Durban 2016 : les temps forts

Publié par Sophie-seronet le 02.08.2016
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Durban a accueilli la Conférence mondiale sur le sida, Aids 2016, du 18 au 22 juillet 2016. Seize années après la précédente, qui avait marqué un moment charnière dans la prise de conscience mondiale sur l’épidémie, notamment en Afrique. Voici une compilation des temps forts.

L’Afrique du Sud, le bon élève du continent africain ?

La boucle est bouclée. Plus de quinze ans après la première conférence mondiale sur le sida sur le continent africain, la ville de Durban accueille une nouvelle fois l’International aids society, du 18 au 22 juillet prochain. En matière de lutte contre le VIH, l’Afrique du Sud partait d’assez loin. Au début du troisième millénaire, le pays possédait l’un des plus hauts taux de prévalence du virus parmi sa population : 24,5 % en 2000. Nelson Mandela, ancien président d’Afrique du Sud, avait rappelé en 2000 dans son discours de clôture de la conférence, que si rien n’était fait, un jeune Sud-africain sur deux mourrait des suites du sida. Alors même que les gouvernements du moment refusaient de prendre en compte l’épidémie, voire mettaient en péril la lutte contre le sida, en contestant le danger immédiat de l’épidémie. Depuis, des politiques de santé publique ont permis à un des pays les plus riches d’Afrique de faire d’énormes progrès, certes encore insuffisants, contre le VIH.
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L’Afrique du Sud accueille de nouveau la lutte mondiale contre le VIH

"Des progrès considérables ont été réalisés dans la réponse au VIH/sida depuis le dernier rassemblement de la communauté mondiale de lutte contre le VIH à Durban, en 2000. Comme première étape, il fallait ralentir la propagation du VIH. A présent, il s’agit d’accélérer les investissements et l’action pour un ordre du jour solide en matière de droits humains et de justice sociale". Voici les mots introductifs de la deuxième déclaration de Durban, seize ans après la première. Ce texte, en forme de pétition des organisateurs, membres de l’International aids society (IAS), vient inscrire les progrès accomplis, sans oublier de souligner le chemin qui reste à parcourir. Le slogan de cette année : "L’accès, l’équité et les droits – Dès maintenant !"
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Durban : les annonces de Valérie Pécresse pour l’Ile-de-France

(Brève) La première ? La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (les Républicains) a dégainé sa tribune sur le VIH ("Contre le VIH, ne baissons pas la garde", sur le Huffington Post) le 18 juillet avant même l’ouverture officielle de la conférence mondiale sur le sida de Durban. On y trouve des généralités d’usage (cocoricos sur l’action exemplaire de la France dans la lutte contre le VIH, salutations à Jacques Chirac pour Unitaid et la création du Fonds mondial, etc.), le rappel des enjeux (dont le titre de la tribune donne le sens) et évidemment une mise en avant de l’engagement personnel de l’ancienne ministre sur cette question. "J'ai souhaité que la Région d'Ile-de-France soit à la pointe de ce combat. Elle est en effet la première région française concernée par l'épidémie : aujourd'hui, près de la moitié des nouveaux cas de séropositivité est découverte en Île-de-France et un tiers des personnes vivant avec le VIH en France habite sur le territoire francilien. C'est sur la base de ce constat, et alors que les moyens d'inverser la courbe de l'épidémie sont connus et scientifiquement démontrés, que le Conseil régional d'Ile-de-France a décidé, le 17 juin 2016, la mise en place d'un plan stratégique ambitieux : Pour une région Ile-de-France sans sida", rappelle-t-elle. L’ancienne ministre insiste évidemment sur le dépistage et l’accès "pour les populations les plus à risque" aux nouveaux modes de dépistage. Elle explique ainsi que "La diffusion d'autotests à coût réduit, en s'appuyant sur Unitaid, tout comme la généralisation de la PrEP seront portés par la Région", sans détailler comment. Reste que cette annonce est officielle. Valérie Pécresse explique aussi : "La recherche en infectiologie est aussi ma priorité, et constituera un domaine d'intérêt majeur (Dim) pour notre Région. J'ai en effet la conviction que l'Ile-de-France, qui est à la pointe de la recherche sur le VIH/sida, sera en capacité de mettre en place le premier vaccin contre le sida". C’est du reste ce "message d'espérance et de solidarité" qu’elle a demandé à ses deux ambassadeurs : les conseillers régionaux Jean Spiri (LR), président du Crips et Jean-Luc Romero-Michel (PS) et ancien président du Crips, de porter sur place à la conférence de Durban.

