A des années lumières de Madame Simone Veil !

Publié par jl06 le 18.01.2022
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Parlement européen : Qui est la nouvelle présidente Roberta Metsola, opposée à l’IVG ?

SCRUTIN Roberta Metsola est seulement la troisième femme à accéder à cette fonction

M.P. avec AFPPublié le 18/01/22 à 05h25 — Mis à jour le 18/01/22 à 13h48 Roberta Metsola au Parlement européen à Strasbourg, le 17 janvier 2022.Roberta Metsola au Parlement européen à Strasbourg, le 17 janvier 2022. — Jean-Francois Badias/AP/SIPA

Roberta Metsola a été élue, ce mardi, présidente du Parlement européen. La conservatrice maltaise a obtenu la majorité absolue dès le premier tour du scrutin, en dépit de son opposition à l'avortement, qui a suscité de nombreuses critiques. Avec 458 voix des 616 bulletins exprimés (sur 690 votants), Roberta Metsola succède ainsi à l’Italien David Sassoli, décédé le 11 janvier et dont le mandat s’achevait cette semaine. Voici trois choses à savoir sur Roberta Metsola.

Roberta Metsola est membre de la première force politique du Parlement

Membre du Parti nationaliste maltais et nommée eurodéputée en 2013, Roberta Metsola est devenue l’une des premières élues maltaises à siéger à Strasbourg. Elle est membre du groupe de droite du Parti populaire européen (PPE), première force politique du Parlement. Elle faisait donc figure de favorite pour en prendre les rênes jusqu’à l’été 2024. Vice-présidente du Parlement depuis 2020, Roberta Metsola, qui, hasard du calendrier, fête ses 43 ans ce mardi, avait récemment gagné en visibilité en assurant l’intérim de David Sassoli.

Roberta Metsola est membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures. Elle participe également à la commission spéciale du Parlement européen sur la lutte contre le terrorisme ou à la commission d’enquête sur les Panama Papers. L’élue serait, selon Politico, également spécialiste des questions sur la migration et a été coauteure du rapport sur la réponse de l’Europe à la crise des réfugiés.

Roberta Metsola est une anti-IVG convaincue

Mère de quatre enfants, Roberta Metsola est hostile au droit des femmes à disposer de leur corps. L’élue s’est attiré les critiques de certains de ses collègues : en cause, ses convictions anti-avortement, une opinion très largement répandue à Malte, dernier pays de l’UE où l’IVG reste complètement illégale. Selon Le Monde, la quadra se serait même abstenue lors d’un vote appelant la Commission européenne à criminaliser les violences faites aux femmes. Alors candidate à la présidence du Parlement, Roberta Metsola avait promis de ne pas défendre ses positions ouvertement anti-IVG à la tête de l’institution. Consciente des réserves qu’elle a suscitées, elle avait assuré que son « devoir sera de représenter la position du Parlement », y compris sur les droits sexuels et reproductifs.

Clément Beaune, le secrétaire d’Etat français en charge des questions européenne, s’est ainsi dit « gêné par le symbole de son élection », mardi sur France Info. « La position personnelle de madame Metsola est d’être contre le droit à l’avortement. C’est d’ailleurs la position de tous les responsables politiques maltais. Je le regrette profondément », a-t-il affirmé.

Roberta Metsola, la plus jeune présidente du Parlement

Roberta Metsola est la troisième femme à présider l’assemblée de 705 députés, après les Françaises Simone Veil (1979-1982) et Nicole Fontaine (1999-2002). A 43 ans, elle devient aussi la plus jeune présidente du Parlement. L’élection de Roberta Metsola respecte la tradition d’alternance entre gauche et droite à la présidence, qui a quasiment toujours été observée lors des élections de mi-législature au Parlement. Issue du Parti populaire européen (PPE), Roberta Metsola a obtenu le soutien du S&D (sociaux-démocrates) et de Renew Europe, à la faveur d’un accord conclu lundi entre les trois formations autour d’une feuille de route commune.

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Portrait de jl06

Présidence du Parlement européen : "Le symbole de l'élection" d'une anti-IVG "gêne" Clément BeauneRadio France

Roberta Metsola, eurodéputée maltaise de 42 ans, devrait être élue présidente du Parlement de Strasbourg aujourd'hui. Mais ces positions anti-IVG créent un malaise parmi les députés européens.

"Je vous le dis très sincèrement, le symbole de son élection me gêne", a reconnu le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, alors qu'il était interrogé sur les positions anti-avortement de la future présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Cette eurodéputée maltaise de 42 ans, qui siège parmi les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), doit être élue à cette fonction, largement honorifique, après un vote de ses collègues ce mardi.

