C'est fini pour le beverimat !

Publié par jfl-seronet le 17.06.2010
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Cela fait plusieurs années que des firmes pharmaceutiques travaillent sur un produit d'une nouvelle famille possible de médicaments anti-VIH : les anti maturations. Une molécule, le bevirimat, était en développement. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Explications.

Les anti maturations constituent une nouvelle classe de médicaments antirétroviraux (1) agissant sur une cible très tardive du cycle de réplication du virus VIH au moment où les nouvelles particules de VIH, une fois assemblées, "maturent" après l'action de la protéase. Cette classe de molécule pourrait empêcher les nouveaux virions de devenir fonctionnels. Une molécule qui était en développement depuis plusieurs années, le bevirimat (appelée aussi PA 457 du temps où le laboratoire Panacos la développait) va cesser de l'être. Myriad, la firme pharmaceutique qui a repris le produit après Panacos, a, en effet, décidé de se recentrer sur ses médicaments contre le cancer, une stratégie voisine de celle du laboratoire Roche qui a annoncé la fin de sa recherche sur le VIH pour se concentrer sur la recherche contre les hépatites.


Le développement de cet anti maturation a connu des ratés. Ainsi, le bevirimat est peu biodisponible (difficulté à diffuser correctement dans l'organisme), ce qui nécessiterait de nouvelles recherches pour pallier ce défaut. Par ailleurs, les premières recherches ont montré que cette nouvelle molécule n'agissait que chez une partie seulement des personnes séropositives et cela pour des raisons de génétique. Enfin, la réponse antivirale du beverimat est assez faible, notamment chez les personnes qui ont un virus résistant aux antiprotéases.


L'avantage qu'ont généralement les nouvelles classes de médicaments anti-VIH qui consiste à bénéficier aux personnes avec un virus multirésistant aux traitements déà disponibles ne jouait donc pas à plein avec cette nouvelle molécule… Alors, même que c'est l'intérêt de ces nouveaux médicaments : élargir l'offre thérapeutique lorsque le reste marche mal ou moins bien. Le beverimat avait donc certains handicaps, mais il semble que, malgré les points faibles de cette molécule, ce soit surtout une question financière et économique (restructuration stratégique de la compagnie pharmaceutique) qui ait décidé du sort de ce possible médicament et donc de son arrêt. Souhaitons que d'autres molécules de cette famille qui ont émergé (comme le MPI-0461359) seront repris pour leur développement par d'autres compagnies.

(1) Les familles ou classes actuelles de médicaments anti-VIH :
nucléosides (ou inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques de la transcriptases inverse) ;
non nucléosides (ou inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptases inverse) ;
anti protéases (ou inhibiteurs de protéase) ;
anti fusion (ou inhibiteurs de fusion) ;
anti intégrase ( inhibiteurs d’intégrase) ;
anti CCR5 (ou inhibiteurs du CCR5).