Welcome to Durban !

Ça y est, nous sommes arrivés. Après un périple de dix-huit heures, escale comprise, nous voici à Durban. Cette semaine, Durban sera la capitale mondiale de l’activisme et de la recherche contre le VIH/sida. Elle accueille plus de 20 000 participants, militants, scientifiques, politiques et aussi journalistes, prêts à en découdre jusqu’au 23 juillet prochain. Le week-end dernier, les premiers conférenciers ont participé aux sessions préliminaires, qui précèdent les sessions officielles, commençant mardi matin. Impossible de s’enregistrer hier dimanche, alors ce matin, il fallait se lever tôt (et faire la queue) afin d’obtenir son précieux sésame pour accéder à la conférence. Après une bonne heure d’attente et une séance de photo, le badge tant désiré est dans nos mains. Bon, pour moi, le badge indique Alain Michel au lieu de Mathieu, mais cet aléa ne gênera en rien pour assister aux sessions ou présentations dans le grand ICC (International convention center).
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Durban, une première journée très politique

Après une arrivée très matinale sur le site de la conférence et la prise de repères dans l'International convention center (ICC) de Durban, les activistes et participants présents ont été invités à rejoindre la grande marche de la société civile, inauguration de l’activisme qui va ponctuer les sessions de la conférence. A midi, les bus ont convergé vers le Zulu Park de Durban, où près de 10 000 personnes ont prévu de traverser le centre ville, direction l'ICC. A l’initiative de l’organisation TAC (Treatment action campaign), la plus importante association de personnes touchées en Afrique du Sud, les militants du monde entier ont défilé devant la population sud-africaine. L’accès aux traitements pour tous, la baisse inexorable des financements internationaux contre l’épidémie, ou encore la fin de la stigmatisation des groupes les plus vulnérables au VIH, les motifs de mécontentement et de revendications sont nombreux.
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Le discours militant de Charlize Theron

Chaque conférence mondiale sur le sida donne, tradition oblige, lors de la cérémonie d’ouverture, la parole à une célébrité, le plus souvent une vedette alliant notoriété planétaire et engagement militant. Cette année, c’est l’actrice sud-africaine Charlize Theron qui a marqué les esprits avec une intervention atypique, d’une grande sincérité et d’une grande force militante. Une fois n’est pas coutume ce discours était libre de droit. Seronet vous propose une traduction.
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VIH/sida : première cause de mortalité des 10-19 ans en Afrique

