La bonne nouvelle de Patrice

Publié par Patrice le 05.11.2011
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La nouvelle des antirétroviraux en prévention
Je connais mon statut depuis 2008. J’avais fait un test par hasard. Positif. Ça fait un choc, aujourd’hui encore. Comme tout le monde. J’ai eu pas mal de mauvaises nuits. Le plus dur, c’était de l’annoncer à mon ami. On est ensemble depuis 26 ans. Il a fait un examen lui aussi. Négatif. Il l’est toujours. Depuis 2008, on ne fait plus l’amour. Ou alors, juste quelques caresses, très peu, très rarement. Pourquoi ? Parce qu’il est très inquiet, il a peur que je lui passe le virus. Alors voilà, notre sexualité est très limitée. Je ne veux pas l’embêter avec ca. Au début, c’était frustrant.
Ici à Lucelle, j’ai appris une super nouvelle : qu’une personne, après six mois de charge virale indétectable, n’a quasiment aucun risque de transmettre le virus. Je ne savais pas ! Cette avancée du traitement comme prévention, je n’en avais pas entendue parler. Ça m’enlève une forte angoisse. D’après ce que j’ai entendu, peu de gens le savent. Si je peux lui dire qu’il y a solution, que je ne risque pas de lui passer le virus, ça va être plus facile dans notre couple. Peut-être que ça va recommencer comme avant.
On a des relations en dehors de notre couple. Enfin, plutôt moi que lui. Pour moi, le préservatif dans la backroom, ce n’est pas très sûr. Tu ne sais pas comment le mec le met, s’il n’est pas périmé, s’il n’est pas abimé. OK, le traitement, ce n’est pas tout à fait 100 % de prévention. Mais la capote, non plus, ce n’est pas du 100 %. D’ailleurs, mes rapports étaient protégés, je me suis demandé comment j’ai pu l’attraper ce virus. Je n’arrive pas à savoir.
Si j’ai des rapports non protégés, je préfère des personnes comme moi. C’est difficile pour moi d’avoir des rapports avec des personnes séronégatives. A moins, comme quelqu’un le disait, de se dire que chacun prend ses responsabilités. Avec le TASP, je le dirai quand même en expliquant. Ils seront libres de choisir ce qu’ils veulent.


La vie avec le traitement ARV
Parfois, c’est un peu lourd. C’est Telzir, Norvir, Kivexa. Le traitement, je le prends à midi et demi, une fois par jour. Je respecte scrupuleusement. Je travaille en deux huit, je suis agent de montage. Le matin, je finis à 13 heures, je le prends à 13 heures 30. Ou sinon, avant de partir, midi et quart, midi et demi. J’ai oublié une seule fois mon traitement. Parfois ça me semble insupportable. Je me sens à plat, presque tous les jours. Peu de tension. Je fais de l’hypotension. Je ne sais pas si c’est un manque de sommeil. Je fais un suivi conjoint ville-hôpital, avec les prises de sang en laboratoire de ville. Les résultats nous parviennent directement à mon médecin VIH, très sympa, mon médecin généraliste et à moi. Je trouve que je peux me confier plus souvent à ma généraliste, qui est au courant de mon statut. Je peux lui en parler librement. Elle est formée, c’est dans une petite ville de 10 000 habitants, à 20 kms de chez moi, avec des labos d’analyses. Je voudrais une autre généraliste plus près. Je vais à l’hôpital tous les trois mois. Cela me satisfait, je ne voudrais pas arrêter. Les relations avec les médecins sont bonnes. Mais pas jusqu’à parler sexe avec eux. J’ai abordé le sujet. Pas de réponse. D’où pas d’infos sur le traitement comme prévention. Juste la capote.

Propos recueillis par Renaud Persiaux.