Aids 2020 : une édition virtuelle !

Publié par Sophie-seronet le 21.07.2020
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C'est au tour de la plus importante et grande conférence mondiale sur le VIH de subir les conséquences de la crise sanitaire liée à la Covid-19 et d’annoncer le remplacement de l’événement en présentiel par une édition 2020 numérique. Voici un retour de l'événement qui s'est déroulé du 6 au 10 juillet… en virtuel.

Une édition virtuelle

En mars 2018, quand l’IAS avait annoncé le pays hôte, le choix avait été contesté par des activistes du monde entier, tant le bilan de Trump plaidait contre les États-Unis : interdiction de servir l’armée en tant que personnes trans ou personnes vivant avec le VIH, expulsions et séparations des familles de migrants-es, politiques stigmatisantes sur le travail du sexe, volonté de se désengager financièrement de la lutte contre le sida, politique discriminatoire d'obtention de visas ciblant des pays arabes (cela avait largement perturbé les invitations et venues de scientifiques à la Croi, par exemple). « Terroriser les migrants, séparations forcées, répression des travailleurs du sexe, guerre contre les usagers de drogues, frontières fermées, le mur, violences policières, violences racistes fondées sur la suprématie blanche. Voici l’Amérique de Trump », listaient, remontés-es et critiques, les activistes de la lutte contre le sida dans un communiqué publié le 26 juillet 2018, lors de la précédente conférence mondiale sur le sida à Amsterdam.
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Les faits Covid !

Tout a démarré lundi 6 juillet par la traditionnelle plénière d’ouverture. Outre les politesses d’usage, le petit mot de bienvenue, son intérêt est de poser quelques premiers jalons sur les temps forts de l’édition en cours, de tracer les lignes de force en résonance avec le thème de l’édition (la résilience, cette année), de proposer une forme de bilan des deux années écoulées.
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Les vies des PVVIH comptent

Un intitulé qui fait leçon d’histoire. Allait-on verser dans la nostalgie ? Étonnamment non ! La plénière de ce deuxième jour de conférence virtuelle s’est ouverte par une présentation puissante et brillante de Greg Millet, vice-président de l’association Amfar (1), également épidémiologiste et chercheur très réputé dans la lutte contre le VIH. Vêtu d’un tee-shirt noir avec l’inscription Black Lives Matter brodée en blanc avec des noms de personnes noires américaines victimes de violences policières, Greg Millet a débuté sa présentation en évoquant les inégalités d’accès à la santé aux États-Unis. Ce qui devait être un cours d’histoire s’est vite révélé être un ardent plaidoyer pour un système de santé plus juste et égalitaire, qui ne laisse pas sur le côté de la route les minorités les plus exposées au VIH et en particulier les communautés afro-américaine, latinos et LGBT+.
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Les facteurs (sociaux) frappent toujours deux fois…

Cette troisième journée de conférence s’est ouverte par une présentation en plénière de Celeste Watkins-Hayes, sociologue américaine et spécialiste des questions ethniques, de la pauvreté urbaine, de la politique sociale, des classes sociales et de genres et du VIH. Sa présentation visait à démontrer quels sont les principaux facteurs sociaux qui ont un impact sur l’épidémie de VIH/sida et comment les sciences sociales peuvent jouer un rôle dans les problématiques actuelles liées à cette épidémie. Dès la première minute de son propos, la sociologue parle de l’actualité sociale américaine dominée par les violences policières, le racisme et le mouvement Black Lives Matter (Les vies des Noirs-es comptent) comme l’ont fait ses deux prédécesseurs lors des plénières précédentes. Puis tout au long de sa présentation, Celeste Watkins-Hayes utilise une métaphore, illustrée par un montage photo montrant à gauche une petite barque de fortune et à droite un yacht vaste et luxueux. Au sujet de la pandémie actuelle de Covid-19, elle déclare : « Nous naviguons tous en eaux troubles mais, hélas, nous ne sommes pas tous dans le même bateau ».
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Un monde en Prep !

C’est une des nouvelles importantes dans le domaine de la prévention biomédicale. D’ailleurs, dans une interview au site Pharmaceutiques (8 juillet), le Dr Laurent Finkielsztejn, responsable médical du laboratoire ViiV Healthcare France, ne ménageait pas ses effets : « L’un des événements de la conférence sera à coup sûr la présentation les 8 et 9 juillet des résultats finaux de l’étude HPTN-083. Menée sur 4 600 participants dans diverses régions du monde, elle démontre l’efficacité d’une injection bimestrielle de cabotégravir en prophylaxie pré-exposition. C’est la première fois qu’on prouve qu’un médicament à action prolongée est capable de prévenir l’infection au moins aussi bien que le traitement Prep oral quotidien ». De fait, l’annonce a beaucoup été reprise par les sites d’infos spécialisés dans le VIH.
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Autosatisfaction et évidences !

Au 4e jour de la conférence, la plénière d’ouverture avait un ton et un fond bien différents de celles des jours précédents. La parole était donnée à l’ambassadrice Deborah Birx, également médecin et diplomate américaine. Depuis 2014, Deborah Birx est coordinatrice mondiale du programme VIH/sida aux États-Unis et, à ce titre, elle est responsable de Pepfar (1). Depuis mars 2020, elle est également coordinatrice pour le groupe de travail sur le coronavirus de la Maison-Blanche. On la voyait d’ailleurs régulièrement lors des conférences de presse de Donald Trump sur la Covid-19. C’était donc la première représentante de l’administration en place à prendre la parole en plénière depuis l’ouverture de la conférence… qui se tient aux États-Unis. Il est intéressant de noter que, contrairement aux plénières précédentes, aucune référence n’a été faite dans cette intervention à l’actualité sociale américaine, ni au mouvement Black Lives Matter (Les vies des Noirs-es comptent), dont tout le monde parle depuis des semaines.
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Sans langue de bois… et sans espoir ?

Peter Piot a prononcé un discours franc et sans langue de bois. Il a indiqué, sans détours : « Il faut qu’on soit réaliste. À ce stade, nous n’arriverons pas à mettre fin au sida en 2030 » avant d’ajouter « 700 000 décès des suites du sida l'année dernière, c'est non seulement une tragédie, mais aussi un scandale ! Chacun de ces décès aurait pu être évité et on ne devrait jamais accepter que des personnes meurent d’une infection qui peut être évitée et traitée ». Évidemment, ce grand spécialiste de la lutte contre le sida a ses solutions. Durant son intervention, il a énuméré cinq actions à mettre en place dans les dix prochaines années si on veut changer la donne et éviter l’échec en 2030.
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