(Brève) Le sida reste "la première cause de mortalité" chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans en Afrique, a dénoncé l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance ) lundi 18 juillet au premier jour de la conférence internationale sur le sida en Afrique du Sud. L’institution onusienne a souligné que "la bataille" contre la maladie n'était "pas terminée". "En dépit des progrès remarquables réalisés dans la lutte contre le sida (…) le sida reste la deuxième cause de mortalité des 10-19 ans dans le monde, et la première cause de mortalité dans cette tranche d'âge en Afrique", a précisé le directeur exécutif de l'Unicef, Anthony Lake, dans un communiqué. "Le nombre de décès liés au sida parmi les adolescents âgés de 15 à 19 ans a plus que doublé depuis 2000. Dans le monde en 2015, il y a eu en moyenne 29 nouvelles infections toutes les heures" dans cette tranche d'âge. Les jeunes filles sont les plus vulnérables : "Elles représentent 65 % des nouvelles infections chez les adolescents dans le monde", ajoute le communiqué. "En Afrique subsaharienne, qui abrite environ 70 % des personnes vivant avec le sida, trois adolescents sur quatre nouvellement infectés par le sida en 2015 étaient des filles", précise l'Unicef. Une enquête réalisée par l'agence onusienne auprès de 52 000 jeunes dans seize pays du monde a révélé que 68 % des personnes interrogées ne voulaient pas faire le test du sida "de crainte d'un résultat positif et de crainte d'être stigmatisées". Le nombre de nouvelles infections de la mère à l'enfant, liées à la transmission du virus à la naissance ou pendant l'allaitement, a sensiblement diminué, de l'ordre de 70 % depuis 2000, constate l'agence onusienne. En 2015, la moitié des nouvelles infections parmi les enfants âgés de 0 à 14 ans a été enregistrée dans seulement six pays, dont cinq situés en Afrique : Afrique du Sud, Kenya, Mozambique, Nigeria et Tanzanie. "Les progrès indéniables réalisés au cours des trois dernières décennies ne signifient pas que la bataille est terminée", a insisté Anthony Lake. "La lutte ne sera pas terminée tant que nous ne redoublerons pas nos efforts de prévention et de traitement, (...) tant que la stigmatisation et la peur empêchent des jeunes de se faire tester".

Deuxième jour sans concessions à Durban

Deuxième jour de conférence, mais le premier des sessions officielles. Au cœur de l’ICC (International convention center), les participants peuvent assister à un nombre incalculable de présentations, débats ou interventions. Ce mardi, la session plénière du matin a réservé de beaux moments, puis la PrEP avait le beau rôle, avec des chiffres intéressants venus des Etats-Unis. Compte-rendu.
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VIH : MSF défend "l’effet domino" à Durban

(Brève) "Seul un effet domino positif pourra arrêter l’épidémie". C’est ce message qu’a souhaité faire passer Médecins sans frontières (MSF) à la conférence de Durban. Le chiffre n’est pas souvent cité, mais pour atteindre l’objectif de 2020, la fin de l’épidémie, il faut que 30 millions de personnes nouvelles aient accès aux traitements. MSF a expliqué, le 19 juillet dans un communiqué, ce qu’était cet "effet domino". "Pour mettre un terme à l’épidémie du sida, les personnes doivent être testées le plus tôt possible, les projets doivent se rendre au sein des communautés et les soins doivent être améliorés particulièrement en Afrique de l’ouest et centrale", a expliqué MSF. "En bref : nous devons créer un effet domino positif.  En Afrique de l’ouest et centrale, 6,5 millions de personnes vivent avec le VIH et seulement une personne sur quatre est sous traitement. Un tiers des décès est provoqué par le sida dans cette région. A Kinshasa, en République démocratique du Congo, une personne sur quatre qui se rend à l’hôpital pour le VIH, est si malade qu’elle ne peut pas être sauvée. Plus de 84 % qui décèdent à l’hôpital Beberati en République centrafricaine, meurent des suites du sida, a explique l’ONG. "Les soins pour le VIH et le sida sont bâtis sur une pile de dominos : via des travailleurs de la santé locaux, c’est la communauté globale qui est impliquée dans les tests et les traitements des personnes où celles-ci travaillent et vivent, et dans le fait qu’elles puissent obtenir leurs médicaments tout au long de leur vie", a ainsi expliqué Musa Dlovu, coordinateur adjoint de MSF en Afrique du sud. "Ces personnes au niveau local forment l’arme qui permettra d’améliorer les soins. Les gouvernements doivent s’assurer que ces groupes soient professionnels", a-t-il précisé. Pour MSF, cet "effet domino positif" fonctionne en Afrique du sud. "Les dernières données de MSF montrent que les projets sida qui sont portés par la communauté, procurent et bâtissent un lien décisif entre les tests et les traitements à vie pour le VIH/sida. C’est crucial que les personnes soient testées avant qu’elles tombent malades car cela donne une chance de réduire drastiquement le transfert du virus du sida", a expliqué MSF qui a fait mention de son projet pilote mené au KwaZulu-Natal. Dans cette province d’Afrique du Sud, les travailleurs de la santé font du porte-à-porte afin de dépister les personnes pour le VIH. De cette façon, ils peuvent atteindre les personnes de tous âges et cela, de façon moins onéreuse que via des hôpitaux. Cette approche est efficace pour atteindre des personnes qui n’ont jamais été testées parmi lesquelles, on trouve des étudiants, des jeunes, des hommes et femmes qui ne se rendent jamais dans une clinique ou un hôpital. Cette stratégie a aussi permis de toucher des personnes séropositives pour le VIH plus précocement, ce qui a permis un taux de survie plus élevé chez les personnes concernées et de faire baisser les risques de transmission de l’infection.

