Couples imaginaires : un soir à l’expo !

Publié par Alexandre D. le 09.07.2013
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C’est dans les salons de la mairie du 10ème arrondissement à Paris que s’est tenu, le 11 juin dernier, le vernissage de l’exposition "Les Couples imaginaires" d’Olivier Ciappa. Alexandre est l’un des organisateurs de l’événement. Il revient, avec un témoignage personnel, sur ce vernissage d’une exposition qui, déclinée en extérieur, sur les grilles de la mairie du 3ème arrondissement à Paris, a fait les frais d’actes homophobes. Mais que s’est-il passé pour le démarrage de l’expo dans le 10ème ? Alexandre raconte.

A la sortie du métro, ne sachant pas où se trouve la mairie du 10ème, je me mets en marche, cherchant du regard toutes les indications pouvant me faciliter la tâche. Mes yeux se promènent au gré de pancartes, mais c’est la pointe d’une sorte de tour dépassant les immeubles qui m’indique finalement le chemin. Après avoir traversé la rue qui me sépare de cet objectif visuel, je tombe sur un sublime bâtiment, orné de plusieurs bas-reliefs et de superbes sculptures. Mesdames et Messieurs : la Mairie du 10e !

Devant l’entrée, une petite foule s’est déjà formée et attend bien sagement l’ouverture de l’exposition prévue à 19 heures. Usant de mon passe-droit de membre organisateur, j’entre sans attendre et je suis d’emblée saisi par l’impressionnant hall et le magnifique escalier qui s’y trouve ; le lieu est vraiment beau et l’exposition n’en sera que plus belle.

A l’étage, tout est fin prêt pour accueillir les visiteurs. Quelques bonjours et j’effectue un petit état des lieux. Les photos sont accrochées et les gâteaux apéritifs sont de sortie. Petit à petit, je sens le stress monter chez le photographe, Olivier Ciappa. Il se décide à descendre pour ouvrir les portes aux premiers impatients. Je me poste alors dans un coin stratégique et j’observe la scène. Sitôt les portes ouvertes, une masse compacte se dirige rapidement vers l’exposition. En moins d’une minute, les appareils photo sont dégainés et le charme des œuvres opère.

Le public tombe tout d’abord sur les dessins réalisés par les différents artistes qui se sont joints à l’événement afin de lutter, à leur manière, contre l’homophobie. De Zep à Sempé, des dizaines d’œuvres attirent les regards. Mais au bout de cette enfilade de dessins, on entend quelques : "Il n’y a que ça?". Plus de peur que de mal, la suite est au 4ème étage.

Une fois que la manœuvre a été comprise, les escaliers sont rapidement envahis. Il y a tant de monde que la circulation en devient difficile. Partout, on retrouve sur les visages des visiteurs ce même plaisir et ce regard attendri devant les portraits du photographe. On entend des : "Tiens, c’est les acteurs de "Bref !" ou encore "Mais oui, ce sont les deux champions de natation". Les "Couples imaginaires" séduisent par leur naturel et leur élégance. Rien de provocant, juste une représentation de l’amour avec un grand A. Et une mention spéciale au cliché des deux "actrices" des "Invisibles", César du meilleur documentaire en 2012, qui attire plus que d’autres les regards. Si vous n’avez pas vu ce film, stoppez cette lecture, allez acheter le film de Sébastien Lifshitz en DVD, Blue Ray, VOD, cassette, ou n’importe quel autre support - attention pas de téléchargement illégal s'il vous plait - et regardez le… On se retrouve juste après pour la suite de cette chronique.

Après une bonne demi-heure de déambulation entre les différents portraits et dessins exposés, le public est invité à rejoindre la salle des mariages afin d’assister aux discours de Monsieur le Maire et d’Olivier Ciappa himself. En entrant dans la pièce, on remarque le haut-relief (1) qui orne le mur juste derrière le fauteuil du Maire. Deux hommes virils qui s’embrassent ! Les deux "amoureux" n’ont pas attendu une loi pour s’afficher dans une salle de mariage. Ils sont restés là, patiemment pendant 130 ans exactement, avant de pouvoir voir deux autres hommes en faire autant.

Nous voilà tous réunis dans la salle des discours. La foule est compacte et la chaleur se fait vite ressentir. Malgré ces petits inconvénients, tout le monde semble écouter attentivement et chaque intervention est ponctuée par de nombreux applaudissements. Je ne vais pas vous parler du contenu même des discours car je dois vous avouer ici que je n’ai pas été un très bon élève et que je n’ai pas tout retenu, ni même suivi. Mais je retiens le geste de Michel Simon, vice-président de AIDES, qui invite tous les bénévoles de AIDES, de SOS homophobie et de l’association Le Refuge, à le rejoindre sur l’estrade afin d’échanger un mot et de les remercier pour leurs actions au quotidien.

Après la foule se retourne pour faire face au buffet… rapidement pris d’assaut. Des groupes se forment pour discuter, d’autres sont sur le départ. La salle se vide progressivement, mais Olivier Ciappa n’a pas une seconde à lui. Il veut parler à chaque personne présente, pour les remercier personnellement de leur venue, mais victime de son succès la tâche s’avère impossible. Il y a eu beaucoup d’heureux ce soir. Heureux de voir des photos mettant en avant ce qui a trop longtemps été décrié ; heureux de voir que la tolérance n’est pas près de renoncer à ces droits sur l’amour !

"Les couples imaginaires", d’Olivier Ciappa sont visibles :
- Jusqu’au 12 juillet à la Mairie du 12ème arrondissement.
- Jusqu’au 6 septembre à la Mairie du 10ème arrondissement.
- Tout l’été en extérieur sur les grilles de la Mairie du 3ème arrondissement.

(1) Ndlr : non l’auteur n’est pas omniscient, en fouillant un peu sur le net, on apprend que cette sculpture est intitulé "La Fraternité des Peuples". Elle fut réalisée en 1883 par Jules Dalou, surnommé le sculpteur de la République, qui réalisa d’autres sculptures pour la ville de Paris dont "Mirabeau répondant à Dreux-Brézé" exposée au Palais Bourbon (Assemblée Nationale) et "Le Triomphe de la République" présente sur la place de la Nation.