Hépatite C : objectif guérison

Les nouvelles molécules anti-VHC, les antiviraux à action directe (AAD) de dernière génération, ont considérablement augmenté les chances de guérison de l’infection, même pour les personnes co-infectées VIH-VHC. La durée de traitement a été rapportée à quelques semaines et les effets indésirables sont quasi inexistants.

Suite à une infection par le VHC, dans 20 % des cas, on guérit spontanément dans les six mois, parfois sans même l’avoir remarqué. Dans 80 % des cas, l’organisme n’arrive pas à éliminer le virus : l’hépatite devient chronique. De façon générale, femmes, jeunes et Blancs ont plus de chances de guérir spontanément. Cela dépend aussi du type de VHC qu’on a. Avoir beaucoup de symptômes pendant la phase d’infection aigüe (jaunisse, fatigue, perturbations biologiques, etc.) et une baisse rapide de la charge virale VHC dans les trois mois suivant l’infection donne de bonnes chances de guérison spontanée.

Il existe six types de VHC

Ils ont quelques différences génétiques, on parle de génotypes. Les génotypes 5 et 6 sont plus rares. Le génotype 3 peut faire progresser l’hépatite plus vite et causer plus de dégâts dans le corps, il est important de pouvoir se traiter tôt. Aujourd’hui les médicaments permettent de traiter tous les génotypes.

Quand commencer le traitement ?

Aujourd’hui, il est recommandé un accès aux traitements AAD quel que soit le stade de fibrose, donc pour tous-tes.

L'efficacité et la durée

La durée standard de traitement est en général de deux ou trois mois pour obtenir une réponse virologique soutenue, prélude à la guérison du virus. La disparition du VHC de l’organisme sera vérifiée trois mois après la fin du traitement.

La bithérapie ribavirine + interféron a longtemps été le traitement standard de l’hépatite C, mais ce n’est plus le cas. L’abandon de l’interféron est un vrai soulagement compte tenu de ses effets indésirables difficiles. Les molécules AAD de 2018 sont bien plus efficaces, plus simples à prendre, pendant moins longtemps et mieux tolérées (moins d’effets indésirables).

AAD disponibles (juillet 2018) dans les situations les plus simples

Dans un parcours simplifié, au plus près de son lieu de vie et potentiellement hors prise en charge hospitalière, si l’atteinte du foie n’est pas avancée et si on ne présente pas d’autres soucis de santé (comme le VIH, le VHB, des comorbidités), les traitements recommandés sont Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir) pendant douze semaines ou bien Maviret (glecaprevir + pibrentasvir) pendant huit semaines.

Dans d’autres situations plus complexes, la prise en charge reste hospitalière dans tous les cas, et le traitement par Maviret peut durer jusqu’à seize semaines. D’autres options thérapeutiques sont possibles, selon le génotype du VHC : sofosbuvir + ledipasvir pendant huit semaines, ou grazoprevir + elbasvir pendant douze semaines. Pour les personnes ayant eu des échecs de précédents traitements anti-VHC, d’autres molécules sont encore possibles.

L’usage d’un traitement de substitution (méthadone et buprénorphine) n’est pas contre-indiqué avec le traitement de l’hépatite C.

À la fin du traitement, dès lors que le virus est indétectable, il faut attendre trois mois pour être certain-e que le VHC ne réapparaît pas : on dit alors qu’on est guéri-e. Lorsque le virus réapparaît avant les trois mois, on dit qu’on a rechuté (le plus souvent, si cela doit arriver, c’est plutôt pendant le premier mois). Cela peut aussi être une réinfection par un nouveau virus si on a été exposé à un nouveau risque. Une première infection guérie ne protège pas contre une nouvelle infection potentielle. Quand on a guéri de son VHC, la fibrose régresse et peut même disparaître. Cependant, en cas de cirrhose déjà présente, il faut continuer à avoir un suivi médical régulier (et une échographie tous les six mois) car la cirrhose peut continuer à évoluer par elle-même et donner un cancer du foie.

Même si on a déjà eu une hépatite C et qu’on en a guéri, on peut se réinfecter, une fois ou même plusieurs fois, car il n’y a pas de protection acquise contre le VHC. Donc en cas de toxicomanie intraveineuse ou sniff, avec partage de matériel, en cas de relations sexuelles avec saignements, faire un dépistage régulier. Il faut parfois du temps pour se sentir bien. Mais ensuite, quel sou- lagement d’en avoir fini avec le VHC et de pouvoir passer à autre chose.

Des recommandations pour l’éradication du VHC en 2025

La France a fixé l’objectif d’une disparition de l’épidémie d’hépatite C en 2025. Cela suppose un réel accès pour tous- tes aux dépistages et aux traitements, notamment les personnes les plus vulnérables ou celles qui se réinfecteraient, à qui soutien et accompagnement à la réduction des risques doivent pouvoir être proposés. Il ne faut pas non plus que les malades étrangers aient à se cacher ou subissent une restriction des soins. Être débarrassé-e du VHC ne veut pas nécessairement dire qu’on n’a plus de problèmes avec son foie ou d’autres organes ayant pu être altérés par le virus. Comment gérer l’après traitement !

« Après quatre traitements avec interféron et ribavirine et quatre échecs thérapeutiques, je viens tout juste d’être guéri de mon hépatite en quelques semaines grâce aux nouveaux traitements. Un truc que j’ai attendu pendant des années et qui finalement arrive presque instantanément. Je n’ai pas encore eu le temps de m’y habituer...
 c’est un peu comme la perte d’un compagnon de longue date. »

« Ça fait des années que j’attends l’arrivée de nouvelles molécules pour soigner mon hépatite et puis maintenant qu’elles ont là, je réfléchis. Je suis à l’AAH depuis 10 ans environ et la perspective de retrouver un travail me ravit autant qu’elle m’effraie. Et si je ne savais plus faire ! »

« Ça y est, plus d’hépatite C !
 Après des années, je me suis soignée en trois mois. Pour le moment 
je revis psychologiquement
et je profite de ma nouvelle vie
 et des perspectives qui s’ouvrent
 à moi. »