Ma vie a brutalement basculé

Publié par Bilal le 18.11.2021
4 384 lectures

Je suis de confession musulmane. J’ai découvert le sexe tout jeune enfant lors de ma circoncision. J’avais 6 ans. Un jeu autour de mon sexe s’est installé pendant les manipulations par des adultes lors du changement des pansements, une quinzaine de fois jusqu’à la cicatrisation.

Une fois guéri, j’ai pris conscience de mon sexe. J’ai commencé à le comparer à celui d’autres hommes de mon entourage comme mes copains ou mes oncles… En grandissant, je remarque que mon sexe change, sa taille augmente et les premières érections matinales apparaissent. Je compare alors mon sexe avec mes copains et avec certains de mes oncles en qui j’ai confiance. Ces derniers commencent à embrasser mon jeune sexe, à me montrer le leur et on s’attouche. C’est à partir de ce moment-là que mon orientation sexuelle s’est dessinée autour de l’éjaculation, de la jouissance et de l’envie de recommencer. Les jeux ont évolué et le plaisir de me faire caresser à évoluer avec la pénétration anale par un adulte. J’ai découvert que je prenais du plaisir et quand j’ai eu 13 ans j’ai cherché à mon tour à avoir des rapports sexuels avec d’autres hommes. Toujours avec des hommes plus âgés, mon cercle de partenaires s’agrandit et je m’épanouis dans ces relations homosexuelles.

À 22 ans, je quitte mon village pour aller m’installer à Tunis. Une nouvelle liberté s’ouvre à moi. Grâce à mes activités extra-professionnelles, j’ai des relations durables avec des hommes qui passent leurs nuits avec moi chez moi. J’aime cette nouvelle situation sociale sexuelle. Ma situation professionnelle s’améliore. Je commence à voyager à travers l’Europe où à chaque fois je vais à la recherche d’endroits gays. J’invite certains hommes que je rencontre à venir à Tunis pour passer de longs séjours chez moi. Pendant six ans, je découvre le quotidien d’une vie à deux et je profite de cette situation qui me plait énormément.

Mes parents me pressent pour que je me marie, ce que je fais à l’âge de 27 ans. À partir de là, je perds ma liberté et ma joie de vivre. Je n’arrive pas à refouler mes pulsions sexuelles avec les hommes ainsi je débute une vie à double facette et je deviens cachotier.

J’ai eu quatre enfants que j’élève avec plaisir. Sur le plan professionnel, ma carrière continue d’évoluer. Avec ma femme, on a fait construire une grande maison et tous nos enfants ont fait des études supérieures. Ma fille est directrice dans une société tuniso-saoudienne, un de mes fils est médecin généraliste urgentiste ; mes deux autres fils sont ingénieurs : l’un en Belgique, l’autre aux États-Unis. C’est une grande fierté pour moi.

En 2017, je tombe malade. Je suis hospitalisé d’urgence au CHU de Rouen. Les médecins diagnostiquent une pneumonie, puis m’annoncent que je suis séropositif au VIH. Ma vie bascule brutalement et tout éclate au grand jour. Ma femme demande le divorce et mes enfants me rejettent. Je vois rarement mes petits enfants (six en tout). Ils commencent à grandir et à poser des questions sur mon éloignement du pays. Tout mon entourage connaît ma séropositivité, à l’exception des plus petits. Je me prépare à avoir des questions de la part de ma petite fille de quinze ans, à qui je ne saurais pas quoi répondre. La séparation avec mon ex-femme me perturbe énormément. Le rejet de mes enfants me fait très mal. Aujourd’hui, je ne sais plus quoi faire. La solitude me pèse chaque jour davantage et je ne vois aucune issue à ma situation familiale. Je me retrouve seul, prisonnier de mon appartement à Rouen.

J’ai le VIH depuis 5 ans et j’ai une charge virale indétectable. Mise à part un peu de fatigue, je vais bien et même de mieux en mieux côté santé. J’ai retrouvé ma vie de célibataire et je profite de cette liberté pour apaiser mes pulsions sexuelles avec les hommes, mais toujours en cachette. En Tunisie, parler de sexualité homosexuelle reste tabou. Je suis toujours rejeté par mes enfants et je ne reçois ni invitations, ni visites, par crainte de la contamination. Je ne vois pas le bout du tunnel et les idées noires tournent en boucle dans ma tête. Je ne sais toujours pas quoi faire, ni quelle décision prendre.

Commentaires

Portrait de jfb61

Bonjour Bilal, ton témoignage m'a touché. Si tu veux écrire/ parler, je suis là.

J'ai 60 ans, gay et HIV depuis 2005

Portrait de Caramail69

J’espère que tu vas mieux Bilal… ton témoignage m’a beaucoup touché sur ton mal-être et ta famille qui t’a abandonné…. J’espère que tes idées noires ont disparu
Ça serait vraiment dommage de ne pas profiter de la vie quand même surtout si tu restes en bonne santé
Et pour ta famille je te souhaite que ça s’arrange avec le temps au moins renouer un peu pour avoir des nouvelles d’eux
Bon courage en tout cas et garde le moral surtout la vie est belle il faut en profiter

Portrait de Tina1959

Bonjour Bilal, 

Ton temoignage m'a touché, il fait partit des personnes qui vivent ou ont vécues les mêmes problèmes, avec plus ou moins de differences selon les situations. Je sais qu'il n'est pas toujours facile d'affronter ses peurs. Cependant,  si tu veux t'en sortir il va bien falloir que tu fasses des choix, (pas si simple) ! qu'est ce qui est bon pour toi? qu'est ce que tu ne veux plus ? etc. Voilà des questions auquelles tu peux déja écrire pour t'aider à trouver certaines reponses, qui sont en toi et uniquement en toi !....Je peux te conseiller ce livre, qui m'a vraiment aider à prendre certaines decisions. "Psychologie de la peur: Craintes, angoisses et phobies" de Christophe ANDRE. Bon courage...et dis toi que toutes les bonnes choses finissent par arriver, si on le souhaite vraiment de l'interieur. Tina 

Portrait de Butterfly

Si ta plus de Famille QUITTE TON PAYS Va chercher Bonheur ailleurs Kisssss

Portrait de TOZ23

Prend soin de toi bilal , c'est difficile certe . Mais pas insurmontable ! Je suis aussi du magrheb . Je te souhaite du courage