"Il y a eu un accord" pour soutenir son élection "avec des députés européens qui appartiennent en majorité présidentielle [membres du groupe Renaissance], avec aussi les socialistes et avec le PPE, la droite européenne", a-t-il expliqué. Les députés européens de la majorité "fonctionnent en coalition" avec d'autres eurodéputés, "donc ça n'est pas un choix français, une instruction française", a-t-il assuré. D'ailleurs, "dans cet accord de coalition publié hier soir, les élus de Renaissance ont insisté, c'est écrit noir sur blanc et c'était la condition de leur soutien, pour que l'on fasse des progrès sur les droits des femmes, sur les droits des minorités en Europe".

L'Europe, "un projet politique qui renforce les droits"

Cet épisode "est l'occasion, puisque ce message n'est pas bon, d'aller plus loin, de dire que nous combattrons encore plus pour la reconnaissance du droit de l'avortement partout en Europe, de dire que nous soutiendrons les droits des femmes et les droits des minorités partout en Europe, que la présidence française [de l'Union européenne, qui a débuté le 1er janvier] prendra des initiatives supplémentaires pour sanctionner les atteintes à l'Etat de droit", a déclaré Clément Beaune.

"C'est comme ça, sur le fond et dans ma responsabilité gouvernementale, que je veux démontrer - après on voit qu'il y a un débat politique, l'Europe est imparfaite - que sur le fond, il n'y a aucun doute : l'Europe restera ce projet politique et ce continent qui renforce les droits", a martelé le secrétaire d'Etat.

Portrait de jl06

 

Il ne lui fallait que 309 voix, elle en a obtenu finalement 458, sur 690 votants. C’est avec une relative facilité que la Maltaise Roberta Metsola a été élue mardi à Strasbourg présidente du Parlement européen, dès le premier tour.

 

Ultra-favorite, la députée du Parti populaire européen (PPE), 43 ans ce 18 janvier, s’est même payé le luxe d’être mieux élue que son prédécesseur italien, qui avait recueilli 345 suffrages en 2019.

Et cela en dépit de ses positions anti-avortement, qui consternent les groupes d’extrême gauche et une partie des écologistes et plongent dans l’embarras les familles socialistes et libérales.

Car Roberta Metsola, qui a promis mardi de se battre pour les «femmes d’Europe» et leurs «droits» et de défendre la position du Parlement européen «sans ambiguïté» sur l’avortement, y est en effet notoirement opposée à titre personnel, se revendiquant de Malte où il est illégal. Elle a, à ce titre, voté toutes ces dernières années contre des résolutions même symboliques sur le droit à l’avortement.

 «Pacte Simone Veil»

Mais Roberta Metsola brouille les pistes, cette mère de 4 jeunes garçons étant en parallèle engagée dans un combat pour la contraception et contre les violences en tout genre faites aux femmes. Elle s’est aussi illustrée à de nombreuses reprises dans les combats pour les droits des LGBTIQ et contre la corruption à Malte.

Des qualités personnelles qui lui ont en partie valu le soutien des socialistes et des libéraux, le groupe Renew Europe – mené par le Français Stéphane Séjourné, proche d’Emmanuel Macron – ayant en effet choisi de ne pas placer de candidat·e contre elle, en dépit d’un bémol venu du secrétaire d’Etat Clément Beaune, «gêné» par son profil.

Même posture au sein du groupe socialiste, qui a aussi choisi de ne pas concourir contre elle et s’est félicité ces derniers jours avec Renew Europe d’avoir fait adhérer la Maltaise à un Pacte Simone Veil, du nom de la mère de l’IVG en droit français et ancienne présidente du Parlement européen. Ce pacte garantit que Roberta Metsola soutiendra toutes les actions en faveur des droits des femmes et de l’égalité hommes-femmes.

Conditions et petites manœuvres

D’autres logiques un peu moins nobles ont toutefois joué un rôle, la Maltaise ayant surtout bénéficié d’arrangements passés entre ces trois familles. Car socialistes et libéraux ont été récompensés dans cette opération en obtenant plusieurs postes de vice-président, entre autres promesses, notamment l’engagement du PPE à soutenir des listes transnationales aux prochaines élections européennes.

Les trois groupes sont donc restés fidèles à l’accord tacite de partage de la présidence du Parlement européen en vigueur depuis des années, qui consiste à diviser le mandat entre conservateurs et socialistes.

Des manœuvres de couloir régulièrement dénoncées par les autres partis, mais auxquelles aurait aussi cherché à participer le groupe écologiste, selon des sources internes. La famille du Belge Philippe Lamberts était très divisée sur le nom de la Maltaise, et c’est parce qu’elle n’aurait finalement rien obtenu qu’elle aurait décidé la semaine dernière de placer une candidate, à savoir la Suédoise Alice Kuhnke. Cette dernière n’a obtenu mardi que 101 voix. Le vote tenu à bulletins secrets devrait dans tous les cas permettre d’éviter les psychodrames internes.

 

Portrait de frabro

Macron veut profiter de sa présidence européenne de six mois pour introduire le droit à l'avortement dans la charte des valeurs européennes. J'espère qu'il y arrivera, mais entre Malte, la Pologne et autres conservateurs traditionnalistes cathos, la partie ne va pas être facile...