Effets indésirables : quelles solutions ?

Zoom sur 5 effets indésirables des ARV

Troubles digestifs

Diarrhées, nausées, gaz peuvent survenir avec les antiprotéases, notamment à cause du booster ritonavir surtout au début du traitement. Souvent, ils s’atténuent ou disparaissent. Des nausées ou maux de ventre importants et soudains peuvent révéler une atteinte du foie ou du pancréas (contacter son médecin). Si vous supportez mal, certains médicaments peuvent soulager : lopéramide (Imodium) contre les diarrhées, phloroglunicol (Spasfon) contre les douleurs spasmodiques... En parler au médecin. Attention aux produits adsorbants comme l’argile ou le charbon actif qui peuvent réduire l’efficacité des médicaments si on les prend en même temps. Il n’y a pas que les médicaments : chacun peut trouver les astuces qui lui conviennent le mieux (la gelée de coing contre la diarrhée, le gingembre contre les nausées, les probiotiques, le kéfir...).

Lipoatrophies

Elles ne devraient plus apparaître. Ces fontes de graisse au niveau des jambes, des fesses, des bras et du visage étaient surtout liées à la stavudine (Zerit) et dans une moindre mesure à l’AZT (Rétrovir, Combivir, Trizivir) : des médicaments disparus ou peu utilisés aujourd’hui. On a maintenant d’autres traitements bien moins toxiques pour les graisses et mieux tolérés. Il reste à gérer le passé. Pour le visage, il existe des techniques de comblement : le New-Fill (acide polylactique) et la technique de Coleman (prélèvement de graisse dans le ventre et réinjection dans le visage) sont pris en charge à 100 % mais attention aux dépassements d’honoraires. Pour le remboursement du comblement des fesses (prothèses Bio-Alcamid) ou l’aspiration du surplus de graisses de la nuque, des seins ou du ventre (lipoaspiration), des ententes préalables sont nécessaires avec la Sécurité sociale ; se renseigner. On peut provisoirement acheter des sous-vêtements rembourrés pour les fesses.

Lipohypertrophies

Ces accumulations de graisse au niveau du tronc et du ventre, des seins, du cou, de la nuque étaient surtout liées à des médicaments qui ne sont plus disponibles : indinavir (Crixivan), stavudine (Zerit) et saquinavir (Invirase). On peut encore voir des accumulations de graisse intra-abdominale facilitées par les antiprotéases. Cette accumulation de graisses peut être diminuée par une bonne hygiène de vie (activité physique et régime sans trop de sucres).

Neuropathies

Elles étaient liées à l’utilisation de Zerit et Videx (plus utilisés) et ne devraient plus survenir. Il s’agit de sensations désagréables (fourmillements, brûlure, froid, électricité, etc.) dans les pieds (et parfois les mains) parce que les nerfs sont abîmés. Certains médicaments peuvent soulager : ibuprofène, paracétamol codéiné, etc. On peut essayer les apports en vitamine B (attention aux surdosages de B6), la kinésithérapie, l’acupuncture, la crème au piment, etc. Le médecin doit vous proposer des solutions ou des consultations spécialisées.

Problèmes rénaux et osseux

Le ténofovir (contenu dans Viread, Truvada, Atripla, Eviplera) peut avoir des effets sur les reins et les os (ostéoporose). C’est rare, et si c’est bien surveillé dans le bilan sanguin, cela se détecte suffisamment tôt, avant les dégâts.

Cannabis thérapeutique : illégal en France, le cannabis fait pourtant l’objet d’une utilisation particulière par certaines personnes en raison de son action contre certains symptômes que rien d’autre ne soulage. Il existe d’ailleurs des formulations médicales, mais peu accessibles. Pour le cancer, il est utilisé contre certaines douleurs ou pour diminuer les nausées liées au traitement ; pour le VIH, pour reprendre du poids, donner de l’appétit, jouer sur l’humeur, soulager les douleurs des neuropathies. AIDES plaide pour que son utilisation thérapeutique soit pleinement autorisée en France comme c’est le cas dans de nombreux pays. Un décret permet désormais à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à autoriser des médicaments contenant du cannabis. À ce jour en France, seul le Sativex a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour pallier les contractures musculaires affectant les personnes atteintes de sclérose en plaques.