"Une question de vie ou de mort !"
Père de six enfants, Antonio a 46 ans. Il vit seul à Mulhouse loin de sa famille restée au Cameroun, pays qu’il a été contraint de quitter pour la France afin d'y être soigné efficacement.
J'ai vécu une partie de ma vie sans savoir que j'étais séropositif. Je l'ai découvert chez moi au Cameroun en avril 2006. J'ai commencé mon traitement dans mon pays avec une trithérapie pendant trois mois mais elle n'a pas marché sur moi. J'ai fait un zona. Le médecin m'a conseillé de changer de traitement. J'ai fait de nouveaux examens et là j'ai appris que j'étais co-infecté au VHC. Chez moi, je ne disposais pas de traitements pour ça et comme j'avais besoin de nouveaux traitements VIH qui n'étaient pas disponibles, je me suis retrouvé en France. J'y suis arrivé fin 2006, seul. J'ai laissé ma famille au Cameroun. Pour moi, c'était une question de vie ou de mort. Une fois suivi en France, j'ai compris que j'allais pouvoir vivre longtemps grâce à un nouveau traitement. Un traitement qui fonctionne.
Pour le moment, je vis dans un foyer où j'ai choisi de ne pas dire que j'étais séropositif. C'est aussi ce que j'avais fait chez moi car avant même que je me découvre séropositif j'avais déjà constaté que les séropositifs se trouvaient rejetés, qu'on les évitait. J'ai même connu un jeune homme de 21 ans qui a préféré en finir parce qu'il était rejeté y compris par sa famille. Il pensait qu'il ne pourrait jamais avoir d'enfant. Il ne voyait pas comment il pouvait vivre en étant séropositif. Pour moi, les choses ont été différentes. En discutant avec mon médecin au Cameroun, je me suis fait à l'idée que le VIH était une maladie comme une autre. Cela m'était arrivé comme j'aurais pu avoir la polio ou autre chose. Il serait bien que tout le monde voit les choses ainsi. Mais ce n'est pas le cas.
À Paris, j'ai fait le 115, le numéro du Samu social, je n'avais aucune ressource. J'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit qu'on pourrait m'aider à Mulhouse. Là bas, j'ai fait la connaissance de AIDES. Une assistante sociale efficace m'a conseillé. C'est grâce à elle que j'ai obtenu une place dans ce foyer mais les choses n'ont pas été faciles. Lors d'un premier entretien, les responsables du foyer m'ont posé plein de questions sur ma santé que je ne voulais pas évoquer. Chacun doit faire son métier : la santé, c'est le médecin. Je sais qu'ils ont eu le culot d'appeler l'hôpital pour poser des questions sur mon dossier. L'hôpital a refusé de répondre. Ils ont appelé l'assistante sociale qui a refusé de répondre. J'ai néanmoins parlé de mon problème d'hépatite C, on m'a alors dit que le foyer n'accueillait pas de toxicomane. Mais moi, je n'ai jamais consommé de drogues et je ne me suis jamais fait d'injection ! Finalement, le foyer m'a accepté. Au foyer, les responsables demandent aux personnes sous traitement qu'on leur laisse les médicaments. Après, il faut se présenter à leur bureau pour les obtenir. Moi, je refuse d'être traité comme un enfant alors j'ai dit que je ne prenais rien. Dans ma chambre, je les cache et lorsque je sors je les prends avec moi parce que j'ai remarqué que parfois ils vont dans les chambres en l'absence des résidents. Comme ça, je suis sûr qu'ils ne les trouveront pas. Cette situation est difficile pour moi. C'est pour cette raison que j'ai monté un dossier pour bénéficier de l'allocation adulte handicapé cela devrait m'aider à avoir les moyens de trouver une chambre, d'être autonome et d'être finalement libre.
(Antonio est un prénom d'emprunt, crédit photo : Daniel Hérard )
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Commentaires
j'ai eu une bonne nouvelle hier
accueil des migrants séropos
vivre dans le desordre et le mensonge???
Ma soeur, ton histoire me fait bien mal au
Ma soeur, ton histoire me fait bien mal au coeur, et les hommes restent assez malhonnêtes dans notre pays. Ce que je te conseille déjà, tu peux te raprocher des personnes infectées comme toi, en allant vers un association de personnes vivant avec le VIH. Nous avons quand même le REDS (réseau éthyque sur le droit et le SIDA) qui se bat pour l'adoption de loi à l'Assemblée Nationale sur le SIDA. Entre temps aussi, ils éssayent de défendre les droits des pvvih. Tu seras désormais appélée à te battre pour la vie de ton bébé en ne te croises pas les bras
Beaucoup de courage ma soeur,
bisous