Aids 2018 : plein feu sur Amsterdam !

Publié par Sophie-seronet le 26.07.2018
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Dans la ville aux mille canaux, la 22e édition de la conférence mondiale sur le sida s’est tenue du 23 au 27 juillet 2018. 15 000 participants, 3 000 abstracts et présentations pour chercher et trouver ensemble des solutions à un accès universel au dépistage, à la prévention et aux soins partout dans le monde. L'enjeu : réussir à atteindre la fin de l'épidémie...

Préchauffe(s) à Amsterdam

Lentement mais sûrement, la conférence mondiale sur le sida se met sur ses "RAI". Dans le centre susnommé, les militants-es les plus matinaux sont déjà arrivés, bien avant le lancement officiel ce soir avec la plénière d’ouverture. Samedi et dimanche, plusieurs sessions, parfois sur la journée entière, ont ouvert les discussions concernant les questions contemporaines de la lutte contre le sida : quelle place pour les droits, la lutte contre la stigmatisation, la fin de l’épidémie et ses défis chiffrés, etc. En définitive, elles dessinent déjà un point crucial : la santé publique ne résoudra pas à elle seule l’objet social qu’est le sida.
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En marche, droits devant !

Difficile d’imaginer que les deux années depuis la précédente conférence à Durban soient passées si vite. Difficile aussi de dire si le monde et les constats qui les accompagnent ont vraiment changé. En tout cas, jamais une conférence n’a eu autant la pression d’être celle du tournant dans la réponse à la pire épidémie que nous connaissons. Car, tout le monde le reconnait, à notre rythme actuel, les objectifs de 2020, le fameux 90-90-90, ne seront pas atteints !
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Prévention : faire pousser une herbe plus verte !

Mardi 24 juillet ouvrait le véritable premier jour de la conférence. Premières présentations, actions activistes et résultats d’études se succèdent en cascade. Difficile de tout capter, mais le monde de la recherche et celui des activistes se croisent et s’enchevêtrent. Et quand la science confirme des évidences et explore les inconnues restantes, la société civile se manifeste sans tarder pour réclamer leur mise en application. Du fondamental au réel, jamais l’écart n’a paru aussi grand.
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Criminalisation du VIH : pour une justice de faits !

Mercredi 25 juillet, c’est un enjeu crucial pour la vie des personnes qui a été discuté à la conférence d’Amsterdam. Dans le monde, les lois criminalisant la transmission voire la simple exposition au VIH restent légion. La communauté scientifique réunie à Amsterdam a voulu réaffirmer la primauté des faits et des preuves scientifique, et combattre l’ignorance et la stigmatisation sur lesquelles ces législations sont fondées. Kerry Thomas, détenu américain condamné à 30 ans de prison pour non-dévoilement de sa séropositivité, a pu témoigner auprès des journalistes. Il est le symbole des milliers de personnes criminalisées à travers le monde.
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Élimination du VHC : problèmes de terrain

Dans les pays à revenus moyens, les principaux obstacles pour l’élimination du VHC sont d’une part le manque de financements, mais surtout l’implication délicate des communautés. Or, dans la plupart des pays concernés, des politiques répressives envers les personnes consommatrices de produits sont à l’œuvre, sans le financement de programmes de réduction des risques auprès de ces personnes. En cette veille de la journée mondiale contre les hépatites, 28 juillet, une représentante de Coalition PLUS a présenté le rapport "Mind the gap", qui documente les contextes où la réponse à l’objectif d’éradication de l’hépatite C rencontre des obstacles. Coût des soins, éloignement des structures, idées reçues et stigmatisation sociale ou légale freinent de façon majeure les avancées nécessaires à la réponse à l’épidémie. L’exemple de l’Indonésie est flagrant et représentatif de beaucoup d’autres pays. Faiblesse du dépistage, discrimination des personnes, suivi et prise en charge très coûteux pour des personnes qui souvent n’obtiennent pas de traitement efficace facilement en dehors des villes. Le chemin est encore long avant d’atteindre les objectifs fixés par l’Organisation mondiale de la santé. C’est pourquoi, dans le cadre de la campagne de l’organisation Coalition PLUS "Say no to war on drugs", la question des personnes consommatrices de produits, des personnes co-infectées au VIH et au VHC est mise sous la lumière. Car hépatite ou sida, même(s) combat(s) !

Agnès Buzyn zappée

La ministre de la Santé française, Agnès Buzyn, s’est rendue mardi matin sur le stand rassemblant la délégation française présente à Amsterdam. L'intervention d'Aurélien Beaucamp, président de AIDES, devant Agnès Buzyn lors de l'inauguration du Stand France a souligné une fois encore l'inefficacité de la loi de 1970 de répression d'usage de produits psychoactifs, face aux objectifs de santé publique, à l'occasion de la réflexion en cours sur les contraventions pour les consommateurs de cannabis. Mais aussi l’importance de relancer une campagne grand public sur la Prep, comme AIDES vient de le faire en juin dernier. Malgré les arguments exposés par l'association, Agnès Buzyn est restée ancrée sur ses positions. Alors qu’un rendez-vous était organisé avec des travailleuses-eurs du sexe sur la situation en France, la discussion s’est brusquement terminée devant l’incompatibilité des points de vue. Alors, elle fut poursuivie dans les couloirs par une horde de parapluies rouges, hurlant "Sex work is work" ou plus directement "Putes assassinées, Buzyn complice", en référence à la loi de 2016 de pénalisation des clients des travailleuses-eurs du sexe ; loi qui précarise cette population déjà largement marginalisée. Deux exemples de criminalisation des populations clés qui sont autant inefficaces en matière de santé publique qu'elles sont irrespectueuses des droits humains fondamentaux.

