Le sida, une maladie des Noirs et de la pauvreté !

Publié par Caroline Andoum et Joseph Situ le 08.02.2016
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Dire les choses ainsi peut sûrement choquer, relever de la provocation, voire d’une volonté de stigmatisation des populations afro-caribéennes… On peut aussi considérer qu’il s’agit d’un coup de pied dans la fourmilière pour éveiller la conscience noire sur cette question. On peut craindre aussi un effet contreproductif vu les réactions des personnes à l’association de leur image au sida. Reste que ce propos est tenu par les activistes africains/caribéens (Noirs d’Afrique et d’Amérique), il mérite donc une attention particulière.

C’est lors de la récente assemblée générale de la Black Diaspora sur le sida organisée à Toronto en octobre 2015, que les associations noires de lutte contre le sida, membres de l’ABDGN (African Black Diaspora Global Network), ont posé cette affirmation, lourde de sens. Les associations se sont appuyées sur les chiffres de l’Onusida, les données épidémiologiques du CDC d’Atlanta, le centre américain de contrôle et de prévention des maladies, les données de l’ECDC (1) et les résultats d’études menées ces dernières années sur l’épidémie qui touche les Noirs en Afrique et les Noirs de la Diaspora… pour dire cela.

La question essentielle, ici, est celle de l’impact du sida. De l’Afrique à l’Occident en passant par les Caraïbes et l’Amérique Latine, les Noirs sont très vulnérables aux problèmes de santé en général, et à ceux du VIH/sida en particulier. Ils représentent une minorité dans les pays d’émigration, mais figurent parmi les populations les plus touchées par le VIH. De plus, parmi les Noirs, on trouve des groupes, parfois restreints, qui cumulent les stigmates, la discrimination et les vulnérabilités. Ce cumul est un matelas bien confortable pour le VIH. Aux Etats-Unis, pays riche, mais avec une politique de santé ultra libérale et inégalitaire, les Noirs, victimes d’une double ségrégation : raciale et sociale, sont les plus mal lotis, quelque soit leur catégorie : descendants des esclaves, installés sur le sol américain depuis plusieurs générations, personnes venues des Caraïbes ou d’Afrique juste après l’époque coloniale, nouveaux migrants. C’est quasiment cette même typologie qu’on voit en Europe. Cette population très hétérogène forme cette fameuse Diaspora noire. Les Noirs africains/caribéens ne sont pas tous logés à la même enseigne, mais la grande majorité cumule des facteurs négatifs. Comme l’indique le Black Aids Institute (2) : les cas de mortalité dus au sida recensés aux Etats-Unis touchent plus les Noirs que le reste de la population américaine.

Une étude montre que 21 % de nouveaux séropositifs originaires d’Afrique subsaharienne ont été contaminés sur le sol américain. En France, l’enquête Parcours conduite en Ile-de-France auprès des ressortissants subsahariens montre que, pour une part importante des migrants, entre 35 % et 49 % selon les scénarios, la contamination par le VIH s’est produite en France, chiffres confortés par une autre étude européenne aMASE. En 2014, l’Onusida recensait 36,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde dont 67 % en Afrique subsaharienne. Si on additionne ce pourcentage avec le nombre de personnes originaires d’Afrique subsaharienne de la diaspora atteintes par le VIH, on atteint un pourcentage avoisinant les 80 % de cas qui concerneraient les Noirs. C’est sur cette base que l’ABDGN pousse son "coup de gueule".

Ce rassemblement militant voit des similarités entre les différentes situations que vivent les Noirs dans différents endroits du monde. Des situations qui méritent que l’on se pose des questions sur les politiques conduites au niveau international en matière de lutte contre le sida et les objectifs de fin de l’épidémie d’ici 2020 ou 2030. Il faut crier, haut et fort, ce message, en mettant de côté tout sentiment de honte et toute crainte de stigmatisation. Il faut alerter les opinions sur les améliorations à faire autour des politiques d’accueil et de condition de vie des Noirs dans la Diaspora, quel que soit leur statut. Il faut agir pour l’émergence des politiques sociales et sanitaires efficientes dans les pays d’Afrique subsaharienne.

"Le sida, une maladie des Noirs et de la pauvreté !" est un message pour réagir, un appel collectif à se ressaisir. Il doit être porté par les leaders communautaires Noirs africains, quitte à choquer. Mais la réelle mobilisation, que nous espérons, est à ce prix là. C’est la compréhension de cette situation et de cet enjeu qui permettra de construire des alliances avec toutes les bonnes volontés pour un plaidoyer fort. Les millions de cas de décès des suites du sida qui ont frappé les Noirs, en Afrique ou dans la diaspora, ne peuvent plus laisser indifférents.

(1) : ECDC : European centre for disease prevention and control, Centre européen de prévention et contrôle des maladies.
(2) : Black aids institute : une association noire de lutte contre le VIH, fondée en 1999. Son slogan : "Notre peuple, nos problèmes, nos solutions".

Commentaires

Portrait de Sealiah

Rien.Si en afrique le SIDA progresse, t'es-tu poser la question du pourquoi?A part piller leurs richesses tu es incapable de leur apporter un confort.Je comprends qu'en amérique ou en europe nous ayons encore des famines.Il n'y en a plus?Je comprends qu'en amerique et en europe l'accés à l'eau potable est un souci.Il n'y en a plus?L'accés aux soins en amerique et en europe pose un souci.Il n'y en a plus?

Faisant parti de la diaspora.Pour vous les blancs un noir reste un noir.

Un pauvre restera aussi un pauvre.Un pauvre n'a pas accés aussi facilement au confort de la vie.

Je ne vous autorise pas  le titre du blog.

Votre constat est érroné.Obama est-il atteint du VIH?Peut-être qu'au fin fond du continent africain il le serait.Parce qu'il est noir?Le VIH est raciste?

Accordons à tout être humain un confort vital et je vous parie que vos statistiques seront autres.Je me fout pas mal que le propos soit tenu par des activistes africains/caribéens.

Je vais me calmer mais aussi revenir.

Portrait de hellow

...j'ai été assassiné pour moins que ça !  provocation aussi, car ici mes bourreaux n'ont pour seules armes leur souris et leur "positive pensée".

Chez moi, le sida est la maladie des pédés et de la luxure !

https://youtu.be/tcM293cxgf0?t=404