Mon cul, mon vagin, j’en prends soin

Un bon suivi procto et gynéco est indispensable, régulièrement. Comment prendre soin de son cul et de son vagin pour voyager loin ?

Au niveau vaginal et anal, les HPV (virus du papillome humain), dont quasi toute la population est porteuse à un moment, provoquent des condylomes (petites verrues bénignes mais disgracieuses) ou d’autres lésions susceptibles d’évoluer en cancer et difficilement visibles à l’œil nu. Vivre avec le VIH (même sous traitement ARV efficace) favorise la survenue de ces problèmes, c’est pourquoi un bon suivi gynéco et procto est important pour déceler tout signe suspect. En effet, chez l’homme, le cancer de l’anus est le 3e, et chez la femme, le cancer du col de l’utérus est le 2e cancer le plus fréquent. Or, plus on les détecte tôt, plus leur prise en charge est efficace.

Suivi procto : recommandé une fois par an pour les gays et pour toute personne ayant eu des condylomes. Il faut consulter même sans symptôme apparent. Après l’examen visuel, le médecin insère un doigt pour palper l’intérieur de l’anus et du rectum (toucher ano-rectal) ou l’observe à l’aide d’un anuscope. Indolore, rapide, ça ne nécessite aucune préparation et ça permet aussi de soigner les autres désagréments, comme les hémorroïdes (13 % des personnes), les fissures anales (10 %), et bien d’autres encore.

Suivi gynéco : recommandé régulièrement et une fois par an pour le frottis vaginal. Si on est prête ce jour-là, un spéculum est introduit dans le vagin pour observer le col de l’utérus. Pour le frottis, le médecin prélève à l’aide d’une sorte de long coton-tige quelques cellules qui sont envoyées à un laboratoire pour déceler toute anomalie. Le suivi gynéco comprend la palpation des seins pour voir s’il y a des endroits un peu durs ou douloureux. Faire une mammographie (radiographie des seins) ne veut pas dire que c’est grave (d’ailleurs, elle est recommandée pour toutes les femmes dès 50 ans).

Tout cela est pris en charge à 100 % car cela fait partie du suivi VIH, mais il faut se renseigner sur les éventuels dépassements d’honoraires.

Vacciner les garçons contre le HPV ?

La vaccination préventive contre le HPV des garçons est recommandée dans plu- sieurs pays (États-Unis, Australie), mais toujours pas en France en 2018, même si c’est le cas pour les séropositifs jusqu’à 19 ans et pour les jeunes gays jusqu’à 26 ans. Certains-es experts-es estiment qu’elle devrait l’être, au vu du nombre croissant de lésions anales ou au gland, et de certains cancers de la gorge liés au HPV. Pour AIDES, il y a urgence à élargir la couverture vaccinale et à intensifier les campagnes d’incitation à la vaccination, en particulier pour certains groupes très exposés au VIH. Les préservatifs ne sont pas un moyen de prévention suffisamment efficace de la transmission du HPV (par simple contact). Des essais sont en cours pour évaluer si une vaccination thérapeutique permet de réduire la survenue des lésions associées au HPV. Pour les filles, avoir été vaccinée ne dispense pas du dépistage annuel par frottis.

« Je fais du diagnostic profane :je regarde mes fesses dans un miroir, je mets un doigt à l'intérieur pour voir si je ne sens rien de suspect parmi les irrégularités de mon rectum. Bref, j'apprends à connaître mon anatomie pour prendre soin d'elle. »

« J’ai choisi un gynécologue à mon écoute (car je voulais un homme) pour parler de mes pratiques,de ma vie affective, en me sentant respectée. Je prépare mes questions à l’avance mais ça ne l’empêche pas d’initier la conversation. Le dialogue est essentiel pour moi. »

« Je suis suivi à l'hôpital par un proctologue rattaché au service VIH. Il consulte aussi en ville.Il est pro et c’est tout ce que je lui demande. C’est important de trouver le bon pour un suivi sérieux et régulier. »

« Le spéculum, ce n’est pas douloureux : un gynéco attentif met du gel, si c’est douloureux dites-le, s’il ne s’adapte pas, changez ! »

« Le procto, ce n’est pas que pour les hommes. En tant que femme, j’y ai droit aussi pour vérifier que tout va bien. »