TasP : gare aux IST !

Publié par Mathieu Brancourt le 12.09.2011
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IST
Une étude d’études. En mettant en commun plus de trente recherches sur la prévalence (1) des infections sexuellement transmissibles (IST), parmi les personnes séropositives, la méta-analyse évoquée dans l’article du site CATIE, du 22 août dernier, réfléchit sur l’impact des IST sur la transmission du VIH, mais aussi plus généralement sur la prévention et ses nouveaux outils, comme le TasP (Traitement comme prévention).
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On a beau le répéter, à côté du VIH, il y a les IST, nombreuses. Et il ne faut pas les négliger. Pas seulement parce qu’elles ont la désagréable habitude d’émailler la vie sexuelle - parfois sans se faire voir – mais parce qu’elles favorisent, selon de nombreux rapports, la transmission du VIH. En effet, les personnes ayant une infection sexuellement transmissible ont un risque accru de se contaminer. De plus, les personnes séropositives contractant certaines IST peuvent voir leur charge virale augmenter. Dès lors, c’est un plus fort risque de contamination lors d’un rapport sexuel. L’analyse des différentes études s’est donc penchée sur la prévalence, parmi les personnes vivant avec le VIH, d’une co-infection avec une ou plusieurs IST.
Cet agrégat de 37 d’études, principalement menées en Europe et Amérique du Nord sur plus de 700 000 personnes vivant avec le VIH, montre une moyenne de 16,3% de personnes séropositives, ayant dans le même temps une infection sexuellement transmissible, parmi celles qui sont connues pour favoriser la transmission du VIH. Reviennent le plus souvent trichonomase, syphilis et gonorrhée, dans les mêmes proportions chez les hommes que chez les femmes. Aucune différence non plus, entre les personnes sous traitement ou non. Une prévalence élevée, voire inquiétante, dans son caractère facilitateur de la transmission du VIH. Un chiffre qui peut faire office de rappel concernant l’importante du dépistage des IST, symptômes ou pas, et de la prévention sur ces infections. Un moyen aussi de faire réfléchir sur les stratégies de réduction des risques que mettent en place les personnes. Ce taux élevé de co-infection VIH/IST montre qu’une stratégie efficace contre le VIH n’est pas obligatoirement efficace pour les IST ! De ce fait, les auteurs de cette méta-analyse sont préoccupés par l’impact d’une IST sur certains outils de prévention, tels que PreP (traitement pré-exposition) ou le traitement comme prévention (TasP). Sachant que le risque de transmission du VIH augmente en présence d’une IST, une prévalence élevée de la co-infection VIH/IST peut nuire à l’efficacité du traitement comme outil de prévention. Les chercheurs avancent l’hypothèse que les personnes utilisant cette stratégie pourraient ressentir "un faux sentiment de sécurité" et par là, relâcher leur vigilance. D’après eux, le traitement n’élimine pas complètement la transmission, que ce soit pour le VIH, comme pour les IST. Par conséquent, les auteurs craignent un relâchement général, accroissant la prévalence de la co-infection, réduisant de fait l’efficacité du traitement comme outil de prévention.
Par cela, ils incitent les personnes utilisant le TasP  à passer des tests de dépistage réguliers, tous les trois à quatre mois. Un accompagnement ("counseling") pour éviter les idées reçues est aussi recommandé, afin de réduire la transmission des IST qui sont, VIH ou pas, en pleine recrudescence.

(1) : Nombre de personnes atteintes d'une certaine maladie à un moment donné dans une population donnée.
Plus d’infos sur le site de la CATIE.

Commentaires

Portrait de sonia

Bon ok ! j'essaie de suivre..

- d'un côté, les associations ONUSIDA et les labos nous promettent de mettre fin à l'épidémie, "zero infection" dans les prochaines décennies, grâce aux traitements ; "tester et traiter" et

dans le même temps, on assiste à une recrudescence de nouvelles infections dûes aux IST.....syphilis, hpv.herpes Simplex virus...