Durban à plein régime

Impossible donc de tout voir, de tout faire. Village associatif, sessions concomitantes du matin au soir, les marches et actions activistes, les possibilités sont très (trop ?) nombreuses. Les réseaux sociaux sont bien utiles pour être là où l’on ne peut pas être et obtenir un semblant de don d’ubiquité. Enfin presque… Alors on fait de son mieux, on s’entraide dans la salle de presse, mais on finit par faire des choix, en fonction de ses affinités, des sujets les plus cruciaux vus d’où l’on vient. Mais pour ne pas exploser en vol, on s’accorde quelques moments, sous le soleil doux de l’hiver de l’hémisphère sud. La fatigue se lit déjà sur les visages, mais l’ambiance reste incroyablement puissante. Les discussions sont passionnées, les appels nombreux et aucun participant ne restreint ses ardeurs pour défendre ses combats.
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VIH : un responsable russe s’explique dans "Le Monde"

(Brève) Le nombre des nouvelles infections par le VIH diminue dans de nombreux pays, reste stable dans d’autres… Il existe une exception de taille, une région où ce nombre augmente fortement : la région Europe orientale et Asie centrale. Dans un récent rapport, l’Onusida a mentionné que cette augmentation était de 57 % entre 2010 et 2015. Dans cette région, deux pays concentrent à eux seuls 85 % de cette augmentation : la fédération de Russie et l’Ukraine. L’occasion de la conférence de Durban, "Le Monde" (19 juillet) a proposé une interview de Vadim Pokrovsky, le directeur du Centre fédéral russe de lutte contre le sida, qui n’est pas connu pour mâcher ses mots, mais sait aussi faire preuve de diplomatie. Interrogé par le quotidien français sur la situation russe en matière de VIH, Vadim Pokrovsky explique : "Nous avons dépassé le million d’infections et avons enregistré 100 000 nouveaux cas en 2015, dont 56 % chez des usagers de drogue injectable. L’injection de drogue est la principale voie de transmission". En différentes occasions : interviews, commentaires des données épidémiologiques russes, Vadim Pokrovsky a souvent défendu la mise en place d’une politique de réduction des risques qu’il appelle de ses vœux. "Le Monde" lui a donc demandé comment y parvenir alors que la politique officielle actuelle s’y oppose. "La politique de traitement de la toxicomanie, qui vise au sevrage de la drogue, n’est pas très efficace. Impossible de s’attendre à ce que tous les usagers qui s’injectent de la drogue y souscrivent et arrêtent les injections (…) Nous avons vu les résultats obtenus dans les pays comme l’Espagne, les Pays-Bas ou la France, qui ont mis en place des programmes de substitution : ils ont obtenu durablement des taux très faibles d’infection parmi les usagers de drogue injectable. Mais nos décideurs estiment qu’il vaut mieux traiter l’usage de drogue en vue du sevrage que de donner gratuitement de la méthadone. C’est le principal point de discussion avec eux. Je crains fortement que si nous ne parvenons pas à arrêter l’épidémie chez les usagers de drogue, celle-ci se répande dans le reste de la population (…) 42 % des nouvelles infections ont lieu en Russie chez des personnes qui ne consomment pas de drogue mais sont les partenaires sexuels d’une personne qui s’injecte un produit". Bon pas vraiment de solution donc à ce blocage institutionnel, mais l’interview du responsable russe n’est pas complètement désespérante. En effet, on y comprend, au détour d’une des réponses de Vadim Pokrovsky au journaliste Paul Benkimoun que les autorités russes croient dans le Tasp. "Nos dirigeants estiment que la meilleure stratégie est de détecter et mettre immédiatement sous traitement les personnes séropositives, car celui-ci permet aussi de protéger les partenaires".

