Arles : au cœur des maux de Nan Goldin

Publié par olivier-seronet le 03.08.2009
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expo
C'est avec des mots simples, justes, sensibles aussi, que Nan Goldin, une des plus grandes photographes américaines, parle de son travail. Une œuvre qui a fait le tour de la planète et qui s'expose, jusqu'en septembre, lors des 40ème rencontres photographiques d'Arles dont Nan Goldin est l'invitée spéciale.
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"Mon travail a évolué. Je n'ai pas réalisé cette œuvre pour devenir célèbre. Je photographiais des proches, morts du sida, la difficulté de survivre dans une société qui pratique la répression, la tentation de l'autodestruction, la recherche de l'identité sexuelle (…) Photographier n'est pas un métier, c'est ma vie". C'est ainsi que Nan Goldin parle d'elle et de son travail dans une récente interview au Journal du Dimanche (5 juillet). Sa façon à elle d'expliquer ce qu'elle a tenté de faire en photographiant ses proches, amis, amants, elle-même aussi. "J'ai commencé à prendre des photos avec pour unique motivation de rendre compte de la vérité." Cette "vérité", Nan Goldin va tenter de la capter en photographiant la réalité, celle qui compose et façonne sa vie de tous les jours. De ce point de vue, "The Ballad of Sexual Dependency" est exemplaire. Sans doute parce que c'est un incroyable "journal intime visuel" qui retrace la chronique de sa vie et de sa famille (au sens large) depuis plus de trente ans.  Une chronique qui ne cache rien de la sexualité car cette dernière est au cœur de l’œuvre de Nan Goldin. Comme l'explique un des meilleurs spécialistes de l'œuvre de la photographe, ses photos "démantèlent les codes de l’identité sexuelle – qu’ils soient obéis, ignorés ou transgressés. Ses images sont plus que des récits à un seul niveau : leur structure répond à une interaction dense entre des personnages et des thèmes dont résulte une œuvre retentissante, presque musicale, qui se fait l’écho de l’ambivalence et de la complexité."


Invitée spéciale de  ces Rencontres, Nan Goldin présente deux autres expositions. Dans "Sœurs, Saintes et Sibylles", la photographe rend  hommage à sa sœur et à toutes les femmes rebelles qui se battent pour survivre dans la société. "Je voulais questionner au travers de ces trois récits, explique la photographe, le piège de l’enfermement au propre comme au figuré : l’histoire de Sainte Barbara, décapitée par son père pour s’être libérée grâce à la découverte de sa spiritualité ; la vie de ma sœur aînée Barbara qui fut enfermée dans différentes institutions psychiatriques pendant la majeure partie de son adolescence pour s’être rebellée contre le conformisme extrême de la société, de l’époque et de la famille ; et celle de mes deux séjours en hôpital psychiatrique : le premier pour échapper au piège de la toxicomanie et le second pour être soignée, de manière abusive, pour dépression."


La dernière exposition présente une grande partie de sa collection personnelle de photographies. "Comme avec tout ce que je collectionne, la photographie qui m'intéresse n'est ni historique, ni pédante, ni d'un genre particulier, mais simplement celle qui révèle une forme de beauté, qu'il s'agisse d'une forêt ou d'un visage. Je suis attirée par les images qui m'évoquent des parallèles avec mes propres expériences, que ce soit littéralement ou inconsciemment – images d'amants, de la vie nocturne, de lesbiennes, de drag-queens, de fumeurs d'opium, de la mort", explique Nan Goldin. Dans cette expo, on peut voir notamment les images de Christer Strömholm lorsqu'il vivait avec un groupe de drag-queens, Place Blanche dans les années 1970. Des curiosités à ne pas manquer.
Nan Goldin "Invitée spéciale" aux Rencontres d'Arles 2009. L'exposition "Sœurs, Saintes et Sibylles" et la collection personnelle de photos sont à voir à l'Eglise des Frères Prêcheurs, jusqu'au 13 septembre. Rencontres d'Arles. Tél. : 04 90 96 76 06. Plus d'infos sur http://www.rencontres-arles.com

Commentaires

Portrait de Styx

Une grande artiste...Son travail m'a toujours ému sans que je ne sache pourquoi...Peut etre le reflet de ce que j'aurais pu devenir