Les angles morts d’Aeras

Publié par Gaël le 28.04.2023
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Je m'appelle Gaël. J'ai 41 ans. Je vis dans le Vaucluse et je me suis vu refuser une assurance décès parce que séropositif.

Lors d'un rendez-vous avec ma conseillère bancaire, il m'est proposé de souscrire à une assurance décès. Après réflexion, j'accepte et rempli le formulaire d'adhésion, qui comporte des questions d'ordre médical. Très loin de penser que mon statut sérologique puisse être un problème, je déclare ma séropositivité, ma prise de traitement ainsi que mon indétectabilité.
Trois jours plus tard, je reçois un courrier de la compagnie d'assurance qui m'informe d'un refus d'adhésion, non motivé. Je pense immédiatement à mon statut sérologique. Je contacte ma conseillère et le directeur de l'agence bancaire. Je joue la transparence, une nouvelle fois. Je leur dis clairement que je suis séropositif, que je l'ai déclaré, que je suis très surpris du refus et un peu agacé. Il m'est répondu qu'ils ne peuvent rien faire, qu'en raison du secret médical, la compagnie d'assurance ne communique pas la raison du refus à la banque, qui se contente de vendre le produit d'assurance.

Sur les conseils de Victor, militant du lieu de mobilisation de AIDES d'Avignon, je rédige un courrier de contestation, demandant la reconsidération de mon adhésion directement à l'assurance. Ils mettront trois semaines pour me répondre. Une réponse du médecin conseil qui refuse à nouveau l'adhésion en stipulant que « cette décision fait suite à une analyse complète du dossier médical qui a été constitué. En particulier, de la prise en compte de la séropositivité déclarée dans le questionnaire médical d'adhésion. Cet élément constitue un facteur aggravant pour ce type de contrat, mais sans pour autant être un élément péjoratif pour le pronostic individuel ». En d'autres termes, en tant que séropositif, et malgré la convention Aéras [S’assurer et emprunter avec un risque aggraver de santé, ndlr], nous pouvons prétendre à une assurance emprunt (avec surprime, bien entendu), mais pas à une assurance décès — non prise en compte dans la convention.

Ai-je été trop naïf ? Aurais-je dû mentir ou dissimuler ? Avec le recul, je me dis que je ne veux pas mentir sur ma séropositivité. Pas plus que je ne veux me cacher, car cela ne fera pas avancer les choses, pour moi-même et pour toutes les personnes vivant avec le VIH. Il faut être visible et faire évoluer encore et toujours cette convention Aeras.  Je le fais à titre personnel mais aussi pour toutes les PVVIH qui ne le peuvent pas, en raison de leur statut professionnel, du poids familial ou de celui de la société qui les éteint et les écrase. Rien ne m'oblige, a priori, à me taire, tant au niveau professionnel que personnel. C'est pour toutes ces raisons que je témoigne aujourd'hui.