Est-ce que cela nous permettra à nouveau d'avoir des rapports ?

Centvin a eu des relations protégées jusqu'en 1997. A cette époque, il a connu "une période suicidaire" qui l'a conduit à avoir des "pratiques à risque". Il vit à Paris, en couple.
"J''ai évité le dépistage pendant deux ans jusqu'en 1999, explique Centvin, pseudo qu'il utilise sur Seronet. Puis j'ai pris le taureau par les cornes. Je suis donc allé faire un test en étant sûr que j'étais séropositif. Ce qui était le cas.
Ce sont les deux premières années de prise de médicaments qui ont été, pour moi, les plus difficiles. J'ai même demandé à changer de traitement. Avec la trithérapie, cela s'est mieux passé. J'ai dû m'adapter aux traitements et puis je suis arrivé à réguler les effets secondaires. Depuis cinq ans, je suis en charge virale indétectable. Avant, les résultats étaient plus en dents de scie. Cette situation a changé beaucoup de choses. Les premières années, j'avais peur que la maladie m'empêche de travailler. Maintenant, j'ai l'espoir que je vais, peut-être, arriver à la retraite sans m'arrêter pour raison de santé. Je me sens beaucoup plus fort pour lutter en travaillant normalement comme je peux le faire aujourd'hui.
Ma sexualité aussi a changé. Je suis passé d'une vie sexuelle épanouie à une sexualité très limitée. J'ai aujourd'hui des rapports sexuels très espacés. Au début, je m'étais fixé comme objectif d'avoir un compagnon stable pour éviter la souffrance répétée qu'est la question de dire ou ne pas dire qu'on est séropo. Je voulais quelqu'un qui sache et qui accepte. Cette personne, je l'ai rencontrée en 2000. Les trois premières années, cela allait bien entre nous. Puis à partir d'un certain moment, il a commencé à prendre peur, notamment par rapport à la fellation. La fellation a toujours fait partie de nos préliminaires, lui comme moi aimons bien ça. C'était la seule liberté qu'on s'accordait.
Une fois, il a abordé la question avec notre médecin traitant. Il est revenu complètement paniqué. On a atteint un point de non retour puisqu'il est quasi impossible d'avoir, pour lui comme pour moi, un rapport sans ce préliminaire. Nous avons essayé sans, mais c'était comme si on était spectateurs de nos propres rapports sexuels. Nous avons failli nous séparer. Nous avons même consulté un psy. On s'en sort en ayant chacun nos partenaires. Nous restons ensemble pour la part affective de notre relation. J'ai entendu parler de cette annonce suisse. J'en ai parlé à mon tour à mon copain. Cela l'a laissé interdit, mais cela l'a touché aussi. On se demande si c'est vraiment sûr et pourquoi on n'en parle pas davantage ? Lui aimerait bien que cette annonce soit vraie et moi aussi. Cela serait bien pour nous. C'est peut-être un espoir dans la situation que nous subissons. Je n'en ai pas encore parlé à mon médecin traitant. Est-ce que cela nous permettra à nouveau d'avoir des rapports ?"
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Le professeur Pierre-Marie GIRARD