Homophobie : all over the world !

Publié par jfl-seronet le 27.11.2009
859 lectures
Notez l'article : 
0
 
homophobie
L'homophobie comme la connerie est l'une des choses les mieux partagées du monde. Ces derniers jours, plusieurs affaires ont montré quel visage la haine des homosexuels et des lesbiennes pouvait prendre. C'est édifiant et pas du tout rassurant. Exemples avec les Etats-Unis, la France et le Sénégal.

Il existe au Sénégal depuis 1994 un Groupe pour l’étude et l’enseignement de la population baptisé Geep. Le Geep intervient, entre autres, dans quelque 400 cents clubs d'éducation à la vie familiale qui sont installés dans des collèges et des lycées. Jusque là tout va bien, d'autant, comme le rapporte le journal sénégalais Le Quotidien (23 novembre), que le Geep conduit un travail plutôt efficace de prévention des infections sexuellement transmissibles et du VIH. En parallèle, le Geep fait passer des messages auprès des jeunes afin de limiter les mariages et les grossesses précoces. Bref, du classique pour ce type d'organisation. Plus récemment, le Geep a décidé de mettre une nouvelle corde à son arc… pour viser les homosexuels. Ce groupe d'étude a, en effet, décidé d'investir un autre créneau "celui de la lutte contre l’homosexualité et la pédophilie en milieu scolaire." Pour lancer ce que Le Quotidien appelle une "croisade contre l’homosexualité et la pédophilie en milieu scolaire", le Geep a organisé un "atelier de formation regroupant une vingtaine de professeurs" qui serviront de "relais techniques" dans les établissements. Le journal ne donne aucune information quant au contenu des interventions portant sur l'homosexualité et la pédophilie (ce n'est pas la même chose), mais explique que ce nouveau programme peine à trouver des "partenaires financiers."

C'est contre l'homophobie dans les cités ghettos que Franck Chaumont, auteur d'un récent livre sur ce sujet (1), s'engage. Il vient de le faire en adressant (19 novembre) une "Lettre ouverte au ministre de l'Education nationale" lui demandant de faire de l'école le "rempart contre l'homophobie dans les cités ghettos". "Monsieur Chatel, avez-vous entendu les cris de détresse de jeunes filles et garçons homosexuels vivant dans les cités qui se sont exprimés dans des livres et dans la presse depuis le mois d'octobre ? Je n'en doute pas ! Qui sont-ils ? Ils font partie de la jeunesse sur lequel notre pays doit miser. Ils habitent dans des quartiers populaires devenus depuis plus de trente ans des cités ghettos où sévit la misère sociale, affective et sexuelle (…) Ils sont blacks, blancs ou beurs. Certains rasent les murs, le regard fuyant. D'autres se la jouent virils et vont même jusqu'à casser du pédé à l'occasion. Mais tous ont en commun le mensonge et la schizophrénie liés à leur double vie et à la peur d'être démasqués (…) Dans ces cités où l'hypervirilité et le machisme sont des valeurs suprêmes, l'homosexualité est considérée comme une déviance qu'il convient de rejeter, de bannir : l'homo est un faible qu'il faut écarter ou punir ! Oui, monsieur le ministre, être gay ou lesbienne aujourd'hui dans nos cités est passible des pires rétorsions", écrit Franck Chaumont. Equilibrée, argumentée et documentée, cette lettre ouverte rappelle que si "l'homophobie n'est pas le seul apanage de nos cités", il n'en demeure pas moins que des travaux comme ceux de l'association SOS Homophobie montrent que "les agressions homophobes dans les quartiers ghettos sont d'une violence morale et physique supérieure à celles subies dans d'autres territoires et proviennent pour la plupart de l'entourage immédiat des victimes." Dans ce constat, Franck Chaumont dénonce la " pudibonderie" de l'Education nationale sur ce sujet.

"La référence et la norme ne doivent plus être basées seulement sur l'hétérosexualité, mais doivent aussi prendre en compte la diversité, à égalité des orientations sexuelles", avance Franck Chaumont pour qui : "L'Education nationale serait bien inspirée de créer une véritable semaine de lutte contre l'homophobie à l'image de la semaine d'éducation contre le racisme (…) Il y a urgence à agir car les jeunes adolescents homosexuels sont les plus exposés au suicide. Dans nos cités, ils n'ont de recours et de solution que dans les subterfuges, la fuite ou la rupture familiale. Une république peut-elle s'enorgueillir de contraindre une partie de sa jeunesse à la clandestinité ? Assurément non, monsieur le ministre !"

Sans être invivable, loin de là, la situation des gays et des lesbiennes aux Etats-Unis n'est pas pour autant toujours idyllique. Ainsi, un tribunal canadien a ordonné (20 novembre) le réexamen de la demande d'asile de Bethany Smith, une jeune lesbienne de 21 ans qui avait déserté l'armée américaine, affirmant que son orientation sexuelle lui avait valu harcèlement et menaces de mort. La jeune femme a affirmé aux autorités canadiennes qu'elle avait été dénoncée par un camarade qui l'avait aperçue alors qu'elle tenait une autre femme par la main. Elle avait alors été l'objet de brimades verbales et physiques. Elle avait cherché à quitter l'armée en reconnaissant son homosexualité devant ses supérieurs (normalement, c'ets un motif de renvoi) mais curieusement elle avait essuyé un refus et avait appris qu'elle devait être envoyée en Afghanistan. Elle avait alors décidé de déserter en 2007 puis de demander l'asile au Canada.  Une première demande avait été rejetée en février dernier. La cour fédérale d'Ottawa avait finalement jugé que Bethany Smith pouvait effectuer une nouvelle demande. Petit détail. Avant de fuir au Canada, Bethany Smith avait servi à Fort Campbell dans le Kentucky où un soldat gay avait été battu à mort en 1999. Aujourd'hui l'ex militaire attend toujours une décision des autorités canadiennes.
(1) "Homo ghetto : gays et lesbiennes dans les cités. Les clandestins de la République", par Franck Chaumont, éditions Le Cherche Midi.

Commentaires

Portrait de nathan

En effet, "Ils habitent dans des quartiers populaires devenus depuis plus de trente ans des cités ghettos où sévit la misère sociale, affective et sexuelle (…) Ils sont blacks, blancs ou beurs."

Depuis quelques semaines, au sein de mon syndicat, de manière un peu confidentielle, nous recueillons les témoignages également de jeunes gays et lesbiennes vivant à Lille Sud, Lille Moulins, Lille Boulevard de Metz, Lille Fives, Lille Hellemmes... J'ai l'impression souvent de retrouver ce que je connais avec les enfants de parents sans papier d'identité française (pour lesquels je milite aussi) comme s'il y avait des "enclaves" sur le territoire français.

J'ai recueilli récemment  l'un de ces témoignages oraux d'un garçon gay blanc de 20 ans de Lille Sud.