Les IST, évitez-les ! Dépistez-les !

À l’exception des hépatites virales et du VIH, les infections sexuellement transmissibles (IST) se soignent facilement et sans séquelles. Encore faut-il les dépister à temps !

Syphilis

Agent : une bactérie, le tréponème pâle (treponema pallidum).
Transmission : contact sexuel (oral, anal, vaginal), contact avec une lésion de la peau, sang et pénétration sans préservatif.
La repérer : elle est facile à rater, et de plus, elle peut ressembler à tout et n’importe quoi, d’où son surnom de « grande simulatrice ». Plusieurs semaines après le contact, un chancre (petite plaie indolore) apparaît sur le site de contamination. Trois fois sur quatre, on ne le voit pas (surtout s’il est au fond de la bouche) et il disparaît naturellement en quelques jours. Quelques semaines plus tard, première éruption de syphilis secondaire : c’est la roséole, de petites tâches rosées qui peuvent couvrir tout le corps (parfois juste le tronc), avant de disparaître. Plusieurs mois après, seconde éruption : des plaques rouges très contagieuses au niveau génital ou dans la bouche (voire sur les mains ou les pieds, très caractéristique de la syphilis). Bien plus tard, et si un traitement n’a pas été initié, la syphilis tertiaire avec atteintes cérébrales ou oculaires graves se déclare ; ce stade est rare mais il est plus précoce chez les séropos.
La dépister : par prise de sang (tests TPHA et VDRL). Des tests rapides, plus simples, sont en développement.
La soigner : le traitement est actuellement l’Extencilline par piqûre dans la fesse. En cas d’allergie à la pénicilline, traitement par doxycycline, par com- primés oraux. Gardez les résultats car ils sont utilisés pour les comparer aux contrôles ultérieurs (vérifier que le traitement a marché, et ensuite qu’on ne s’est pas à nouveau infecté-e). Notification aux partenaires : il est recommandé d’inciter les personnes avec qui on a été en contact sexuel à se dépister et à se traiter.

Blennorragie (chaude pisse)

Agent : une bactérie, le gonocoque (neisseria gonorrhoeae).
Transmission : fellation ou pénétration sans préservatif.
La repérer : elle est souvent très visible au niveau du pénis, ailleurs on la rate presque toujours. Au niveau du pénis, dans les jours (trois en moyenne) suivant la contamination survient un écoulement jaune, souvent accompagné de sensation de brûlures (chaude-pisse). Dans la gorge, le vagin, le rectum, la gonorrhée passe quasiment inaperçue, il faut dépister.
La dépister : prélèvement dans la gorge, rectum, vagin. Au niveau pénien, prélever l’écoulement suffit, parfois complété par un prélèvement urinaire.
La soigner : la prise d’un antibiotique approprié (Ceftriaxone en piqûre) suffit généralement. Autant consulter et se faire traiter dès les premiers signes.

Condylomes (crêtes de coq)

Agent : un virus, les papillomavirus humains (HPV) dont il existe plusieurs types.
Transmission : par contact (doigts, organes génitaux, bouche, etc.). Beaucoup de personnes dans la population sont porteuses du HPV.
La repérer : ce sont de petites ver- rues sur le vagin, le gland, l’anus. Si on ne les traite pas, elles grossissent et s’étendent. Les condylomes sont principalement provoqués par les HPV 6 et 11 et sont différents des lésions à l’origine des cancers principalement liés aux HPV 16 et 18. Important : il existe un vaccin préventif.
La dépister : examen médical par un médecin connaissant bien les IST (généraliste si habitué, dermato, procto, gynéco, etc.), au moins une fois par an. Demander comment s’auto-dépister.
La soigner : une visite médicale pour ôter les condylomes (coagulation électrique, crème, azote).

Chlamydiae

Agent : une bactérie, chlamydiae trachomatis.
Transmission : fellation ou pénétration sans préservatif.
La repérer : c’est difficile, car 50 à 90 % des hommes et 90 % des femmes ne pré- sentent pas les symptômes (un écoule- ment clair deux à quatre semaines après la contamination). Attention aux complications : infections génitales graves, grossesses extra-utérines, stérilité.
La dépister : prélèvement dans la gorge, rectum, vagin. Premier jet urinaire (après une heure sans avoir uriner).
La soigner : traitement par antibiotique (comprimés).

