Loi HPST : les associations en colère

Publié par jfl-seronet le 26.05.2009
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refus de soinsloi HPST
Il n'aura fallu que quelques journées de débat au Sénat français sur le projet de loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST) pour que s'accroisse encore le camp des mécontents. Plusieurs associations dont l'Unals, AIDES et Sidaction font aujourd'hui part de leur colère à propos d'un texte très en retrait des premières versions de la future loi. Ces trois associations s'opposent désormais à l'adoption du projet de loi HPST en l'état. Qu'est-ce qui bloque ?
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Le projet de loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST) est en cours d’examen depuis de longs mois et depuis plusieurs jours au Sénat. Le texte actuellement débattu au Sénat a été très largement modifié. A tel point que sur bien des sujets, le projet actuel n'a plus grand-chose à voir avec la version d'origine. Du coup, certaines associations l’Union nationale des associations de lutte contre le sida , AIDES et Sidaction, qui ont soutenu ce projet de loi au départ pour les avancées qu'il comportait pour les personnes malades (sanction des refus de soins, éducation thérapeutique…) sont désormais très en colère contre un texte largement saccagé par la commission des Affaires sociales du Sénat et certains amendements ministériels. "La dernière version du texte occulte les revendications des associations de lutte contre le sida et compromet les quelques avancées que laissait espérer cette réforme", dénoncent les associations. Pour elles, le projet tel qu'il est écrit aujourd'hui "nie la place des malades dans l’organisation de la santé à l’hôpital", "entrave la conduite des actions d’accompagnement et l’éducation thérapeutique" et "démantèle le dispositif contre les refus de soins qui leur aurait permis de faire valoir leur droit fondamental à être soigné."

Ça commence à faire beaucoup, comme décisions qui ne tiennent pas compte des usagers du système de santé. C'est le cas avec l'éducation thérapeutique. D'un côté, les associations sont satisfaites que le projet gouvernemental reconnaisse enfin "la place importante de l’éducation thérapeutique et des actions d’accompagnement des personnes dans la prise en charge des maladies chroniques". Mais leur joie est de courte durée lorsqu'on sait que l'argent débloqué par l'Etat sur ce sujet n'est pas à la hauteur des enjeux, que les associations de malades vont être entravées pour initier et développer des programmes d’éducation thérapeutique et que rien n'est fait pour que les associations puissent travailler main dans la main avec les médecins au plus grand bénéfice des personnes malades. Pour être clair, le projet de loi ne prévoit quasiment pas de fonds pour financer l'éducation thérapeutique et il met le médecin au centre de l'éducation thérapeutique et des actions de soutien. "Cette médicalisation met radicalement en cause ce qui fonde nos pratiques depuis le début de l’épidémie : la mise en œuvre de programmes conçus par les personnes touchées pour leurs pairs !", critiquent les associations.

Autre sujet qui fâche : les "refus de soins". Des refus  qui frappent surtout les personnes qui sont bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) ou de l’AME (l'aide médicale d'Etat). Des refus qui sont dénoncés depuis de nombreuses années par les associations de défense des droits des malades. "L’Assemblée Nationale avait déjà repoussé l'aménagement de la charge de la preuve, tel qu'il était prévu dans le projet, mais avait au moins retenu des actions de testing auprès des professionnels pour démontrer les refus de soins. Le dispositif demeurait incomplet pour lutter efficacement contre les refus de soins, mais c’était mieux que rien (…) Dans le texte présenté au Sénat, la possibilité de mener des actions de testing a été purement et simplement supprimée : il ne reste qu’une coquille vide du dispositif !", s'énervent les associations. Elles considèrent que : "Le projet de loi HPST initial aurait pu permettre des avancées favorables à l’accès aux soins. Au final, les modifications apportées écrasent les minces espoirs qu’il avait suscités : toutes nos associations s'opposent désormais à son adoption en l'état !"
Plus d'infos sur l'Unals : http://www.unals.org/
Plus d'infos sur Sidaction : http://www.sidaction.org/
Plus d'infos sur AIDES : http://www.aides.org/

Illustration : Yul Studio

Commentaires

Portrait de rudy84

On pourrait être soulagé qu'enfin les associations qui prétendent défendre les intérêts des malades s'énervent! Il me semble que des grands professeurs en médecine, chef de service en chirurgie, toujours pour l'intérêt des patients, des soignants, donc, se sont mobilisés dès le projet initial et se sont très énervés aussi (manifestations, pétitions...). On voit donc que des gens s'énervent pour les chers (lol) patients qu'ils couvent pour des raisons biens différentes de leurs propres intérêts! Très au fait de ce sinistre spectacle d'énervements aux multiples raisons, je rappelle à tous, que les bien portants et les malades ont bien compris où étaient leurs intérêts pour l'accès aux soins: c'est le retrait des franchises médicales, le grand NON unanime à la tarification à l'acte, un grand NON à la marchandisation du soin à la personne dans sa globalité! C'est pour en finir! un retrait immédiat de la Loi Bachelot, ça c'est ni négociable, ni amendable! cela aura aussi le mérite de mettre enfin tout le monde d'accord! Pendant que tout ce petit monde s'énerve ce sont des services entier qui ferment! Le malade devient alors le grand oublié de toute cette agitation!
Portrait de HumblePenguin

Ce que nous explique ce texte de seronet, c'est comment les assoces se sont fait rouler dans la farine par Sarkozy et ses beaux discours. On leur a promis monts et merveilles ("sanction des refus de soins, éducation thérapeutique…") pour obtenir leur silence.

Enfin, le gouvernement le plus réactionnaire que la France a connu a montré ses véritables intentions. J'espère que leur colère sera à la hauteur de leur déception!

Voilà ce qui se passe quand on renonce à la politique.

"Tout flatteur vit au dépens de celui qui l'écoute"

"un retrait immédiat de la Loi Bachelot, ça c'est ni négociable, ni amendable!"

D'accord, Rudy.