Pas de Brexit à Durban !

L’avant-dernière journée de la conférence de Durban a été marquée par la venue de deux invités britanniques de marque. Non sans un dispositif impressionnant, le Prince Harry, a été la tête d’affiche de ce jeudi, dans une conférence où les célébrités se sont succédé. En présence du chanteur gay Elton John, engagé contre la stigmatisation des jeunes LGBT avec sa fondation, il a défendu une lutte inclusive où la nouvelle génération sera partie prenante du combat contre l’épidémie dans le monde. Loin de ces projecteurs, d’autres sessions se sont révélées intéressantes dans la façon dont le monde s’attelle et regarde la lutte contre le sida et laisse, encore, des personnes sur le bord de la route.
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Clap de fin à Durban

La studieuse semaine se referme. Les participants ont assisté aux dernières sessions et à la traditionnelle cérémonie de clôture. Le Village associatif, grouillant et bruyant depuis cinq jours, s’est tu. L’ensemble des travaux et réflexions sont maintenant dans les bagages des conférenciers. Fatigués mais certainement regonflés dans leur envie de continuer le combat contre l’épidémie. Dernier retour, sur le chemin du retour, sur la fin d’une semaine animée et militante, faite de bonnes et mauvaises nouvelles, mais riche en toutes parts de rencontres, d’échanges et de nouvelles données. La dernière salve d’actualités de la conférence, c’est maintenant.
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De Durban à Durban : entre progrès et nouveaux défis

En 2000, dans ce pays parmi les plus touchés par l'épidémie de sida, s’était déjà déroulée une conférence similaire. Elle avait marqué un tournant dans la lutte contre le VIH. Elle joua d’ailleurs un rôle de tremplin dans l’accès aux médicaments, en particulier pour les pays du Sud qui concentraient alors le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH, mais n’avaient paradoxalement qu’un très faible accès aux antirétroviraux.
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VIH et drogues : les experts s’alarment des mauvaises mesures

