Les Français et les franchises médicales

Publié par jfl-seronet le 11.04.2012
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franchises médicales
Où en est l’histoire d’amour (on blague !) entre les Français et les franchises médicales ? La rupture s’annonce. On peut en juger par les résultats de l’enquête CSA/AIDES qui montre une grande hostilité des Français à cet impôt sur la santé. Les résultats sont impressionnants et devraient faire réfléchir les candidats à la présidentielle, notamment les deux principaux, qui n’entendent pas les supprimer. On se demande bien pourquoi.
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Une majorité de Français est hostile aux franchises médicales
Les franchises ont été instaurées en janvier 2005 par la droite. Il s’agissait d’un moyen, dans un objectif affiché de retour à l’équilibre des comptes du système de santé, d’y contribuer. Pour ce faire, une participation de 1 euro est automatiquement déduite des remboursements des consultations médicales. Fort de ce précédent, le gouvernement décide d’instaurer en 2008, de nouvelles franchises médicales : une retenue de 50 centimes d’euro est effectuée sur chaque boîte de médicaments, même montant de retenue pour chaque acte paramédical et une retenue de deux euros pour les transports sanitaires. Le sondage réalisé par CSA pour AIDES indique qu’une majorité de Français est hostile à ces mesures. Ainsi, "65% des personnes interrogées estiment qu’elles vont plutôt dans le mauvais sens car elles pénalisent les personnes les plus malades ou les plus démunies et peuvent générer un retard dans l’accès aux soins", indique le CSA. "A l’inverse, 33% considèrent que ces dispositifs vont plutôt dans le bon sens car ils peuvent limiter la consommation individuelle et responsabiliser les usagers du système de santé", note l’institut.

Dans le détail, on note une différence entre les personnes appartenant aux milieux privilégiés et celles qui n’en font pas partie. Autrement dit, ce sont les personnes qui sont dans les situations les plus précaires qui trouvent le plus que les franchises "vont plutôt dans le mauvais sens". En outre, ces dispositifs sont davantage rejetés en Ile-de-France (71%) qu’au sein des autres régions, et notamment dans le Sud-Ouest (58%). "Quant aux sympathisants de gauche (81%), davantage attachés à la préservation de l’Etat-Providence en général, ils y sont nettement plus hostiles que ceux de droite (41%), plus enclins à se prononcer en faveur de la réduction des dépenses publiques. Soulignons que les sympathisants du FN sont beaucoup plus proches par leurs réponses de ceux de gauche que de ceux de droite : 73% jugent que ces mesures vont plutôt dans le mauvais sens.

Une large majorité de Français favorable à une dispense des franchises médicales pour les personnes les plus malades et les plus pauvres
L’institut CSA a rappelé lors de l’enquête aux personnes sondées que les franchises médicales ne sont remboursées, ni par la Sécurité sociale, ni par la plupart des complémentaires Santé, puis il a demandé aux personnes si elles pensaient que les personnes les plus malades et les plus pauvres devaient être dispensées de paiement. 87% des enquêtés se déclarent favorables à ce que les personnes touchées par une maladie chronique ou en affection longue durée soient dispensées de leur paiement (dont 60% "tout à fait favorables" et 27% "plutôt favorables"), contre seulement 12% qui y sont opposés. Notons que les 65 ans et plus (90%) y sont plus favorables que les autres classes d’âge. C’est logique puisque ce sont eux qui sont les plus exposés au paiement des franchises.

D’autre part, "80% des Français se déclarent favorables à ce que les personnes vivant sous le seuil de pauvreté (954 euros par mois), comme par exemple les bénéficiaires de minima sociaux, soient dispensés de ces paiements, avec néanmoins une intensité des opinions favorables moins forte qu’au sujet des personnes gravement malades (avec 47% de réponses "tout à fait favorables" et 33% de réponses "plutôt favorables"), contre 18% qui y sont opposés", précise le CSA.


Sondage exclusif CSA/AIDES réalisé par téléphone les 2 et 3 avril 2012.
Echantillon national représentatif de 1 004 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et catégorie d'agglomération.

