Jean-Luc Mélenchon se positionne pour Seronet

Publié par jfl-seronet le 18.01.2012
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Jean-Luc Mélenchon est le candidat du Front de Gauche à l’élection présidentielle 2012. Sollicité par Seronet, il parle de sujets sur lesquels il s’est jusqu’à présent peu exprimé : lutte contre le sida, financement de la santé, légalisation des drogues, pénalisation, etc. Interview exclusive sur Seronet.

Crédit photo : Stéphane Burlot

En 2011, différentes mesures législatives ont été prises concernant la situation des personnes étrangères et tout spécialement celles qui sont malades qu’elles soient ou non en situation irrégulière. L’Aide médicale d’Etat (AME) a ainsi été largement réformée et le droit au séjour pour soins sévèrement attaqué. Que pensez-vous de ces décisions ?
Ces décisions sont contraires à toute logique de santé publique. La criminalisation de l'étranger est un leitmotiv des politiques de la droite directement repris au FN et à son travail pour nourrir la peur de l’autre. C’est absurde car microbes et virus ignorent la nationalité des personnes qu’ils frappent. Cette stigmatisation touche les personnes victimes du VIH/sida, qui se voient refuser le droit à la santé pourtant inscrit dans notre Constitution. L’argument économique mis en avant pour réformer l’Aide Médicale d’État (AME) est totalement fallacieux. C’est ce qu’a montré un rapport conjoint de l’Inspection générale des Affaires sociales et de l’Inspection des Finances que le gouvernement a d’ailleurs caché aux parlementaires alors qu’ils étaient en train de discuter de cette réforme ! Sans même parler du coût humain, économiser sur la prévention ou sur la prise en charge des soins d’une population, particulièrement des plus précaires, est toujours un mauvais calcul. L’accès tardif aux soins a des conséquences néfastes sur la santé des personnes et le coût est alors bien supérieur. Le VIH offre l’une des illustrations les plus parlantes de cette absurdité. Hélas avec la Droite populaire, le pire est toujours possible. Parmi les propositions défendues par les amis de Monsieur Vanneste [député UMP, membre de la Droite populaire, ndlr] on trouve le projet de "supprimer toute aide publique aux associations venant en aide aux étrangers illégaux" et celui de "la limitation de la durée d’accueil en hébergement d’urgence et de stabilisation". Autant de mesures qui confinent à la barbarie car en refusant de soigner un être humain on dénie le fait qu’il est notre semblable.

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Nicolas Sarkozy s’est engagé lors de sa première campagne présidentielle à augmenter de 25% sur la législature le montant de l’allocation aux adultes handicapés. Il y a eu plusieurs augmentations, malgré tout les personnes qui en sont bénéficiaires vivent toujours sous le seuil de pauvreté. De nombreuses associations et structures syndicales ou politiques, réunies au sein de Ni pauvre, Ni soumis, demandent à ce que cette allocation soit remplacée par un revenu d’existence aligné sur le SMIC. Etes-vous favorable à cette mesure ? Et si oui dans quel système est-ce finançable ?
Les personnes vivant avec le VIH sont directement concernées par la question des revenus de remplacement, sachant qu'une personne sur six est privée d'activité alors même qu'elle voudrait travailler. Parmi les personnes séropositives qui ont un emploi, seuls 22% ont la reconnaissance de travailleur handicapé et 9,2% des personnes vivant avec le VIH ont recours à un temps partiel thérapeutique. Ainsi, s'agissant des revenus, 40% des personnes séropositives ou atteintes d'une hépatite B ou C ont touché moins de 950 euros par mois, le seuil de pauvreté. La pauvreté s’accompagne et se nourrit du rejet qui touche les porteurs du VIH mais aussi d’autres personnes notamment les trans qui sont particulièrement exposé-e-s à l’exclusion. Il n’est pas admissible que l’on vive sous le seuil de pauvreté aujourd’hui en France, 5ème puissance économique mondiale. C'est pourtant le cas de la majorité des 850 000 bénéficiaires de l'Allocation Adulte handicapé, dont le montant reste 200 euros en dessous du seuil de pauvreté. Reprenant une proposition de loi déposée par notre députée Martine Billard en avril 2010, le Front de Gauche défend une politique de mise en accessibilité universelle du bâti et un revenu de remplacement égal au SMIC pour les personnes en situation de handicap. Contrairement à ce qui est rabâché depuis des années ce n’est pas l’argent qui manque mais la volonté politique.

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Des organisations non gouvernementales réclament la création d’une taxe sur les transactions financières dite aussi "taxe Robin des Bois" dont le produit permettrait de financer la santé et le développement, la lutte contre la pauvreté et le changement climatique à l’échelle mondiale. Cette taxe pourrait rapporter, chaque année, des milliards d’euros. Etes-vous favorable à cette taxe ?
Le Front de Gauche défend l’idée d’une taxation sur les transactions financières. Souvenons nous qu’elle fut initiée il y a près de 15 ans par l’association Attac. J’ai moi-même défendu au Sénat le 1er décembre 1999, sous la forme d'un amendement soutenu à l'époque par 46 sénateurs, qu’une taxe sur les transactions financières soit imposée. A l’époque beaucoup prétendaient cette mesure impossible. La récente et bien tardive proposition de la commission européenne prouve qu'il est possible, comme le demande le Front de Gauche, de désobéir au Traité de Lisbonne qui interdit les limitations à la libre circulation des capitaux. Cela démontre aussi qu'il est possible d'appliquer cette taxe à un groupe de pays sans attendre que tous les autres pays l'aient décidé, comme l'envisage Barroso [président de la Commission européenne, ndlr] avec un projet de coopération renforcée. Je déplore que la proposition envisage une taxation réduite pour les produits dérivés, alors que ce sont les transactions les plus massives et nocives pour l'économie réelle.

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Plus d'infos : L'Humain d'abord, programme du Front de Gauche, par Jean-Luc Mélenchon, éditions Librio, 2 euros.