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Les nouveaux traitements contre l'hépatite C mais pas que !

Les nouveaux traitements contre l'hépatite C permettent de soigner bien d'autres pathologies 


SANTÉ - Entre 150 et 170 millions de personnes sont infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) dans le monde selon l'OMS. En France cette maladie touche environ 300.000 personnes. Il s'agit d'un problème crucial de santé publique d'autant plus que l'état de la recherche prouve de manière irréfutable que l'hépatite C provoque une surmortalité des sujets infectés. Le suivi sur de longues périodes de groupes de patients infectés, démontre que le VHC entraîne la survenue de maladies sévères du foie comme la cirrhose  ou le cancer du foie. Nous savons aussi que les patients infectés ont deux fois plus de risques que les non infectés de décéder d'une pathologie extra hépatique comme les maladies cardiovasculaires et certains cancers. 

Jusqu'en 2012, les manifestations extra hépatiques les plus souvent décrites par les chercheurs portaient sur les pathologies auto-immunes. Depuis trois ans, les chercheurs ont démontré que le VHC avait un impact sur d'autres pathologies extra hépatiques notamment cardiovasculaires, rénales, métaboliques ou neurologiques. Il faut souligner que l'amélioration des connaissances est en partie liée à un progrès considérable des traitements et des soins. Alors que pendant une vingtaine d'années, le traitement du VHC reposait sur des cures d'Interféron, lourdes, fatigantes qui permettaient de guérir 40% des patients, la médecine recourt aujourd'hui à des combinaisons antivirales, sans Interféron, particulièrement efficaces: le taux de guérison dépasse les 90%! Ajoutons que les traitements sont courts, trois mois et très bien tolérés par les patients. Il est plus que probable que ces nouveaux traitements ont des effets bénéfiques sur les atteintes extra hépatiques liées au VHC. Il apparait d'ores et déjà que de nombreuses pathologies pourront être résolues après la guérison virologique de l'hépatite C. 

Le virus de l'hépatite C comme un nouveau facteur de risque cardiovasculaire 

Selon une très récente étude, le sur-risque de mortalité par maladie cardiovasculaire s'élève à 65% chez les patients atteints du VHC. Cette étude complète une série d'autres recherches qui démontrent le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) par l'augmentation des plaques carotides qui restreignent l'irrigation du cerveau chez les patients atteints du VHC, en particulier les fumeurs, ainsi que les risques d'infarctus du myocarde. Si ces personnes infectées souffrent d'hypertension ou de diabète , les risques de mortalité cardiovasculaire augmentent encore, respectivement de 35% et de 71%. D'autres recherches ont démontré une réduction considérable des risques d'AVC chez les patients infectés qui profitent d'un traitement antiviral à base d'interféron: entre 38% et 61% par rapport à des malades non traités. Idem pour chez les diabétiques. Le suivi de patients pendant une dizaine d'années a prouvé qu'un traitement antiviral divise littéralement par deux les risques de décès cardiovasculaires, 13% contre 23,6%. Les analyses par scintigraphie, qui cernent les zones de circulation sanguine au niveau du cœur, montrent une amélioration sensible de la perfusion sanguine des patients guéris grâce à un traitement antiviral, contrairement à d'autres malades toujours infectés par le VHC. 

Le VHC pèse sur l'insuffisance rénale 

Nous savons aujourd'hui que le VHC est directement responsable de plusieurs types de complications rénales. Par exemple la séropositivité VHC s'accompagne fréquemment d'une dégradation de la fonction rénale et de présence de protéines dans les urines, indépendamment de facteurs métaboliques plus habituels comme le diabète, l'hypertension artérielle, l'obésité ou le cholestérol. Le suivi d'un groupe de patients diabétiques et infectés par le VHC sur une période de huit années a révélé que l'incidence cumulée d'insuffisance rénale terminale était trois fois plus faible chez les patients virologiquement guéris que chez ceux qui n'avaient pas bénéficié d'un traitement. 

Résistance à l'insuline et diabète 

Nous savons que les liens entre une infection VHC et un diabète de type 2 résultent d'interactions complexes comme l'insulino-résistance, la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie) et d'autres processus inflammatoires. L'infection chronique par le virus C est accompagnée d'une augmentation des anomalies du métabolisme glucidique, comme l'insulino-résistance et le diabète de type 2. Nous constatons en effet une fréquence accentuée des marqueurs d'infection VHC chez les patients insulino-résistants ou diabétiques. Inversement, il existe une fréquence anormalement élevée des anomalies glucidiques chez les patients infectés par le VHC. Les chercheurs ont constaté que ces données sont constantes quelles que soient les groupes de comparaison, volontaires sains ou porteurs chroniques du virus de l'hépatite B. La présence de ces anomalies glucidiques chez les patients VHC accentue l'impact négatif de celui-ci sur les principales complications hépatiques comme certaines lésions sévères du foie, l'échec des traitements à base d'interféron et les cancers du foie. 

