Grindr transmet les données du statut sérologique
La revente des données personnelles sur Internet est un véritable business fondé sur notre capacité à livrer des détails de nos vies en ligne. Discret mais implacable, ce marché permet à des entreprises de nous connaître presque intimement sans jamais nous avoir rencontrés. Facebook, Google, mais aussi les nombreuses applications mobiles de nos téléphones ont recours à cette méthode lucrative.

Grindr, une application de rencontres sexuelles pour les gays, est la dernière en date à se faire prendre par la patrouille pour avoir trahi la confiance de ses trois millions d’utilisateurs quotidiens sur un sujet hautement sensible : le VIH. Comme le rapporte BuzzFeed, lundi 2 avril, Grindr aurait communiqué à deux entreprises tierces le statut sérologique que ses utilisateurs peuvent renseigner sur leur profil de rencontre. "Les deux entités tierces concernées sont Localytics et Apptimize. La première est un service d’analyse de données qui promet d’aider les applications mobiles à être davantage utilisées par leurs membres. La seconde permet de tester une modification de la plate-forme sur un petit nombre d’utilisateurs, selon Grindr", rapporte lemonde.fr. Toujours est-il que cette révélation, issue du travail de l’organisation non gouvernementale norvégienne Sintef, choque énormément. Car en tant qu’application permettant de se géolocaliser, Grindr transmet, au-delà de l’information médicale du statut sérologique, le numéro de téléphone, l’e-mail et les coordonnées de géolocalisation des membres. Même sans revente en tant que tel, Grindr expose gravement des utilisateurs qui vivent dans certains pays où les séropositifs sont stigmatisés voire criminalisés.
"Pratiques standards"
Contacté par l’AFP, le directeur de la plate-forme, Scott Chen, juge que cette mise en danger claire rentre dans des "pratiques standards" de partage de données personnelles à des entreprises qui aident aux développements intrinsèques de l’application. Il insiste en renvoyant aux utilisateurs la responsabilité de la révélation volontaire de leur statut sérologique sur Grindr et voit sa plateforme comme un "forum public". Des arguments qui peuvent choquer quand on sait qu’aucune notification particulière n’est donnée à l’utilisateur sur le fait que ses données vont être partagées avec des entreprises privées. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #DeleteGrindr (supprime Grindr) est apparu et des associations et activistes sont montés au créneau pour dénoncer la légèreté avec laquelle Grindr traite de cette information sujette à discrimination. Dans un communiqué, l’association AIDES s’est voulu pragmatique : "Il ne s’agit pas pour nous d’appeler à une règlementation des applications de rencontres qui serait de toute façon inefficace. En revanche, les entreprises qui font leur beurre sur la sexualité de leurs clients se doivent, a minima, d’être exemplaires. Exemplaires sur la protection des données de leurs clients ET sur les enjeux évidents de prévention et de santé publique". Et l’association d’appeler au boycott de l’application.
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Commentaires
hélas AIDES est ici dans l'illégalité
Cet appel au boycott me semble aller de soi au vu des faits ici exposés, le hic est qu'avant cet appel au boycott il va falloir se battre pour .... que la France dépénalise l'appel au boycott.
sexualité
les gays ne doivent pas non seulement boycotter les applications smartphone mais boycotter aussi les crusing bar de nuit gay sur Paris ou les patrons sont de vrai salaud et se servent des gays comme des vaches à lait qu'ils ne respectent pas et ne sont pas du tout poli face à la clientèle .
A mon avis
ils ne sont pas les seuls à détenir et faire négoce des fichiers s+ et autres
D'ailleurs moi et d'autres avont fait part sue ce site du bugg ordi. qui nous était imposé si ns ne cochions pas la case "partage des données" sur google et autres.....
Ils vont tracer
Oui mais au delà de tout ce que cela remet en question...
Qui va se donner le mal d'aller à la source.
Nous sommes dans un monde opportuniste et fainéant, alors oui y a pas de secret mais qui va aller chercher les mystères et décoder qui est quoi...
La question est "dans les pays dangeureux pour les séropositifs, Grindr est il installé ?"
Je comprends profondément qu'il faille défendre X et Y valeur mais il faut aussi savoir replacer les choses dans leur contexte
Perso
j'en ai rien à foutre qu'ils sachent ce que je consulte, je lis, je dis et je penses Et qui je suis.......
J'ai rien à cacher Mm pas un compte en banque ds un paradis fiscal ! MDR
Si un jour ça tombe ds de "sales mains", j'aviserais !