand on s’attarde, quelques minutes, sur les comptes réseaux sociaux des personnes qui attaquent cette couverture, on retrouve des profils souvent similaires qui appartiennent aux mouvances de la droite et l’extrême droite française ultra conservatrice et ultra catholique. Cette mouvance qu’on pensait très minoritaire en France, mais qu’on a vu ressurgir en 2012-2013 avec la Manif pour tous (contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe). Les mêmes mouvements qui ont soutenu la candidature de François Fillon aux élections présidentielles de 2017 et celle d’Éric Zemmour aujourd’hui. Comme un air de déjà-vu…

Sidaction attaqué

Très vite, en réaction à cette vague de haine, de nombreux-ses figures et associations alliées des luttes pour l’égalité des droits des personnes LGBT+ viennent défendre Bilal Hassani. C’est le cas de l’association Sidaction qui commente simplement la couverture avec deux smileys de soutien. Ce simple tweet leur vaut une armée de trolls qui attaquent en meute. Exemples de messages : « BOYCOTT Sidaction suite à cette complaisance dans le blasphème ! (signé un catholique, servant de messe et animateur d'aumônerie) » ; « Je n'ai jamais fait de don au Sidaction et je suis assuré de ne jamais en faire. Comptez sur moi pour avertir les autres » ou encore « Bravo d'encourager ce que vous essayez d'éradiquer »… Là aussi, liste non exhaustive... Florence Thune, directrice générale de Sidaction, est obligée de réagir : « Ce soir, à Sidaction, on fait un petit tweet de love à @iambilalhassani et voilà quelques-unes des réactions… », écrit la militante, avec comme émoticône un visage qui vomit.

Alors pourquoi tant de haine ? « On s’attendait à quelques réactions d’une certaine frange catho sur les réseaux sociaux, mais on a quand même été surpris par l’ampleur des réactions et surtout par leur provenance, c’est-à-dire des comptes de personnes assez jeunes », explique Thomas Vampouille. « On a senti aussi beaucoup de confusion, certaines personnes écrivaient que nous n’avions pas le droit de représenter Jésus », s’inquiète le rédacteur en chef de TÊTU. Et d’ajouter : « La religion catholique a beaucoup utilisé l’image, c’est quasiment cette religion qui a inventé l’iconographie ! En réalité, on sait très bien que le fond du problème, c’est d’avoir mis Bilal dans cette représentation. Le prétexte de l’utilisation de l’imagerie religieuse n’est qu’un couvercle pour pouvoir déverser la haine des gens sans être ouvertement homophobe », déplore le journaliste.

Étrangement, les médias et partis politiques de droite et d’extrême droite, d’habitude si prompt à réagir à ce genre de polémique en brandissant la laïcité comme arme de défense des valeurs républicaines françaises, sont restés bien silencieux face aux attaques subies par Bilal Hassani. Pas de débat sur Cnews, pas de tweet du Printemps Républicain, du parti Les Républicains, aucune réaction du Rassemblement National ou de Zemmour. À croire que la laïcité n’est brandie que dans des polémiques liées à l’Islam. Une obsession bien française.

Comment va le principal intéressé, Bilal Hassani ? Déjà bien habitué à la violence des réseaux sociaux, le jeune artiste n’a pas réagi publiquement (en date du 25 novembre) et fait comme si de rien n’était en se contentant de faire des posts de promotion de son nouveau single et de la finale de Danse avec les stars. Interrogé par TÊTU au sujet de l’homophobie qu’il subit au quotidien sur les réseaux sociaux, Bilal Hassani explique sa stratégie pour se préserver : « Lors de la première année d’exposition médiatique, cela a été très dur. Mais, aujourd’hui, on a des réflexes : quand je suis trop sur Twitter, par exemple, ma mère va parfois m’enlever le téléphone des mains. On essaie vraiment de minimiser la place que ces commentaires occupent dans notre quotidien. Il ne s’agit pas d’être dans le déni, mais, si on ne les regarde pas, ils ne sont pas là ». La sagesse d’un jeune artiste qui a tout compris de son époque.

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CENSURE – Mediatransports, la société qui gère l’espace publicitaire dans les gares parisiennes, refuse d’afficher la dernière une du magazine "Têtu". Le chanteur Bilal Hassani y apparaît dans une pose mystique jugée contraire à ses règlements.Publié aujourd’hui à 10h53 

Bilal Hassani a dansé devant 4 millions de téléspectateurs pendant 11 semaines sur TF1. Mais on ne le verra pas dans les gares parisiennes. Désigné personnalité de l’année par le magazine Têtu, le finaliste de "Danse avec les stars" pose en Une d’un numéro événement habillé en Madone. L’auréole, les doigts levés, le regard tourné vers le ciel… Une atmosphère mystique non règlementaire, selon Mediatransports.

La société, qui gère l’espace publicitaire de la RATP et de la SNCF, a en effet retoqué le visuel en question. "Dans nos contrats avec les opérateurs de transports et en l’espèce la SNCF et la RATP, il nous est impossible d’afficher des visuels où sont présentes des références religieuses", s’est justifiée la société auprès du site Arrêt sur images.

TOUTE L'INFO SUR

"DANSE AVEC LES STARS" 2021

 

 

Hasard ou coïncidence, la publication le 19 novembre dernier de la Une de Têtu sur le compte Twitter du magazine avait déclenché un flot d’insultes. "On voit une grande confusion, avec beaucoup de comptes qui pensaient sincèrement qu’on n’avait pas le droit de représenter Marie ou Jésus dans la religion chrétienne", avait réagi auprès de Charlie Hebdo le rédacteur en chef du trimestriel, Thomas Vampouille. 

Ce dernier a de nouveau défendu son choix ce mercredi sur le plateau de "Touche pas à mon poste" sur C8. "L’idée c’est de faire un pont entre les gens. On n’est pas là du tout pour diviser les croyants des non-croyants, les homos des non homos, les garçons virils les garçons folles", a-t-il expliqué. "Bilal justement c’est ça qu’il incarne et qu’il a incarné dans une émission populaire diffusée en prime time."

  la SNCF SE COUVRE DE RIDICULE  , C8 LA REFERENCE !!! plus con tu meurs !