Grippe et VIH, VHB, VHC : que faut-il savoir ?
On en parle beaucoup dans les médias et sur l'internet de la grippe A/H1N1v. Que l'on soit porteur du VIH, du VHC, du VHC ou encore coinfectés, voici quelques éléments d'informations qui pourront vous aider à y voir plus clair.
Situation actuelle
Le virus de la grippe A/H1N1v (appelée aussi parfois grippe « mexicaine » ou « porcine » ou « H1N1 nouveau variant») a été identifié en avril 2009 au Mexique. Le virus est présent dans des zones du monde entier, dont l’Europe et la France. Ici, presque 500 personnes ont été diagnostiquées, avec quelques formes graves, mais aucun décès. Les départements et territoires d’outre-mer ont aussi quelques personnes touchées à ce jour, mais pas la Guyane (source InVS, Actualisation régulière sur http://www.invs.sante.fr ). En Grande-Bretagne, quelques décès ont eu lieu. La transmission du virus se déplace « par vagues ». La situation pourrait donc évoluer progressivement. Pour l’instant, en Europe, la gravité des conséquences semble globalement proche de celles de la grippe saisonnière (revenant chaque année en hiver).
Transmission du virus
Celui-ci se propage facilement. Il se transmet dans l'air par une toux, un éternuement, des postillons, ou par contact rapproché (mains, baiser) avec une personne ayant le virus, ou encore par contact avec des objets contaminés (portes, téléphones,…) si la main est portée ensuite à la bouche ou une autre muqueuse. Le lavage des mains est une mesure de prévention simple et facile à renouveler. Les personnes porteuses du virus de la grippe A (présumées ou confirmées) pourront porter des masques afin de protéger les autres personnes. Ces masques seront mis à disposition dans les pharmacies, sur prescription, à partir du 23 juillet. Eviter les autres ou rester chez soi n’est pas recommandé actuellement, sauf pour les personnes présentant les symptômes de la grippe.
Symptômes
Le virus de la grippe A/H1N1v est différent de celui de la grippe saisonnière, mais proche. Les symptômes, signes de sa présence au début de l’infection, sont les mêmes : fièvre, courbatures, toux, fatigue, douleurs musculaires, maux de tête, frissons notamment, mais aussi douleurs au ventre ou diarrhées.
Vaccinations anti-grippe A/H1N1v
Le vaccin anti-grippe A/H1N1v est différent de celui pour la grippe saisonnière. Il est actuellement en cours de développement. La France a passé commande pour répondre à la vaccination des deux tiers de la population. Les vaccins devraient être normalement prêts dans le courant de l’automne, selon les engagements des industriels fabricants.
Pour les personnes séropositives au VIH
Les données ne sont pas encore suffisantes pour déterminer absolument tous les groupes de personnes les plus à risque de présenter des complications suite à l’infection par ce virus nouveau, notamment les personnes séropositives. Actuellement, aucun constat scientifique n’établit qu’une personne séropositive serait plus à risque d’être infectée par le virus de la grippe A/H1N1v que la population générale. Cependant, par comparaison avec la grippe saisonnière, par précaution du fait d’une immunité plus fragile chez les personnes vivant avec le VIH, et d’évolutions encore inconnues :
- le ministère de la Santé a annoncé le 15 juillet que les personnes séropositives au VIH seront dans les populations prioritaires pour une vaccination anti-grippe A/H1N1v.
- en cas d’infection par un virus de la grippe, quel qu’il soit, certaines surinfections pulmonaires opportunistes par des bactéries, comme le pneumocoque, peuvent rendre plus sévère l’évolution de la maladie. Néanmoins, la mortalité consécutive à la grippe A/H1N1v semble actuellement liée à l’action directe du virus sur les poumons.
Pour autant et par précaution, certains experts* ont recommandé d’anticiper les complications possibles en prévoyant que les personnes séropositives au VIH puissent se faire vacciner contre le pneumocoque.
