La prévention avec une hépatite virale

Chacune des trois principales hépatites (A, B, C) a des modes de transmission différents. Comment gérer la prévention quand on a une hépatite virale ?

Le virus de l’hépatite B

Le VHB peut se transmettre lors des rapports sexuels (fellation comprise), des échanges sanguins, de l’allaitement et de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou pendant l’accouchement. Les fluides contaminants sont le sang, le sperme, les sécrétions vaginales et le lait maternel. Le VHB est très transmissible : 10 fois plus que le VHC, 100 fois plus que le VIH. Il est aussi plus résistant (jusqu’à sept jours à l’air libre) et n’est détruit ni par l’alcool ni par l’éther. Le partage de matériel lié à l’usage de drogues par injection ou paille de snif est à risques de transmission, mais attention aussi au partage de rasoir ou de brosse à dents (présence de sang). Piercings, tatouages, acupuncture sont réglementés, faire appel à un-e professionnel-le agréé-e. La transmission salivaire (baiser profond) est très rare, et elle n’est possible que pendant l’hépatite aiguë quand la CV VHB est très élevée (et entraîne jaunisse et fatigue).

La meilleure prévention reste la vaccination anti-VHB. Très efficace (95 % en moyenne, 99 % pour les personnes vaccinées avant leurs 15 ans), y compris chez les personnes vivant avec le VIH. Tous les nouveau-nés, les enfants et les adultes sexuellement actifs devraient être vaccinés. A fortiori, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, et les personnes d’origine subsaharienne. La vaccination se fait en trois injections en six mois, avec un schéma renforcé pour les per- sonnes vivant avec le VIH. Aucun lien n’a été démontré avec la sclérose en plaque (crainte des années 1990) : l’avantage est très largement en faveur de la vaccination. La vaccination VHB ne protège pas nécessairement à vie : contrôler le niveau d’anticorps (signe de protection) et au besoin faire des rappels.

Y a-t-il un Tasp du VHB ? Si ma charge virale B est contrôlée (indétectable), le risque de transmission est moindre, mais le VHB étant très transmissible, il est difficile de connaître le niveau de risque résiduel. Les partenaires de personnes vivant avec le VHB doivent être vaccinés-es.

Le virus de l’hépatite C

Le VHC se transmet par le sang. Le risque est important lors du partage de seringue ou de paille (snif). Être vigilant-e avec les objets de la vie quotidienne (rasoir, brosse à dents...). Pour les piercings, tatouages, acupuncture, faire appel à un-e professionnel-e agréé-e. En France, le risque lors des transfusions et des gestes médicaux est extrêmement faible. Le VHC peut se transmettre lors des rapports sexuels s’il y a présence de sang. Attention donc au fist-fucking, aux « marathons sexuels », à l’échange de godes, aux pratiques hard, aux rap- ports sans préservatif lors des règles, à la pratique du chemsex et notamment du slam qui consiste en l’injection de substances psychostimulantes dans un contexte sexuel.

Il n’existe pas de vaccin. Il est difficile à mettre au point car notre corps a beaucoup de mal à fabriquer un système de défense efficace et à garder une mémoire contre ce virus. C’est d’ailleurs pour cela que, même guéri-e d’une hépatite C, on peut se contaminer à nouveau.

Le virus de l’hépatite A

Le VHA se transmet par le sang et les selles. Et donc aisément par contact bouche/anus (anulingus ou rimming) ou contact indirect bouche/anus (doigts, objets, etc.) Des épidémies surviennent régulièrement chez les gays. Le VHA provoque grande fatigue et jaunisse, mais guérit spontanément (malgré 1 % d’hépatites fulminantes pouvant être graves).

La meilleure prévention reste la vaccination anti-VHA, recommandée mais en théorie pas remboursée pour les gays (elle l’est pour les personnes vivant avec une hépatite). En pratique, on arrive souvent à se la faire rembourser (25 € la dose, il en faut deux). On peut se faire vacciner gratuitement dans certains centres de vaccination ou Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles). Le VHA peut aussi se transmettre via une eau ou des aliments souillés.