Brevet du Truvada : et chèque et maths !

C’était la célébration sur le stand de Gilead, ce mercredi après-midi. Seulement voilà, ce n’était pas le laboratoire qui était à la fête. Les activistes, après une visite touristique menée par les militants-es, de stand en stand, ont fini sur le parquet cossu du stand confortable du laboratoire dans l’espace d’exposition. Dans leur dénonciation des pratiques abusives des laboratoires, des prix exorbitants et les mensonges auprès des autorités, les activistes ont annoncé leur (bonne) nouvelle, sous les hourras de la foule : Aurélien Beaucamp, président de AIDES, a révélé la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ; cette dernière a invalidé la demande de Gilead de prolongation de son brevet pour le Truvada, au niveau européen. En déboutant le laboratoire de sa demande de certificat complémentaire de protection (CCP), la CJUE autorise de fait la fabrication de génériques de Truvada, en indication préventive comme curative, dans les 28 pays de l’Union européenne. Une immense victoire, fruit d’une bataille juridique commencée en 2014, afin de mettre à mal la stratégie de monopole de Gilead, et sa tentative de repousser la fin du brevet de sa combinaison star, seule aujoud'hui recommandée en Prep. En d’autres termes, plus rien ne s’oppose désormais à la commercialisation de versions génériques du Truvada, un peu partout en Europe. Dans les travées, les cotillons et les cris de joie résonnent, en contraste avec la pâleur des visages des représentants-es du laboratoire. Cela pavoise outrageusement, jusque dans les communiqués : "Cette décision est une triple bonne nouvelle : pour les usagers-ères des systèmes de santé, pour les finances publiques et pour l’accès à la Prep partout en Europe", s’exclame AIDES. Et il y a de quoi : en France, ce sont plus de 760 millions d’euros que l’utilisation des génériques du Truvada aura permis d’économiser. Au niveau européen, cette décision de la CJUE se chiffrera en milliards d’euros d’économie et devrait ouvrir la voie à la Prep partout en Europe évitant ainsi des milliers de contaminations. Désolé… ou pas !

Prep : les activistes américains veulent casser le brevet

Les activistes américains ont lancé une nouvelle campagne de plaidoyer pour améliorer l’implémentation du traitement préventif contre le VIH. La coalition PrEP4all (Prep pour tous, ndlr) a lancé le hashtag #BreakThePatent ("Cassons le brevet"). Ils tiennent pour responsable l’industrie pharmaceutique et plus particulièrement Gilead de ne pas jouer le jeu en maintenant des prix élevés empêchant un passage à l’échelle quant à l’accès à la Prep pour celles et ceux qui en ont le plus besoin. Aux États-Unis, le laboratoire Gilead maintient son monopole sur le Truvada, seul médicament reconnu, testé et autorisé depuis 2012. Les brevets des deux molécules ont expiré, mais un brevet d’un autre composant court jusqu’en 2021. Pour les activistes, le laboratoire est dans une stratégie argent contre délai, en poursuivant les fabricants de génériques et en suspendant donc les médicaments moins chers à une décision de justice. Le prix actuel ne rend pas tenable la prise en charge par le système de santé américain du coût de la Prep pour les plus précaires. Les activistes défendent notamment les chiffres du CDC de début d’année, qui montrent l’écart béant entre le nombre de personnes effectivement sous Prep (125 000 aux États-Unis) et le nombre de personnes éligibles (1,2 million d’Américains). Et cet écart est particulièrement fort pour les hommes gays noirs ou latinos, les femmes et les personnes usagères de drogues, qui sont également discriminés pour ce qu’ils sont. L’accès à la Prep pour eux est donc également un enjeu de lutte contre les discriminations.

Aids aux États-Unis en 2020 : conflits d’intérêt mondial

Depuis le début de la semaine, les activistes américains et leurs soutiens présents à Amsterdam ne ménagent pas leurs critiques de l’administration Trump. En cause, les graves atteintes aux droits fondamentaux, du fait des politiques xénophobes et sérophobes du président étatsunien. Pour eux, la tenue de cette conférence, prévue dans les villes de San Francisco et Oakland, est dangereuse pour les futurs participants-es et l’IAS, organisatrice de l’événement, doit reconsidérer son choix. Reste qu’il demeure peu probable que celle-ci change d’avis.
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Le Fonds mondial ne doit pas se comporter comme une banque de développement

La lutte arrive à un moment décisif : alors que les progrès demeurent fragiles et que tout relâchement se traduit, comme en Europe de l’Est, par une reprise de l’épidémie, les financements demeurent cruciaux. Alors que le Fonds mondial quitte certains pays, ces derniers ne réussissent pas toujours à maintenir le cap sans lui. Michel Kazatchkine, envoyé spécial de l’Onusida en Europe de l’Est et Asie centrale, s’inquiète de voir ces "transitions" se faire sur des critères purement économiques et non sur la dynamique des pandémies.
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VIH en Europe de l’Est, le fond de l’air effraie

Bien que trop lents, les progrès dans la réponse à l’épidémie de VIH se voient partout, à une notable exception près. L’Onusida observe en Europe de l’Est et Asie centrale, une très forte résurgence des contaminations au VIH et des décès liés au sida. Une situation très inquiétante, reflet des reculs majeurs en termes de prévention et d’accès aux traitements, mais aussi des atteintes aux droits humains, notamment auprès des groupes les plus vulnérables à l’épidémie. Une rencontre autour de cette urgence a été organisée avec des acteurs de terrain et représentants d’instances internationales.
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