Un vaccin, PNEUMO23, a été évalué chez les personnes séropositives. Il est plus efficace chez les personnes ayant plus de 200 T4, mais peut être éventuellement utilisé au dessous**, et ce d’autant que les personnes les plus immunodéprimées (T4 bas) sont aussi généralement les plus fragiles vis-à-vis des virus et bactéries. Les personnes séropositives ayant une bonne immunité peuvent, malgré tout, avoir une fragilité des poumons, d’autant plus si elles sont fumeuses. C’est un vaccin injectable par voie intramusculaire en une fois, remboursé par la sécurité sociale. Les personnes vivant avec le VIH pourront faire le choix de se faire vacciner contre le pneumocoque, et ce d’autant qu’il est déjà recommandé pour les séropositifs. Néanmoins, avant de se faire vacciner, il est préférable qu’elles en parlent avec les médecins qui les prennent en charge habituellement (médecin traitant, infectiologue).
« Traitement d’urgence »
La grippe se manifeste dans les sept jours qui suivent le contact avec le virus. Cette période peut notamment aider à identifier une éventuelle grippe A/H1N1v, en cas de retour d’un pays plus touché et de symptômes grippaux naissants. L’OMS (organisation mondiale de la santé) précise que Les patients à risque plus élevé de complications de la grippe, notamment ceux qui sont porteurs du VIH, doivent faire partie des personnes prioritaires pour le traitement antiviral à l'oseltamivir ou au zanamivir qui écourte la durée de la maladie et la gravité de la grippe saisonnière». Ces deux antiviraux, plus connus sous les noms commerciaux de Tamiflu et Relenza doivent, pour être efficaces, être pris le plus tôt possible après suspicion de contact avec le virus ou dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes. Des stocks de ces médicaments existent en France et sont actuellement distribués dans les pharmacies de ville. Ils seront prescrits, avec discernement, par les médecins (cf. les principes d’efficacité ci-dessus) et avec poursuite du traitement si des prélèvements confirment le diagnostic effectif de grippe A/H1N1v. Ceci en raison des risques de résistance du virus, si ces antiviraux étaient mal ou trop utilisés. Il n’y a pas d’interactions établies avec les antirétroviraux, mais le médecin devra rester vigilant en cas d’effets indésirables toujours possibles.
Pour les personnes séropositives au VHB ou VHC, mono infectées
Nous n’avons pas connaissance de recommandations particulières pour les personnes mono infectées par une hépatite virale B ou C, sauf si elles souffrent également d’une affection particulière (dite « ALD exonérante») comme le diabète, les problèmes cardiaques graves, une insuffisance respiratoire, une affection neurologique grave dont l’épilepsie, un asthme ou des problèmes rénaux graves. Dans ces cas, elles feront également partie des personnes prioritaires pour le vaccin anti-grippe A/H1N1v.
Pour les personnes co infectées VIH-VHC ou VIH-VHB
Les informations concernant le VIH semblent s’appliquer, à défaut d’éventuelles précisions spécifiques actuellement.
Voyages et grippe A/H1N1v
Concernant les voyages, l’OMS ne recommande pas actuellement de restreindre les voyages à cause de la nouvelle grippe. Cependant, le principe de précaution devrait conduire les personnes séropositives à éviter les pays les plus touchés. Une carte interactive existe sur le site de l’OMS . La situation épidémiologique en France et dans le monde est aussi actualisée une fois par semaine par l’InVS . En cas de déplacement, si des soucis surviennent sur place, l’ambassade ou le consulat devraient pouvoir apporter « aide et conseil » . Des précautions d’hygiène sont globalement recommandées (lavage des mains répété notamment) ainsi que d’éviter les contacts avec les personnes ayant les symptômes de la grippe. En cas de symptômes grippaux dans la semaine qui suit le retour en France, il faut contacter son médecin traitant ou appeler le 15. Pour les personnes séropositives, il est important que l’avis d’un médecin VIH puisse être pris.
Cet article a été rédigé par AIDES, qui avec le TRT-5, est en contact avec les autorités de santé, de la recherche et les spécialistes du VIH pour que le dispositif et les recommandations soient au mieux adaptés aux personnes vivant avec le VIH.
* Avis du Comité technique des vaccinations relayé par la Société française de lutte contre le sida et la Société de pathologie infectieuse de langue française, ou avis idem des CDC (Centres for Disease Control and Prevention) aux Etats-Unis.
** Recommandations de prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH 2008 (« Rapport Yeni »), vaccinations du chapitre Suivi de l’adulte, à l’adresse http://www.trt-5.org/article133.html#ancre9
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Commentaires
Le Canada
Carte interactive
et pour les interdits de vaccins?
demande qd mm !
grippe vaccin à savoir!