(Brève) En amont de la conférence, Chris Beyrer, président de l'International aids society, a publié, avec un ensemble de chercheurs, une série d’études sur le VIH/sida dans la revue scientifique "The Lancet", l’une concerne les personnes en détention. "Les prisons peuvent agir comme des incubateurs pour la tuberculose, l'hépatite C, le VIH, et la grande mobilité entre prison et extérieur signifie que la santé des prisonniers doit être une préoccupation majeure. Pourtant, examens et traitements pour ces maladies sont rarement disponibles pour les détenus", souligne Chris Beyrer dans cette étude. Ce qui préoccupe les auteurs, c’est le fait que l’on procède à l’incarcération massive des personnes usagères de drogues dans le monde. Les personnes en détention sont plus souvent porteuses du VIH, du VHC et de la tuberculose que la population générale. On pourrait logiquement penser que des mesures de prévention, d’accès aux soins, de prise en charge se sont généralisées dans les établissements pénitentiaires. Ce n’est pas le cas. La réponse des administrations est "lente et au coup par coup", dénonce Chris Beyrer. "La majorité des gouvernements continue à ignorer l'importance stratégique des soins en prison pour la santé publique". Et pourtant vacciner les personnes en détention, délivrer des traitements antirétroviraux, améliorer les conditions d'hygiène, distribuer des aiguilles stériles aux personnes injectrices, des préservatifs, mais aussi réfléchir au traitement pénal réservé à l'usage de drogue, sont autant de mesures importantes, écrivent les auteurs dans leur étude. Et les experts de dénoncer certains choix politiques et leurs conséquences. "Jusqu'à la moitié des infections au VIH ces quinze prochaines années en Europe de l'Est, proviendra de ce risque accru de contamination entre personnes co-détenues qui s'injectent des drogues", explique l’étude. "La détention pourrait être aussi responsable des trois quarts des nouvelles infections par la tuberculose affectant les personnes usagères de drogues", ajoutent les experts. "La plupart des stratégies imposent une tolérance zéro à l'égard des usagers de drogues. Mais le fait que les taux d'infection continuent de grimper confirme que cette approche ne marche pas", dénoncent-ils.

Un quart pour la prévention du VIH : une priorité à assurer dans l'agenda mondial

(Brève) D’accord, le titre n’est pas flambant, mais l’objectif est noble. C’est sous le nom :"Un quart pour la prévention du VIH" qu’a été lancée une nouvelle campagne qui appelle à la "hausse des investissements dans des programmes de prévention efficaces jusqu'à au moins 25 % des ressources mondiales consacrées au VIH". Cette initiative a été prise par l'Onusida et la Banque mondiale qui ont organisé, lors de la conférence de Durban un événement à ce sujet. Evénement… disons plutôt une table ronde avec Michel Sidibé, directeur exécutif de l'Onusida, David Wilson, directeur du Programme VIH/sida de la Banque mondiale, Deborah Birx, Coordonnatrice pour les Etats-Unis de la lutte mondiale contre le sida et les ministres de la Santé d'Afrique du Sud, du Swaziland et du Zimbabwe, quelques responsables de programmes nationaux de lutte contre le sida et des représentants du Fonds mondial. Il s’agissait pour les participants d’échanger sur les moyens d'assurer à la fois la disponibilité d'investissements suffisants et l'inclusion des populations clés, des femmes et des jeunes dans des programmes efficaces de lutte contre le VIH. "Les participants ont fait valoir que seul un doublement des efforts de prévention permettrait de lutter contre la tendance inquiétante des nouvelles infections à VIH chez les adultes qui ne baissent plus depuis au moins cinq ans", indique un communiqué de l’Onusida. "L'objectif 90-90-90 devrait être associé à une prévention complète et nous avons des piliers de prévention clés qui couvrent la prévention combinée pour les jeunes femmes et les adolescentes, des programmes pour les populations clés, l'accès universel aux préservatifs, la circoncision masculine médicalisée volontaire et la prophylaxie pré-exposition", a expliqué Michel Sidibé. "Le vrai problème qui nous attend est d'ordre démographique et épidémiologique. Avec de meilleures données, nous pourrons cibler les bonnes populations aux bons endroits. Il nous faut le même engagement et la même rigueur dans les données sur la prévention qu'avec celles qui concernent le traitement", a estimé, de son côté, Deborah Birx, coordonnatrice pour les Etats-Unis de la lutte mondiale contre le sida.

