Hôpitaux : la santé sous coupes !
"Zéro déficit en 2012", l’exigence présidentielle ne sera pas atteinte et pourtant c’est l’évidence que l’hôpital public poursuit ses efforts pour réduire son déficit. Les établissements de santé (plus d’un millier en France) ont totalisé en 2010, 460 millions d’euros de déficit selon les chiffres de la Fédération hospitalière française. Il y a un an ce même déficit était de 535 millions d’euros.
D’où vient ce déficit ? Comme l’explique "Les Echos" (7 juillet), les déficits enregistrés par les hôpitaux sont "le résultat de la mise en place, à partir de 2004, de la tarification à l’activité [T2A]. L’établissement facture chacun de ses actes à un certain prix [fixé par l’Eta] à l’Assurance-maladie. Si ces coûts sont supérieurs à ces versements, l’établissement affiche un déficit. "Si l’établissement réalise de nombreux actes, de surcroît rémunérateurs, il présente alors un résultat en excédent. Comme le mentionne "Les Echos", de gros centres hospitaliers universitaires (CHU) ont réduit leur déficit. "Globalement, les trente-deux CHU ont réduit leur perte à 334 millions d’euros contre 420 en 2009".
A quoi attribuer cette baisse ? Des économies ont été faites dans les achats, les actes médicaux sont mieux suivis d’un point de vue administratif (efforts sur la cotation des actes, moins d’oublis de facturation, etc.). Mais la principale raison de cette réduction est la suppression d’effectifs dans les hôpitaux. "Il ne faut pas se voiler la face, la masse salariale représentant 68% de nos coûts, la réduction des déficits s’explique surtout par des suppressions de postes", explique Gérard Vincent, délégué général de Fédération hospitalière française aux "Echos". Rappelons au passage que la règle du non remplacement d’un départ à la retraite d’un fonctionnaire sur deux ne devait pas s’appliquer à l’hôpital… et pourtant il est probable qu’on arrive au même résultat au rythme actuel des suppressions. Celles-ci devraient d’ailleurs s’intensifier en 2011. "Le Quotidien du médecin" (7 juillet) indique ainsi qu’un document interne à l’Assistance publique/Hôpitaux de Paris (AP-HP), tombé entre les mains du corps médical suscite craintes et colère. Dans ce document (daté du 21 avril), l’AP-HP précise que "l’objectif de maîtrise de la masse salariale est tenu en 2010". Effectivement, il y a eu 859 emplois non médicaux en moins. "La direction des ressources humaines [de l’AP-HP] insiste sur la nécessaire poursuite des efforts d’efficience pour permettre le retour à l’équilibre financier de l’institution en 2012 [soit l’exigence de Nicolas Sarkozy, ndlr]". Pour cela, 3 500 suppressions d’effectifs temps plein non médicaux sont prévues sur la période 2011-2014 dont 1 070 en 2012. Cette évolution nécessitera aussi : "une diminution des effectifs de personnel soignant", indique la direction des ressources humaines de l’AP-HP.
Comme toujours les grands oubliés de la réflexion sont les personnes malades. "On cherche vainement dans ce texte des préoccupations concernant le retentissement de cette politique et de ces projets sur l’accessibilité et la qualité des soins prodigués aux malades", indiquent les professeurs Grimaldi et Granger du Mouvement de défense de l’hôpital public. Reste un problème, cette stratégie qui privilégie les suppressions de postes a ses limites. Au bout d’un moment, il devient impossible voire dangereux de supprimer des postes. Cette solution ne peut donc pas rester la principale source d’économies. D’autant que certaines dépenses augmentent, elles, mécaniquement. Les charges des établissements de santé augmentent d’environ 3% par an. Ça déjà, c’est un problème. Autre difficulté, les tarifs des actes médicaux sont fixés par le gouvernement et sont bloqués pour respecter l’enveloppe budgétaire allouée à la Sécurité sociale. Autrement dit, si on augmente les tarifs de la T2A pour que les hôpitaux se rémunèrent mieux… on explose l’enveloppe des dépenses de santé… et on accroît le déficit de la sécu (pour aller vite). A contrario, si les tarifs n’augmentent pas, que les charges sont à la hausse… et qu’il devient difficile de supprimer encore des postes… on voit mal comment le déficit ne se remettrait pas à augmenter.
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Commentaires
Les Associations ....
Centaines de millards pour sauver la Grece & les
Phrase-clé !
C'est la phrase-clé de l'article. En effet, la RGPP se traduit non seulement en une dégradation du service rendu par l'Etat au public mais ce sont aussi les fondements de l'Etat de la République française tels que définis par la Constitution qui sont remis en question. Le point de rupture est désormais atteint. La République ne tient plus qu'à un fil. Et comme on le voit dans un pays du Nord de l'Europe qui n'avait jamais connu la présence de l'armée dans ses rues, du jour au lendemain, tout peut changer !
Gérer les hôpitaux
Privatisations quasi totales