laboratoire pharmaceutique

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Gilead, bienvenue à « Virus City »

Sur le mur, un ballet d’atomes multicolores tourbillonne au gré des mouvements de Swami Swaminathan. Ce chimiste est l’une des premières recrues de Gilead, une « biotech » créée en 1987 à Foster City, au sud de San Francisco (Californie). 

D’un revers de la main, il balaie les molécules développées par le laboratoire depuis sa création : la plupart n’ont jamais dépassé le stade de la paillasse malgré des années de recherches. « Trop toxiques, devancées par un projet concurrent, ou trop complexes à fabriquer », souligne le scientifique, en s’amusant à faire pivoter ces structures colorées grâce à un système de contrôle à distance emprunté à l’univers du jeu vidéo. Mais parmi elles se trouve une pépite : le GS-7977, le principe actif de deux médicaments désormais bien connus, le Sovaldi et l’Harvoni. 

Lancés en 2013 et 2014, ils ont révolutionné la prise en charge de l’hépatite C. En douze semaines de traitement, des patients jusque-là soignés par un cocktail de médicaments très toxiques peuvent désormais être guéris. Vendus respectivement 1 000 et 1 125 dollars (de 947 à 1 065 euros) le comprimé aux Etats-Unis (environ la moitié en France), ces blockbusters ont déjà rapporté à Gilead une petite fortune : plus de 12 milliards de dollars en 2014 et plus de 15 milliards pour les neuf premiers mois de 2015. 

Gilead est également connu pour ses médicaments contre le VIH , parmi les plus prescrits au monde. Le plus célèbre est le Truvada, la seule thérapie à être aussi utilisée à titre préventif – comme c’est le cas en France depuis le 23 novembre. Coût : jusqu’à 1 500 dollars par mois aux Etats-Unis. A l’échelle de la planète, le Truvada a rapporté 3,3 milliards de dollars à Gilead en 2014. 

Les investisseurs sont conquis : sa capitalisation boursière s’est envolée ces cinq dernières années, passant de 30 à 150 milliards de dollars, soit davantage que le français Sanofi (110 milliards). Et avec des ventes estimées à 30 milliards de dollars en 2015, il fait partie des dix plus gros laboratoires au monde. 

Devenu un modèle à suivre dans un secteur déboussolé par les chutes de brevets et la concurrence des génériques, l’américain est également emblématique des défis qui attendent les systèmes de santé. Avec les très coûteux Sovaldi et Harvoni, les pays riches ont dû se résoudre pour la première fois à limiter l’accès à un médicament. Les assureurs les réservent aux cas les plus graves. 

Hépatite B, VIH, grippe 

Posé sur le rivage de la baie de San Francisco, à Foster City, le campus de la biotech compte une vingtaine de buildings éparpillés dans un parc arboré entrecoupé de larges avenues. En septembre, le laboratoire a acquis deux terrains adjacents pour étendre encore les frontières de cette « Virus City » en plein boom. Norbert W. Bischofberger, 60 ans, et à Gilead depuis vingt-cinq ans, est l’un de ses shérifs. A la tête du département recherche et développement, il dispose de près de 3 milliards de dollars de budget. 

« Maintenant que nous avons trouvé un traitement contre l’hépatite C, nous nous attaquons à l’hépatite B, une autre maladie pour laquelle il n’existe pas de traitement », explique-t-il, tout en griffonnant sur un grand tableau des cellules « hackées » par ces deux virus. Le marché, là encore, est prometteur : selon l’Organisation mondiale de la santé, 240 millions de personnes souffrent d’une infection par le virus de l’hépatite B (de 130 à 150 millions pour l’hépatite C). 

Mais l’ennemi numéro 1 reste le VIH, à l’origine du sida . « Nous avons mis au point toute une panoplie de médicaments à prise unique qui permettent aux patients de vivre une vie quasiment normale, mais notre objectif est de les guérir », martèle Norbert W. Bischofberger, qui admet qu’il s’agit d’un horizon « encore très lointain ». 

Ce scientifique aux mains d’or – il a empoché près de 7 millions de dollars en 2014 – n’en est pas à son premier « coup ». Il est aussi l’un des inventeurs du Tamiflu, seul médicament au monde indiqué dans le traitement et la prévention de la grippe. Lancé en 1999, cet antiviral est commercialisé par Roche car Gilead était à l’époque trop petit pour conquérir seul le marché. Il a déjà rapporté au géant suisse près de 20 milliards de dollars, bien que des scientifiques aient émis des doutes quant à son efficacité. « Nous n’avons pas cessé de chercher une molécule plus efficace mais, pour l’instant, nous n’avons rien trouvé », indique Joe Hesselgesser, biologiste de Gilead. 

Grâce à son quasi-monopole sur plusieurs créneaux, le laboratoire américain est en mesure de dicter ses conditions financières. La AIDS Healthcare Foundation, qui fournit des traitements à plus de 500 000 patients infectés par le VIH dans le monde, est l’un des plus importants clients de la biotech. Cette année, elle a lancé une pétition en Californie afin de soumettre au vote, en 2016, une mesure destinée à plafonner le prix des médicaments. « Nous avons déjà recueilli plus de 500 000 signatures », se félicite Dale R. Gluth, qui pilote l’action de la fondation dans la région de San Francisco. 

« Prix différenciés » 

Coincé entre deux sex-shops dans le quartier gay et branché de San Francisco, le centre de santé de la fondation accueille deux jours par semaine des patients, assurés ou non. Shawn Fellers, qui prend des antiviraux depuis quinze ans, est l’un d’eux. « Le prix de ces traitements est très préoccupant car les assurances privées ne prennent en charge qu’une partie des coûts », confie ce quadragénaire, employé d’une société immobilière. Le médicament que son médecin lui a prescrit est l’Atripla, dont le prix « catalogue » ne cesse d’augmenter : 25 000 dollars par an en 2015, contre environ 14 000 dollars il y a dix ans. 

Gilead, qui a mis en place aux Etats-Unis des programmes d’accès aux médicaments pour les patients n’ayant aucune autre ressource, se défend de faire monter les enchères. « Nous avons adopté une politique de prix différenciés adaptée à la situation de chaque pays, assure Clifford Samuel, qui pilote les programmes d’accès aux médicaments chez Gilead. Dans les pays émergents, le prix de nos antiviraux a chuté de 80 % depuis 2006. » Selon ses chiffres, près de 8 millions de patients infectés par le VIH – sur les 14 millions qui suivent un traitement – reçoivent des molécules inventées par Gilead. 

Le plus courant, le Viread, coûte désormais 3,60 dollars par mois. « Nous avons accordé des licences à des fabricants, en majorité indiens, qui ont l’autorisation de commercialiser les génériques de nos médicaments dans 112 pays », précise Clifford Samuel, ambassadeur chic du laboratoire avec ses bracelets africains, sa montre en or et sa ceinture Hermès. « Avec la concurrence, les prix baisseront encore », assure-t-il, optimiste. Le marché comme remède universel ? 

Le monde.fr



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Le titre ne fait pas dans la nuance et donne le ton… Jeudi 2 juillet est organisée une journée d’action contre le racket des laboratoires...
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Il n’y a pas de différence en termes d’échec virologique, de résistances ou d’effets indésirables entre les traitements combinant plusieurs molécules...
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