Commentaires

Portrait de Coeursauvage

Certaines personnes dépendantes journellement de nombreux médicaments s'aperçoivent que le cumul d'une multitude de petites franchises finit par aboutir au non remboursement d'actes entiers, comme la visite du médecin ou les frais d'examens médicaux nécessaires au bon suivi des maladies chroniques. De nombreux malades renoncent aujourd'hui à des médicaments dits de "confort" pour alléger leurs dépenses. C'est une véritable régression qui touche principalement les personnes à faible et moyen revenu. Je ne pense pas que les "décideurs" aient ce problème avec leur propre santé. Est-ce du mépris vis-à-vis du bien-être des gens du peuple, de l'indifférence ou un manque évident de solidarité?
Portrait de romainparis

qu'il compte supprimer les franchises médicales. Vous savez ce qu'il vous reste à faire... Perso, plutôt que de les supprimer, je reporterais les franchises sur les médocs sur les labos-producteurs. Cela m'a coûté 70 euros en tout pour 2011. En passant, 6 euros par prise de sang vih... heureusement que je ne les faits pas tout les mois ! Pour connaître les détails il faut se connecter sur le site Ameli.fr.
Portrait de nouan

Certes ces franchises pénalisent les plus pauvres, les plus riches ne les calculant probablement pas ! Leur mise en place part pourtant d'une logique de solidarité mais ne cible pas ce qui devrait être ciblé : les excès de certains ! Ce qui est pour le moins bizarre dans notre société hyper informatisée, et notamment en prenant conscience des moyens informatiques dont disposent entre autre les Caisses d'Assurance Maladie, est la non mise en place de ces franchises en tenant compte de seuils de visites de médecins en tous genres et de consommations de médicaments à tout va. Et bien sur en tenant compte AUSSI des pathologies dites lourdes demandant des visites et prescriptions idoines. Comme dans d'autres domaines multiples et variés dans notre joli monde de riches - car en France nous le sommes... - la répression (qui se rapproche de régression du reste) est l'arme fatale brandie car l'éducation et la sensibilisation ne semblent pas les armes qui payent le mieux. Nous voulons toujours plus en demandant tout aux autres sans nous soucier de nos propres limites. Nous vivons tous dans nos bulles insonorisées, chauffées, éclairées et plus ou moins confortables dans le dénie des souffrances de tant, qu'ils soient à l'autre bout de la planète ou dans nos rues. Et dés que l'état demande aux concitoyens de changer, un vent de contestation se lève... surtout à gauche ! Ce qui est troublant aujourd'hui et notamment dans cette belle mascarade... pardon campagne électorale est une totale dichotomie entre les programmes et promesses des 10 candidats et les vraies préoccupations des dit-citoyens... si tant est qu'ils le soient vraiment en allant voter. Personnellement je ne trouve pas aberrant de participer aux frais qu'engendre ma séropositivité car je sais être un poids non négligeable dans les dépenses de santé. Et même si bien sur je n'ai rien demandé à l'origine, ma conscience de citoyen à part entière ne s'oppose pas à ces franchises mais aux inégalités qu'elles génèrent immanquablement. Positivement vôtre, Nouan
Portrait de Coeursauvage

La véritable solidarité, ce sont les cotisations de la sécurité sociale et celles des mutuelles qui sont redistribuées suivant les besoins inégaux de chacun. Les franchises, nouvellement apparues, sont un grignotage des acquis, admettons-le. On peut justifier leur création par la conjoncture, par la crise, par l'importance croissante des besoins. Mais ayons la franchise (c'est le cas de le dire) de reconnaître qu'il ne faut pas parler ici de logique de solidarité quand il s'agit de réduire les dépenses de santé. Nous participons déjà, depuis que nous travaillons, aux dépenses de nos maladies passées, présentes et à venir. La séropositivité fait partie de ces maladies possibles. Pourquoi payer plus parce qu'on est atteint d'une maladie chronique? Les franchises posent problème d'accessibilité aux soins. Je sais de quoi je parle. Peut-être faudrait-il s'attaquer plutôt aux tarifs exorbitants que pratiquent la plupart des professionnels de la santé. Réduire un peu leurs marges bénéficiaires n'est-il pas plus solidaire que de fragiliser encore ceux qui nécessitent des soins et qui, de plus en plus, vivent dans la précarité et le dénuement ?
Portrait de romainparis

je cotise déjà pour la sécu.
Portrait de vivement

... en 2008 !!!

J'étais là quand il s'est engagé devant le malade du sida en grève de soins. http://reloaded.e-llico.com/article.htm?articleID=16878

Il avait même dit à l'époque qu'il s'agissait d'une "taxe inique sur les malades" et qu'elle n'avait rien de médicale !

Alors François ? un début d'alzheimer ?