Dépistage et TPE : bon à savoir

Beaucoup de personnes connaissent mal les nouvelles possibilités du dépistage et de traitement post-exposition. L’occasion d’une mise à niveau.

Un test de dépistage du VIH peut se faire après une certaine période qui suit une exposition au risque. On peut aussi faire le test régulièrement pour savoir où l’on en est, ce qui est recommandé pour certaines populations plus exposées : hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, personnes originaires de zones d’endémie, usagers-es de drogues par injection, etc. Il existe plusieurs techniques et plus on est dépisté tôt, mieux c’est. Avec les tests actuellement disponibles, il faut attendre six semaines pour faire un test de dépistage classique et trois mois pour un test rapide. L’amélioration des dépistages rapides va réduire ce délai et permettre la précocité du diagnostic.

4 solutions pour se dépister

• Dans un Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles) : c’est anonyme, confidentiel et gratuit (sans avancer d’argent). Résultat en quelques jours.

• Aller voir son médecin pour une ordonnance de test en laboratoire de ville (ils sont alors pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale). Remise des résultats entre un et trois jours.

• Lors d’une action de dépistage rapide qui donne le résultat en 30 minutes environ. Le dépistage n’est pas effectué par un médecin, mais par un-e militant-e associatif-ve spécialement formé-e (on parle de Trod).

• L’autotest (test à réaliser soi-même), est disponible dans les pharmacies de- puis septembre 2015. Il s’agit d’un test à prélèvement sanguin à faire au bout du doigt. Il est payant et à la charge de l’utilisateur-rice qui est accompagné- e dans sa démarche par la plateforme téléphonique de Sida Info Service disponible 24 h/24 (0 800 840 800). Il peut également être distribué gratuitement par des associations ou envoyé par courrier.

La Primo-infection a lieu entre deux et huit semaines après la contamination. Symptômes ? Le premier signe (90 % des gens) est la fièvre (mesurée au thermomètre et pas au pifomètre) : au moins 39° C. Parfois, pharyngite, fatigue, courbatures, éruption cutanée transitoire. La charge virale est très élevée : souvent plus d’un million de copies de virus/ml de sang, d’où un risque de transmission très important. Selon plusieurs études, la courte période de primo-infection serait, à elle seule, responsable de la moitié des nouvelles contaminations chez les gays. Commencer le traitement en primo-infection a un impact favorable sur l’évolution de la maladie. Plus tôt on sait, mieux c’est.

Traitement d’urgence : un accident de préservatif ? Ce n’est pas le moment de paniquer, mais d’agir. Le traitement post-exposition (TPE) réduit le risque de transmission à votre partenaire.

Le TPE, c’est quoi ? Une trithérapie d’un mois qui vise à empêcher la réplication du VIH avant qu’il n’envahisse l’organisme. C’est d’autant plus efficace commencé tôt : si possible dans les quatre heures, et de préférence avant 48 heures. Premier réflexe : appeler le 0 800 840 800, numéro gratuit de Sida Info Service. L’écoutant-e fera une première évaluation du risque avant d’indiquer l’adresse du service d’urgences le plus proche ou d’un Cegidd. Parmi les indications possibles, il y a notamment les rapports vaginaux et anaux sans préservatif et la fellation avec éjaculation. En présence de sang ou de sperme, les risques sont multipliés. En revanche, si votre CV est indétectable, le risque de contamination est quasi-nul (niveau inférieur de risque à l’utilisation d’un préservatif).

Aux urgences, ça se passe comment ? Inutile de donner les détails à l’accueil : évoquer un accident d’exposition au VIH (et le délai écoulé) doit suffire à voir un médecin rapidement, 24 h/24. Aux heures d’ouverture, on peut aller dans un service spécialisé VIH. Pour plus de facilité, n’hésitez pas à venir accompagné-e de votre partenaire. Première étape : il-elle est dépisté-e pour vérifier qu’il-elle n’est pas déjà séropositif-ve. Ensuite, en discutant avec vous, le médecin va évaluer le niveau de risque avant de décider de délivrer le TPE à votre partenaire. Pour faciliter l’évaluation du risque, vous pouvez apporter vos bilans (avec le niveau de charge virale), et dans le cas où votre virus serait résistant, le génotype (si vous l’avez) et votre ordonnance, pour choisir le TPE le plus adapté. À défaut, donnez ces indications.

Un traitement d’un mois pas anodin mais utile. Les services d’urgences disposent de kits d’ARV pour deux à trois jours. Ensuite, il y aura une nouvelle consultation, par un médecin référent VIH qui va réévaluer le bien-fondé du TPE (en fonction éventuellement des résultats des premières analyses) et la façon dont il est supporté. Si l’intérêt du TPE est confirmé, votre partenaire aura une ordonnance pour quatre semaines. Le TPE peut avoir des effets indésirables (diarrhées, nausées, fatigue, vertiges, maux de tête) qui disparaissent souvent en quelques jours. Ce n’est pas non plus toujours facile sur le plan psychologique, en parler à des personnes de confiance peut être utile. Pour savoir si le TPE a été efficace, il faut attendre trois mois pour faire le test de dépistage (parfois, un test intermédiaire est réalisé un mois après la fin du TPE).