Allez courage !

Publié par jfl-seronet le 19.06.2018
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Il en faut du courage pour se présenter aux élections législatives en Turquie lorsqu’on est gay. Il en faut doublement lorsqu’on est également séropositif et qu’on se lance en politique.

Ce courage, le militant gay et séropositif Hasan Atik le possède indéniablement. Le 24 juin 2018, il sera l’un des candidats du Parti démocratique du peuple. Il briguera une circonscription provinciale dans le Nord-Ouest du pays, dans la province d’Edirne. Militant de longue date des droits des personnes LGBT et de la lutte contre le sida, Hasan Atik rappelle au gré de ses interviews : "L’un de nos combats le plus urgent est le droit de vivre. Nous nous battons sur les sujets de la stigmatisation et de la discrimination qui sont répandus en Turquie". Cela, c’est pour les personnes LGBT. En matière de VIH, Hasan Atik rappelle que la "discrimination et la stigmatisation sont le quotidien des séropositifs en Turquie". "Le But des autorités est de protéger les autres de nous", explique-t-il au site d’infos Kaos.gl. "Cela nous met encore plus à l’écart. La situation, alors que nous sommes déjà considérés comme des monstres aux yeux du public, ne fait qu’empirer". Hasan Atik a du courage et ne limite pas ses propositions aux champs de son militantisme. Il parle de démocratie, de respect des minorités… Il n’a quasiment aucune chance d’être élu.

Du courage, il en faut aussi lorsqu’on est une femme, y compris dans un pays comme la France. Fin mai, une étude de l'Observatoire national de la délinquance et de la répression pénale (ONDRP) rappelait ainsi que les violences physiques et les menaces contre les femmes sur le lieu de travail ou le lieu d'études ont augmenté entre 2010 et 2016. Durant cette période, le nombre de femmes déclarant avoir été victime de violences physiques sur le lieu de travail a presque doublé en passant de 25 000 à 48 000, souligne l’organisme officiel qui se fonde sur des données de l'Insee et du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure. Entre 2010 et 2015, l'observatoire relève une hausse "très significative" de 307 % avant une baisse "tout aussi significative" de 52 % entre 2015 et 2016. Si on regarde les menaces, le nombre de femmes qui disent en avoir été victimes, augmente significativement de 167 000 à 238 000 entre 2010 et 2016. C’est une hausse de 88 % entre 2010 et 2015, suivie d’une baisse de 24 % de 2015 à 2016. "Quand on regarde l'évolution des violences ou menaces faites aux femmes survenues dans d'autres lieux comme la rue ou les transports, c'est sur le lieu de travail et le lieu d'études que l'augmentation est considérée comme la plus significative", remarque Keltoume Larchet, chargée d'études à l'ONDRP, citée par l’AFP. Les derniers chiffres indiquent une baisse, mais le signal n’est que moyennement encourageant.

Du courage, il en faut aussi aux femmes en Grande-Bretagne. Fin mai, plusieurs articles font état de la publication d’un rapport publié au Royaume-Uni sous la houlette du gouvernement. Il est consacré à la place des femmes aux postes de direction dans les grandes entreprises… ou plutôt à leur absence. Le rapport a passé en revue les 350 plus grandes entreprises cotées à Londres. On y note des progrès. Ainsi en 2011, 152 entreprises cotées ne comptaient aucune femme dans leur conseil d’administration ; aujourd’hui, le chiffre est de 50. Mais au total, note le rapport, peu de femmes y accèdent et les explications avancées pour tenter de justifier cette absence sont d’une incroyable misogynie : "Je ne pense pas que ce soit un poste qui leur convienne" ; "la plupart ne veulent pas des tracas ou de la pression d'un conseil d'administration" ; "les problèmes traités sont extrêmement complexes" avancent ainsi certaines entreprises. "Il est choquant que des entreprises pensent que ces excuses pitoyables et condescendantes soient des raisons acceptables pour maintenir les femmes à l'écart des postes à responsabilité" a commenté le secrétaire d'État aux entreprises Andrew Griffiths. "Il n'est pas plus encourageant de voir des responsables qui s'engagent à soutenir les femmes mais font peu pour les nommer aux plus hautes fonctions, ou bloquent leur progression", a-t-il ajouté, cité par l’AFP. La directrice générale de de l'ONG Business in the community, Amanda Mackenzie, a souligné avec amertume que la liste des "excuses" avancées lui faisait plus penser à "1918 [qu’à] 2018".

Du courage, on en souhaite aussi aux militants-es LGBT italiens, qui ont du pleurer à l’arrivée du nouveau ministre de la Famille du gouvernement italien. Il s’appelle Lorenzo Fontana. Il est d’extrême droite, anti-IVG et ouvertement homophobe. Il a commencé par dire lors d’une interview au Corriere della Serra, début juin, que "les familles arc-en-ciel n'existent pas dans la loi italienne". Et le politicien d’extrême droite d’ajouter : "Les familles sont celles qui sont naturelles, où un enfant doit avoir un père et une mère (...). La famille naturelle est attaquée. [Les homosexuels] veulent nous dominer et effacer notre peuple". Du côté de ses alliés, on est un peu gêné, mais pas trop non plus, on estime qu’il s’agit simplement du signe "que différentes sensibilités sur les problèmes éthiques existent".