Alors question : Pourquoi les chercheurs ne trouvent ils pas une formule qui combatte aussi bien les infections sexuellement transmissibles que le vih ?

Quand le tenofovir ou viread (contenu dans l'atripla) est apparu sur le marché, le professeur Hirshell et d'autres ont bien déclaré que ces molécules traitaient tant l'hepatite B que le VIH, n'est ce pas ?!!

Ou alors(bis), cette annonce cache une autre mauvaise nouvelle, comme des virus multirésistants qui ne peuvent pas être "soignés" avec les thérapies actuelles !!!

Encore une histoire à dormir debout....bonne nuit les loulous Sourire 

ps : HIRSHELL disait que la super infection était un mythe (bien français)

Portrait de sonia

Il existe bien des recherches combinées pour traiter l'herpes et le vih, voici quelques liens et il semble que malheureusement la route soit encore pavée d'embûches

http://www.seronet.info/breve/acyclovir-et-vih-resultats-decevants-d-une... http://www.seronet.info/breve/herpes-et-vih-d-une-pierre-deux-coups-23984

Portrait de skyline

Le ton de votre article M. Brancourt me déçoit. Je ne le trouve pas objectif. "Les chercheurs avancent l’hypothèse que les personnes utilisant cette stratégie pourraient ressentir "un faux sentiment de sécurité" et par là, relâcher leur vigilance. D’après eux, le traitement n’élimine pas complètement la transmission, que ce soit pour le VIH, comme pour les IST. Par conséquent, les auteurs craignent un relâchement général, accroissant la prévalence de la co-infection, réduisant de fait l’efficacité du traitement comme outil de prévention." Ça fait des années qu'on nous rabâche cette même rengaine... On nous l'a dit avec l'arrivée des trithérapies en 1996, et maintenant avec le TasP en 2011... Pourtant, chez les hétéros, la courbe des contaminations n'a cessé de diminuer, alors que chez les homos elle a diminuée pour légèrement augmenter et être stable depuis 2002... Alors même que les hétéros n'ont jamais utilisé la capote de façon massive et que chez les homos son utilisation a diminué après 1996 pour se stabiliser à partir des années 2000 (passant de 10 à 30% de pédés qui déclarent ne pas l'utiliser tout le temps voire pas du tout). On retrouve ces même chiffres partout en Occident! Ce que les conservateurs de CATIE - groupe tradipréventionniste de type Act-Up-Paris - oublient de préciser, c'est que les IST sont des maladies endémiques, c'est-à-dire cycliques : c'est notamment particulièrement vrai pour la syphilis! Donc elles réapparaissent de manière épidémique régulièrement! Pourquoi, parce que quand l'épidémie recommence, les praticiens et les institutions de santé et de prévention redeviennent vigilants, incitent les citoyens à la vigilance et au traitement : après quelques années de dépistage et de traitement plus généralisé et systématique, l'épidémie disparait... Et donc la vigilance et le dépistage aussi... C'est exactement ce qui se passe pour la rougeole! Bref, la dernière grande épidémie de syphilis était au 18è... Nos ainés gais des années 70 ne mettaient pas de capote et pourtant il n'y avait pas une explosion de syphilis comme aujourd'hui, puisqu'on n'était pas encore dans la dynamique endémique. Ensuite, sur l'impact des IST sur le TasP ou la PreP, prenons l'exemple de San Francisco où le TasP et le traitement précoce sont clairement responsables de la baisse des contaminations chez les pédés depuis plus de 2 ans, alors même qu'ils sont aussi confrontées à une recrudescence des IST! Parlons aussi des études sur l'impact des IST sur la CV d'un séropositif sous traitement efficace : les remontées de la CV n'ont jamais été de plus de 10 000 copies ce qui est tout de même une CV faible! Et n'oublions pas aujourd'hui que les IST (et le VIH dans une moindre mesure), chez les pédés, se transmettent à l'intérieur de "clusters", de groupes fermés d'individus aux pratiques sexuelles spécifiques. CATIE fait de la désinformation sur ces questions depuis longtemps, ce serait bien que Seronet ne se fasse pas berner!