Le VHC altère aussi la qualité de vie 

Le VHC provoque de nombreux troubles neurocognitifs qui affectent lourdement la qualité de vie des malades. Ces troubles peuvent être des fatigues anormales, des dépressions nerveuses et des troubles de la concentration. La recherche a d'ailleurs découvert des fragments du génome du VHC sur des biopsies post-mortem de tissu cérébral. Les études par IRM cérébrale prouvent que ces anomalies disparaissent chez les patients guéris. Les résultats de l'imagerie cérébrale sont d'ailleurs corroborés par les tests neuropsychologiques sur l'apprentissage verbal ou la mémoire visio-spatiale. Ainsi, il semble bien que le virus de l'hépatite C attaque le système nerveux central. Nous constatons aussi des anomalies des voies de transmission entre les neurones du système nerveux central. Cette altération explique largement certains troubles neurocognitifs et des phénomènes dépressifs: 25 à 30% des patients souffrent de dépression avant tout traitement antiviral. Ces troubles cognitifs pénalisent le tiers des patients qui souffrent de lésions fibrosantes hépatiques sévères. L'éradication virale  a permis de résoudre très sensiblement les troubles cognitifs. 

Près de la moitié des personnes atteintes par le virus C (avant tout soin) souffrent de fatigue contre à peine 1% du reste de la population. Cette fatigue affecte grandement leur qualité de vie. Elle n'est pas liée à la charge, au génotype , à la consommation d'alcool, ou aux anomalies thyroïdiennes. Chez les personnes infectées, tous les scores de mesure de la qualité de vie sont mauvais. La guérison après un traitement antiviral à base d'interféron réduit de manière significative cette fatigue et améliore la productivité des sujets. Mais surtout, les nouveaux traitements agissent encore plus positivement sur la qualité de la vie des patients. Il est plus que probable que ces résultats soient dus à la rapidité d'action et la grande efficacité des nouveaux traitements, et au retrait de l'interféron dans ces récentes combinaisons. 

La vascularite cryoglobulinémique 

Cette maladie, liée à la production en excès d'une protéine -la cryoglobuline- entraîne une inflamation de la paroi des petits vaisseaux sanguins. Elle provoque des troubles plus ou moins importants comme des douleurs articulaires ou musculaires, des fatigues ou des taches rouges sur les jambes. Plus rarement elle peut entrainer des atteintes autrement plus sévères engageant le pronostic vital: atteinte rénale, digestive, cardiaque ou cérébrale. L'infection par le VHC est la cause reconnue de plus de 80% de ces vascularites cryoglobulinémiques. La survenue d'une vascularite cryoglobulinémique est plus fréquente chez les personnes âgées et chez celles qui sont infectées par le VHC sur une longue période. Malgré les progrès thérapeutiques, les formes sévères touchent encore 10 à 20% des patients, avec une mortalité de 10% des patients. La guérison virale, après des traitements antiviraux, s'accompagne d'une rémission de la vascularite cryoglobulinémique. En cas de rechute virologique, nous constatons aussi une rechute de la vascularite dans les semaines qui suivent la réapparition du virus C dans le sang. Heureusement, les progrès thérapeutiques spectaculaires réalisés dans le traitement des vascularites liées au VHC permettent actuellement de guérir plus de 75% des patients. 

Le VHC augmente les risques de lymphome 

Les lymphomes sont des maladies du sang. De nombreuses études ont prouvé les liens très étroits entre le virus de l'hépatite C et le lymphome B non-Hodgkinien (B-LNH). Les sujets infectés par le VHC ont un risque 2,5 fois plus important de développer un lymphome que les sujets non infectés! La médecine arrive aujourd'hui à des rémissions complètes de certains B-LNH liés au VHC avec des traitements excluant les chimiothérapies! Par contre, une rechute virologique est suivie d'une rechute du lymphome. La guérison virologique est donc étroitement corrélée à la réponse hématologique. 

L'éradication du VHC permet de traiter d'autres pathologies critiques 

Les recherches ont montré que la disparition prolongée et définitive du VHC s'accompagne d'une diminution de la mortalité toutes causes. Cette véritable guérison virologique a aussi montré de nombreux bénéfices sur les atteintes extra hépatiques: diminution de la stéatose hépatique, diminution du risque de diabète de type 2 et d'insulino-résistance, diminution de l'incidence des accidents vasculaires cérébraux, diminution des évènements cardiovasculaires et rénaux chez les diabétiques, réduction de la fatigue, amélioration de la qualité de vie, amélioration des performances cognitives, régression/rémission des lymphomes B associés au VHC, et rémission des vascularites associées au VHC. 

Ainsi, au-delà des complications liées au foie, les patients porteurs chroniques du VHC sont exposés à de nombreuses complications systémiques, immunologiques, inflammatoires ou métaboliques qui pèsent lourdement sur la qualité de vie et augmentent les cas de mortalité non hépatique. Heureusement, les nouveaux traitements antiviraux sans interféron sont bien tolérés par les malades. Ils améliorent de façon remarquable les chances de guérison des patients et agissent de manière très efficace sur les pathologies extra hépatiques. 

Patrice Cacoub 
Chargé du Département de Médecine Interne et Immunologie Clinique de l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière 

http://www.huffingtonpost.fr/patrice-ca ... 10788.html


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