Dépistages en prisons : peut mieux faire

Publié par Costa le 04.02.2009
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dépistage
Deux ans après un premier état des lieux, la DRASS Île-de-France (Drassif) dresse la synthèse des améliorations apportées au dépistage du VIH, des hépatites et autres IST et à leur suivi dans les prisons d’Île-de-France. Une comparaison 2005-2007 réalisée dans une dizaine d’établissements (maisons d’arrêt et centres de détention) qui montre un léger mieux, mais beaucoup reste à faire.
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Comme le souligne la Drassif, si le nombre de dépistages pratiqués dans les prisons progresse, nombre d’inégalités demeurent, en effet, selon les établissements et les pathologies. Alors que la prévalence des hépatites en milieu carcéral serait plus importante que celle du VIH, ce dernier reste notamment plus dépisté que le VHC ou le VHB. D’où la nécessité de renforcer le dépistage des hépatites, en particulier du VHC dont les risques de transmission sont également plus grands. Autre point noir et non des moindres : les résultats des tests pratiqués sont encore trop peu souvent rendus aux personnes concernées, ce qui amène la Drassif à fixer comme “objectif prioritaire” d’arriver à le faire dans un “délai acceptable ”.

VIH
Près de 10 000 tests au total ont été pratiqués en 2007, avec un taux moyen de 41,5% des entrants ayant bénéficié d’un dépistage VIH dans les maisons d’arrêt. Un taux de couverture stable par rapport à 2005, même si les écarts varient de 34 à 57% en fonction des établissements.
De 0,8% en 2005, le taux de positivité est, quant à lui, passé à 0,6%, La Santé, Bois d’Arcy et Nanterre enregistrant les taux les plus élevés.

Syphilis
Bien que la Haute autorité de santé (HAS) recommande de proposer systématiquement ce dépistage à la population carcérale, seuls 12,5% de l’ensemble des entrants d’Île-de-France (14,5% en maison d’arrêt) ont bénéficié d’un dépistage de la syphilis en 2007. Par rapport à 2005, le nombre de sérologies pratiquées a même diminué. Soulignant que le dépistage de la syphilis est beaucoup plus souvent refusé que celui du VIH ou des hépatites, la Drassif insiste donc sur la nécessité de repenser les stratégies, en s’inspirant notamment des établissements qui l’ont organisé avec le concours des Centres d’information, de dépistage  et de diagnostic des IST (CIDDIST).

VHC
En 2007, 39% des entrants ont été testés pour le VHC dans les maisons d’arrêt, un taux de couverture globalement identique à celui de 2005 (38%). Le taux de positivité moyen était de 4,9% (résultats stables par rapport à 2005), les plus élevés ayant été enregistrés à Villepinte, Nanterre, la Santé et Chauconin. Comme en 2005, Versailles affiche à l’inverse le taux le plus faible, vraisemblablement en raison du profil de sa population essentiellement féminine.

VHB
Près de 9 500 tests de dépistage du VHB ont été pratiqués en 2007 dans les maisons d’arrêt d’Ile-de-France, soit 38% des entrants avec des variations allant de 18 à 54,8%. Un taux de couverture légèrement supérieur à 2005 (37%), et un taux moyen de positivité de 4,6% en maison d’arrêt.

Des tests pour quoi faire ?
Une fois les tests pratiqués, leurs résultats sont-ils effectivement rendus aux personnes concernées ? Seuls 4 établissements ont répondu à la question avec, logiquement, un taux de rendu plus exhaustif en centre de détention (100% à Melun par exemple). Ce taux est, en effet, nettement moindre en maison d’arrêt  où les détenus restent moins longtemps (en tout cas pas assez pour récupérer leurs résultats…) : 55% à Fleury, 50% à Villepinte, 85% à  Fresnes. Des pourcentages qui confirment, comme le note la Drassif, le problème de la continuité de soins et de prise en charge dans les maisons d’arrêt, et du manque d’efficacité du dépistage si la personne n’a pas accès à ses résultats ni aux démarches de prévention et de soins qui en découlent. D’où un nouvel “objectif prioritaire” : rendre les résultats dans un “délai acceptable (8 à 15 jours)”.



Accès aux traitements antirétroviraux
Seuls 2 établissements ont renseigné cet item avec une méthodologie différente qui devra donc à l’avenir être harmonisée : 45 traitements ont été dispensés un jour donné à Fresnes, 104 en un an à Fleury.

Une synthèse qui, malgré le léger mieux enregistré dans certains domaines (harmonisation des pratiques, amélioration de l’accès aux tests non invasifs de la fibrose hépatique), fait part en conclusion des problèmes qui persistent : le manque d’informatisation et de moyens des Unités de consultation et de soins ambulatoires (UCSA) “qui limitent aussi bien le recueil que les actions de dépistage, de prévention et d’accès aux soins qui en découlent”, le taux de rendu des tests qui reste “trop faible”, ou encore le dépistage des hépatites et de la syphilis, et l’accès à la vaccination contre le VHB qui pourraient encore “être améliorés”.  Vaste programme.

Exploration de la  fibrose hépatique
Si l’accès au Fibroscan® s’est un peu amélioré en 2007, notamment à Fresnes, à La Santé, Osny  et Chauconin, il se fait le plus souvent via l’industrie pharmaceutique et risque donc de cesser lorsque la cotation de l’examen sera établie par la Sécurité sociale. Plusieurs projets d’investissement commun à différents établissements ont cependant été recensés.
Quant à l’accès aux méthodes avec tests biologiques comme le Fibrotest, il reste également limité par les aspects financiers. Rapporté au nombre de tests VHC positifs, le nombre de tests biologiques pratiqués s’établit ainsi à 10% à Villepinte, 45% à Fleury et 98% à Fresnes.

Source : "Améliorer la santé des personnes détenues / Objectif 2 : Améliorer la pertinence et l’efficacité des dépistages VIH / IST / Hépatites", DRASSIF/IRS/CB/AL/Contrat DHOS ARHIF VIH/IST/hépatites.

Illustration : Lusi