VIH : le rapport d'Aids Watch Africa adopté par l'Union africaine

(Brève) Mi juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement africains, réunis au 27e sommet de l'Union africaine, ont validé un rapport de Aids Watch Africa qui salue la déclaration politique sur la fin du sida récemment adoptée aux Nations Unies et recommande qu'elle soit incluse dans les plans stratégiques nationaux de riposte au sida du continent. Ces dirigeants ont appelé les Etats membres à étudier des mécanismes innovants afin d'accroître le budget issu de ressources nationales consacré à la santé, tout en insistant sur le maintien de la solidarité mondiale, qui reste importante pour riposter au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Bref, plus d’efforts financiers nationaux tout en demandant à ce que le Fonds mondial ne baisse pas ses investissements. Autre figure classique de ce type de réunion, un appel de ces dirigeants à "renforcer le secteur pharmaceutique africain pour favoriser la santé publique et le développement", sans faire de propositions concrètes. "Aids Watch Africa va continuer de jouer un rôle de leadership capital dans le processus de mise en œuvre des politiques de santé du continent à divers niveaux. Continuons de faire entendre nos voix individuellement et collectivement par l'intermédiaire d'Aids Watch Africa pour défendre une plus grande mobilisation des ressources et une plus grande responsabilisation, dans le sens des engagements que nous avons pris en 2013 à Abuja de mettre fin au sida, à la tuberculose et au paludisme d'ici à 2030", a expliqué Idriss Déby Itno, président du Tchad et président de l'Unionafricaine et de Aids Watch Africa.

Dépistage : l’initiative de l’OIT s’avère payante

(Brève) Il y a quelques années, l’OIT (Bureau international du travail) a lancé l’initiative VCT@Work, un plan de conseil et de dépistage volontaire pour les travailleurs. A l’occasion de la conférence de Durban, l’OIT a publié un rapport sur cette initiative. Il montre que ce plan a touché près de cinq millions de travailleurs. Suite à cette sensibilisation, entre juillet 2013 et décembre 2015, près de trois millions de travailleurs ont passé le test de dépistage du VIH ; plus de 85 000 personnes qui avaient été diagnostiquées séropositives ont été orientées vers des services de prise en charge. L’OIT, l’Onusida et leurs partenaires ont présenté les résultats de cette initiative au cours de différentes sessions. Dans un communiqué, le directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a indiqué : "Pour la première fois, nous obtenons des résultats qui démontrent clairement l’impact de la réponse au VIH sur les lieux de travail. Quand les travailleurs sont informés en temps utile de leur statut VIH, ils peuvent prendre le traitement adéquat et continuer de vivre en bonne santé et rester des membres productifs de la main-d’œuvre". "Le lieu de travail offre une occasion unique d’étendre les services de dépistage du VIH", a-t-il ajouté. Cette initiative a été mise en place en 2013 dans 34 pays. "C’est le type d’innovation dont nous avons besoin pour dispenser aux gens des services liés au VIH dans leur vie quotidienne", a expliqué Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida. Environ 60 % des personnes touchées sont des hommes : cela confirme que les lieux de travail représentent un énorme potentiel pour mobiliser la population masculine, qui est considérée comme la plus difficile à atteindre en matière d’information, de dépistage, de conseil et de traitement du VIH. Autre donnée : 62 % des personnes sensibilisées au VIH ont eu accès à des services de dépistage du VIH. L’OIT prévoit de donner de l’ampleur à son initiative VCT@Work en vue d’accélérer la riposte mondiale au sida au cours des cinq prochaines années.

Etre activiste aux Seychelles, c’est être confronté à la solitude

Les Seychelles sont souvent perçues comme un véritable petit paradis terrestre. Pourtant l’envers de ce décor de carte postale montre une prévalence au VIH de 14 % chez les hommes gays (HSH) et de 4 % chez les consommateurs de drogues injectables en 2011, dans ce petit pays de 90 000 habitants. Cette année, le président réélu a annoncé d’une part la dépénalisation de l’homosexualité, encore passible de prison, ainsi qu’une abrogation future de la loi criminalisant les drogues, deux bons signaux pour la prévention et la lutte contre le VIH. Lors de la conférence mondiale sur le sida de Durban, la délégation seychelloise comptait trois activistes. Rencontre avec Ronny Arnephy, vice-président de LGBT Sey, qui revient sur ces avancées  sociales majeures.
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Durban 2016 : des rencontres au Global village

