Afravih 2020 : un cru virtuel

Publié par Sophie-seronet le 13.11.2020
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Du 8 au 11 novembre 2020, Dakar a accueilli la dixième conférence Afravih, crise sanitaire oblige, en version connectée. Seronet a suivi au jour le jour cette importante conférence francophone sur le VIH, les hépatites virales, la santé sexuelle et la Covid-19.

Covid-19 et VIH : l’Afravih 2020 au cœur de la collision

Du Covid, encore et encore. Et manifestement, cela va durer. C’est la tonalité qui se dégageait des premières sessions de cette dixième conférence Afravih et de la séance d’ouverture de cet événement des acteurs-rices francophones de la lutte contre le sida et les hépatites virales. La conférence a d’ailleurs choisi de consacrer plusieurs sessions à la nouvelle pandémie. Voici un retour sur les temps forts de la première journée (8 novembre) de cette conférence.
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Le VIH à l’ombre de la Covid-19

Ce chiffre. On l’a dit, redit et répété. Signe que l’heure est grave : le nombre de contaminations par la Covid-19 dans le monde a franchi, dimanche 8 novembre, le seuil de 50 millions de cas, selon les calculs de différentes agences de presse sur la base des données officielles de chaque pays. Un quart de ces cas a été diagnostiqué au cours des trente derniers jours et le mois d’octobre 2020 a été, en termes d’infections, le pire mois enregistré depuis l’apparition de la pandémie en début d’année 2020. Les États-Unis ont été ainsi le premier pays à faire état de plus de 100 000 nouvelles contaminations en 24 heures. Une forte hausse des infections en Europe a également contribué à cette deuxième vague. Une deuxième vague, dont Meg Doherty, directrice du département VIH, hépatites et IST de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé qu’elle ne se limitait pas à sévir en Europe… même si avec plus de 12 000 000 de cas, l’Europe est le continent le plus touché et passe désormais devant l’Amérique latine. Le « Vieux continent » représente d’ailleurs près d’un quart du nombre total de cas.
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Pas de contradiction entre droits humains et santé publique

« La stigmatisation, c’est un traitement injuste, fondé sur des représentations négatives basées sur des identités et notamment la peur de la mort. Elle véhicule la dévalorisation », propose la définition d’Erving Goffmann, théorisée dans les années 60. Comme l’a rappelé Auguste Didier Blibolo (chercheur en sciences humaines), le sida a été présenté comme une maladie de mort et de personnes « peu recommandables » aux « comportements socialement condamnés ». Au départ, la vision était celle d’une maladie de personnes qui avaient un comportement sexuel déviant. Et cela associé à la méconnaissance des modes de transmission. Pour le chercheur, il y a des situations comparables entre les deux pandémies, mais dans une moindre mesure avec la Covid-19 qui a quelques mois par rapport à la pandémie de VIH qui dure depuis 40 ans. Un des leviers possibles pour changer cela est de sensibiliser l’opinion par la disance des personnes vivant avec le VIH. C’est-à-dire l’affirmation publique et volontaire de son statut sérologique. Un autre est de privilégier la stratégie Santé Positive Dignité Protection (SPDP). Son objectif est d’améliorer la dignité, la qualité et la durée de vie des personnes vivant avec le VIH. Si ce principe se réalise, il devrait avoir un impact bénéfique et une grande portée sur les communautés de personnes vivant avec le VIH, leurs partenaires et leurs familles. Telle qu’elle a été pensée, notamment par des activistes, la « Santé positive, Dignité et Prévention » reconnaît et recouvre la totalité des questions de santé et de justice sociale pour les personnes vivant avec le VIH. Elle épouse les « principes fondamentaux selon lesquels la responsabilité de la prévention du VIH devrait être partagée et les politiques et les programmes destinés aux personnes vivant avec le VIH devraient être conçus et mis en œuvre avec la participation significative des personnes vivant avec le VIH ».
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Dans le communautaire, we trust !

Une session était consacrée à la prévention du VIH et des IST. Le Dr Martin Siguier (service des maladies infectieuses, hôpital Tenon, AP-HP Paris) a fait le point sur les différents essais autour de la Prep. Il a notamment parlé d’une étude qui va comparer l’efficacité de l'islatravir (MK-8591), le premier inhibiteur nucléosidique de la translocation (INTTI), en prise orale mensuelle par rapport à l’association TDF/FTC (fumarate de ténofovir disoproxil et emtricitabine) en prise orale quotidienne. L’infectiologue a également parlé des bons résultats avec le cabotégravir par injection, tous les deux mois. Le même jour, l’Onusida annonçait de très bons résultats sur cette stratégie de prévention chez les femmes : « Une étude montre que les injections sont 89 % plus efficaces dans la prévention contre le VIH par rapport à des comprimés oraux de prophylaxie préexposition (Prep) pris quotidiennement », a souligné l'agence onusienne.
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Rien pour nous, sans nous ?

L’unique session de cette conférence consacrée à la santé numérique a été l’occasion de découvrir deux projets innovants. Le Dr Alexandre Aslan (hôpital Saint-Louis, AP-HP Paris) a présenté l’outil WeFlash, sur lequel il travaille depuis quatre ans. Imaginé et conçu comme un outil digital de santé sexuelle, WeFlash est composé, entre autres, d’une application et d’un site internet destinés aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) sous Prep et leurs soignants-es. Côté usagers, l’appli centralise bilans biologiques, annuaire de professionnels-les de santé, pilulier intelligent ainsi qu’un système innovant permettant de rester en lien virtuel avec ses partenaires sexuels-les, également dotés-es de l’application. L'appli permet aussi de recevoir une notification anonyme s’ils-elles contractent une IST pour être amené à consulter et être traité avant même de diffuser l’infection. Un pré-lancement de l’application avait eu lieu en décembre 2019 lors d’une soirée privée et le lancement officiel était prévu lors de la Marche des fiertés de Paris, en juin 2020. Marche qui a été annulée en raison de la crise sanitaire. À ce jour, l’appli est prête, mais le Dr Aslan déclare être en recherche d’un partenaire financier pour lancer ce dispositif à l’échelle nationale, « voire internationale ». Selon l’infectiologue, qui est aussi sexologue et psychothérapeute, cette application permettrait un dépistage plus ciblé et plus réactif des IST et donc à terme des économies pour la Sécurité sociale, puisque des infections seraient évitées. Ce serait également un outil important pour générer des données pour la recherche scientifique.
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