LGV et rectites non L

Agent : une bactérie, certaines souches de chlamydiae trachomatis pour la lymphogranulomatose vénérienne rectale (LGV) ; d’autres agents pour les autres rectites.
Transmission : surtout fist-fucking et partages de godes.
La repérer : commence par de fausses envies d’aller aux toilettes, puis inflammation du rectum (rectite), constipation, saignements et douleurs intestinales doivent vous alerter. Elles concernent à 90 % les gays et restent rares. La LGV affecte essentiellement les séropositifs-ves ; les autres rectites se répandent chez les séronégatifs-ves. Il existe des cas de LGV sur la verge.
La dépister : prélèvement anal, voire gorge (pour parfois, un typage ou une sérologie).

La soigner : traitement antibiotique pendant trois semaines.

Herpès génital

Agent : un virus, herpes virus simplex 2 (l’herpès labial est plutôt dû à l’herpès 1) Transmission : par contact entre les vésicules (boutons remplis de virus) et les muqueuses, dans ces cas les doigts peuvent transmettre le virus. On estime que 20 % des gays sont porteurs du virus.
La repérer : cinq à sept jours après le contact, des petits boutons groupés en bouquet (vésicules remplies de virus, douloureuses et inflammatoires) peuvent apparaître. Elles disparaissent en dix à quinze jours, mais le virus reste présent dans l’organisme. Des crises se manifesteront généralement précédées de démangeaisons et sensations de brûlure. Plus fréquentes et fortes chez les personnes séropositives, elles peuvent, non traitées, aboutir à des complications. Les femmes enceintes doivent être suivies.
La dépister : diagnostic des signes par le médecin. Éventuellement, prélèvement pour mise en culture.
La soigner : les médicaments sont sur- tout intéressants en début de poussée. Le traitement (Valaciclovir) ne guérit pas, mais diminue l’intensité des symptômes. Les cures durent le temps des crises (cinq à dix jours). En cas de crises répétées, des cures continues de six à douze mois peuvent être envisagées.

N’oubliez pas les hépatites !

Contre les hépatites A et B, je me vaccine.
• Contre l’hépatite C, je me dépiste en cas de rapports réguliers sans préservatif, d’usage de drogues, de pratique du fist-fucking, de chemsex ou de slam, sexe à plusieurs (partouze). Dans ces situations, des dépistages réguliers sont à envisager.

Mon check-up perso

• Fréquence conseillée ? Moins de 20 partenaires par an : au moins une fois par an. Plus de 20 partenaires par an : au moins tous les six mois, voire tous les trois mois. • Les médecins qui connaissent les IST : certains généralistes, dermato, procto, gynéco. Demander conseil à vos amis ou aux associations.

• Pour se faire dépister, aller en laboratoire de ville avec une ordonnance (remboursement Sécurité sociale et mutuelle), se rendre en Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic) sans ordonnance ou en centre de santé sexuelle (comme Le 190 à Paris).

• Si vous avez une IST, protéger vos partenaires pendant toute la durée du traite- ment. Dans la mesure du possible, informer-les, ils-elles pourront aussi se faire traiter et faire un check-up IST complet. OK, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais c’est important.

3 bonnes raisons de se faire dépister

1 - Beaucoup d’IST se transmettent facilement par fellation sans préservatif, même sans éjaculation dans la bouche, et certaines par les doigts.

2 - Les IST passent souvent inaperçues, d’autres ont des symptômes passagers, qui disparaissent avant de réapparaître sous forme de complications plus graves.

3 - Même si on peut les soigner, il n’est pas conseillé d’enchaîner les IST, spécialement quand on est séropositif-ve : elles épuisent le corps et évoluent plus vite.

Quels symptômes

• À considérer avec beaucoup d’attention : démangeaisons, éruptions sur la peau ou muqueuses, écoulements, picotements au niveau des organes sexuels ou de l’anus, sang en dehors des règles, modification de l’odeur, douleurs inhabituelles (au bas-ventre, lors de rapports sexuels).

• Les mycoses (champignons) provoquent les mêmes symptômes que des IST et se traitent localement chez les deux partenaires.

• Les infections urinaires se manifestent par une envie très forte et constante de faire pipi pour trois gouttes, des brûlures et des picotements. Déclenchées par contact entre l’orifice urinaire et des bactéries. Consulter rapidement un médecin car il peut y avoir des aggravations. Traitement par antibiotiques.