Le centre de la conférence Aids 2016 de Durban se composait de trois espaces : celui des salles de conférences et ateliers, celui consacré aux stands des laboratoires et aux représentations institutionnelles et le Global Village. C’est ce dernier que trois militants de AIDES, Agnès Daniel, Stéphane Calmon et Stéphan Vernhes, présents à Durban ont souhaité présenter… au gré de leurs rencontres.
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Populations clés : au cœur de la riposte et en marge des priorités

Cette année, la conférence mondiale sur le sida de Durban avait pour thème "l'accès, l'équité et les droits, dès maintenant !". Un excellent sujet qui s’inscrivait dans un contexte assez paradoxal comme l’a d’ailleurs pointé AIDES lors de la conférence. Explications.
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Pénalisation du VIH en hausse en Afrique subsaharienne

(Brève) Dans le monde, 72 pays ont adopté des lois permettant de pénaliser la transmission du VIH ; la plupart de ces lois sont d’ailleurs spécifiques au seul VIH. Des poursuites judiciaires pour non déclaration de la séropositivité, transmission involontaire, risque d’exposition ont désormais été rapportées dans 61 pays. Dans ces 61 pays, 26 ont appliqué une législation spécifique au VIH et 32 des lois générales de santé publique. C’est ce qu’a rapporté, à la conférence de Durban, un collectif d’associations spécialisées sur la pénalisation du VIH : le HIV Justice Worldwide. Rien qu’en 2015, treize pays du continent africain ont adopté des lois pénalisant la transmission volontaire ou non du VIH et le risque d’exposition sous différentes formes. Il s’agit notamment du Bostwana, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, de l’Ouganda, etc. Conséquence : une augmentation des poursuites depuis 2015 au Bostwana, en Afrique du Sud, en Ouganda et tout particulièrement au Zimbabwe. Ce phénomène connaît un net développement en Afrique subsaharienne, ce qui inquiète de nombreux experts du VIH qui considèrent que la pénalisation ne fonctionne pas comme stratégie de santé publique.

VIH : les traitements "de rattrapage" restent hors de prix

Les médicaments "de troisième ligne" coûtent 18 fois plus cher que ceux utilisés en première intention. La concurrence des producteurs de génériques a permis de réduire le prix des antirétroviraux de 90 % en quinze ans. Mais les accords commerciaux et la pression sur l’Inde risquent de compromettre ces avancées, a dénoncé Médecins sans frontières (MSF) lors de la Conférence de Durban.
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VIH : les financements en crise

Le 15 juillet, la très mauvaise nouvelle est tombée : les financements sont en baisse en matière de lutte contre le sida. Ce signal particulièrement alarmant a fait réagir personnalités et organisations non gouvernementales de la lutte contre le sida. Les enjeux d’accès aux traitements sont colossaux. Nous sommes à un "moment critique" et les financement marquent le pas et baissent même.
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Afrique de l’Ouest : la prévention chez les gays est une priorité

Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) représentent une population clé de l’infection par le VIH, notamment dans les pays d’Afrique, où l’homosexualité suscite un fort rejet social. L’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) conduit une étude de cohorte en Afrique (ANRS CohMSM) sur ce groupe et ses besoins en prévention. Des résultats de l’étude conduite par Christian Laurent (Institut de recherche pour le développement, unité TransVIHMI) ont été présentés à la conférence de Durban.
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Plus que jamais, le sida est politique

C’est une des spécificités des conférences internationales sur le sida, la dimension politique est pleinement intégrée dans le programme, des plénières aux sessions, mais aussi en marge, autours d’événements activistes et alternatifs en regard des sessions officielles. La conférence de Durban n’a pas fait exception, au contraire même !
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