C’est quoi ce délire !

Publié par jfl-seronet le 31.08.2019
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Affichée dans le métro et les principaux lieux grand public de Budapest (Hongrie), la dernière campagne publicitaire de Coca-Cola lancée à l’occasion du festival de musique de Budapest est au cœur d’une vive polémique.

Hongrie : une pub Coca-Cola gay-friendly fait polémique

Cette campagne décline deux visuels : l’un avec un couple d’homme, l’autre avec un couple de femmes. Les slogans ? « #LoveIsLove », « Zéro sucre, zéro préjugé ». Il n’en fallait pas plus pour que des membres du parti conservateur du Premier ministre Viktor Orbán : le Fidesz, accusent l’entreprise américaine de servir le « lobby homosexuel ». Une pétition a d’ailleurs été lancée le 2 août dernier pour réclamer leur retrait immédiat de l’espace public. Très courageusement, Boldog István, un député du Fidesz, a décidé d’entrer en résistance et de boycotter la boisson tant que ces affiches, qu’il juge « provocatrices », resteront en place. L’affaire est plus importante qu’on ne peut le croire de prime abord parce qu’elle montre bien comment l’homophobie est de plus en plus utilisée pour influencer l’opinion publique, en procédant par amalgame. Ainsi, Courrier International précise que les opposants-es à cette campagne publicitaire prétendent ainsi « mettre un frein au lobby homosexuel destiné aux enfants ». Comme si en montrant des petits couples homos bien sous tous rapports, on allait susciter des vocations… à devenir gay ou lesbienne. Et l’on brandit très souvent l’argument d’une prétendue défense des mineurs pour empêcher les adultes de vivre comme ils l’entendent et pour s’opposer à l’égalité des droits. Dans un communiqué dont Courrier International fait état, Coca-Cola explique défendre avec cette campagne « les principes que nous représentons, et donc notre conviction en l’égalité entre les personnes. Nous pensons que dans un monde fondé sur ces valeurs, tout le monde peut vivre librement et dans la joie. Le droit à l’amour appartient à tous. »

Bon, du côté des réacs hongrois, on pense que non !

Ce qui se passe à Budapest est une variante de ce qu’on peut voir dans d’autres pays. Il y a peu, c’était en Pologne avec un salarié d’Ikea qui avait contesté, au point d’être licencié, la politique sociale d’ouverture envers les LGBT au sein de l’entreprise et par rapport à la clientèle de cette entreprise internationale. Comme souvent, cette opposition aux droits LGBT et à un discours d’égalité s’appuie sur des relais religieux (catholiques en Pologne où le clergé a défendu l’ex-salarié d’Ikea), procède par amalgame entre homosexualité et pédophilie. Ainsi en mai dernier, le président du parlement hongrois, Laszlo Köver (du parti Fidesz), avait estimé en parlant des homosexuels, que « d'un point de vue moral, il n'y a pas de différence entre le comportement d'un pédophile et celui d'un couple d'homosexuels qui demande l'adoption car l'enfant est un objet du désir dans les deux cas ». Cette opposition défend l’idée d’une hiérarchie des normes dont découlerait naturellement un traitement social et légal différencié…

Grosso-modo, l’homosexualité, ce n’est pas bien (d’ailleurs la religion est contre) et donc pas de raison que cette « situation » soit génératrice de droits et doive bénéficier d’une égalité de reconnaissance sociale comme légale.

Candice… dans un État proche de l’Ohio !

D’ailleurs pas mal de zinzins homophobes avancent des thèses saugrenues comme quoi certains drames voire des catastrophes naturelles seraient des condamnations (de Dieu ?) pour sanctionner l’avancée de droits pour les LGBTI. Exemple récent avec une élue republicaine américaine de l’Ohio Candice Keller (elle est la représentante nationale du 53e district de la Chambre des représentants de cet État), récemment touchée par une des deux tueries de masse qui ont frappé les États-Unis, début août. Après les deux tueries de Dayton (Ohio) et El Paso (Texas), la très clairvoyante Candice Keller a blâmé sur Facebook « les personnes transgenres, le mariage homosexuel, la marijuana et les défenseurs des drag-queens », y voyant la cause de ces actes meurtriers. Et la zinzin de l’Ohio de rajouter dans les « éléments explicatifs » des tueries : « la culture, qui ignore totalement l’importance de Dieu et de l’Église », ainsi que « l’absence de pères ». Comme le rappelle le site Têtu, ce post a été effacé depuis. La sottise et la cruauté de cette intervention sont telles que même le « porte-parole des Républicains de l’Ohio a appelé à la démission de cette élue », rapporte Têtu (6 août).

La sodomie durant la grossesse… à risque

L’homophobie crasse et délirante n’est pas l’apanage des politiques réacs, elle atteint souvent des hommes d’Église. Début août, des dépêches font état du discours homophobe d'un évêque grec orthodoxe. Lors d'un discours filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, l'évêque Neophytos de Morphou explique, en juin dernir, que « si une femme [a] pratiqué la sodomie pendant une grossesse, l'homosexualité peut être « transmise » à son enfant ». Vous ignoriez sans doute cette thèse… assez personnelle et nettement barge… à propos de laquelle on prévient tout de suite qu’elle ne repose pas sur des preuves scientifiques de premier plan… On serait plutôt dans le délire personnel voire la « révélation » apparue en triturant des entrailles de poisson. Sinon, très informe, l’évêque a aussi assuré que les homosexuels « sentent mauvais ». Ils « puent », a-t-il déclaré, racontant une rencontre entre un moine et un jeune gay qui « a une odeur particulière », comme le rapporte l’AFP. Le procureur général de Chypre Costas Clerides a indiqué avoir ordonné au chef de la police d'« enquêter sur l'éventualité qu'un délit pénal ait été commis » lors de ces déclarations de l'évêque, qui ont suscité une vague d'indignation à travers le pays. Le gouvernement chypriote s'était dit « profondément troublé et choqué » par les commentaires de Neophytos de Morphou, qui « insultent la dignité et l'égalité » des Chypriotes, mais aussi la raison, non ? Comme quoi, on peut se dire proche de Dieu et ne pas avoir de la lumière à tous les étages.