Déportation sanitaire : la droite a dit OUI

Publié par jfl-seronet le 11.03.2011
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droit au séjour pour soins
Une cinquantaine d’associations, syndicats, partis politiques avaient appelé à manifester, mercredi 9 mars 2011 devant l’Assemblée Nationale, contre la "loi Besson" et pour dire non à la xénophobie. Ce jour-là, on y examinait deux articles qui vont ouvrir la chasse aux étrangers malades. La majorité a voté ces deux articles qui restreignent le droit au séjour pour soins et facilitent l’expulsion des étrangers malades. Seronet était à la manifestation. Reportage.
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Il a beau s'occuper désormais du numérique à son nouveau poste ministériel, il est probable qu'Eric Besson traînera longtemps comme un boulet la future loi "Immigration Intégration, Nationalité" qui devrait, en toute logique, porter son nom. Boulet, elle ne le sera pas que pour lui, elle le sera surtout pour toutes les personnes qui seront victimes de dispositions particulièrement scandaleuses comme celles qui concernent les étrangers malades dont le droit au séjour pour soins est, depuis le vote du 9 mars, durement limité et les expulsions facilitées. C'est cela et bien d'autres points que deux cents militants sont venus dénoncer le 9 mars devant l'Assemblée nationale. Le lieu n'a pas été choisi au hasard. Le projet de loi Besson y est en débat pour une deuxième lecture par les députés. D'ailleurs, la députée de Paris et vice-présidente du Front de gauche, Martine Billard, sort de l'hémicycle. Juchée sur un banc, porte-voix en main, elle donne une idée de l'ambiance alors que les premiers articles de la loi viennent d'être examinés. Attentifs, les manifestants découvrent que la majorité n'a pas tenu sa promesse (quelle surprise !) de ne pas aborder la question de la nationalité. Le sujet est pourtant prévu pour un autre texte et c'est même l'objet d'une mission parlementaire en cours. Peu importe ! Les députés de la majorité n'ont pas pu résister. Désormais pour être français, les autorités devront s'assurer non seulement d'une bonne connaissance de la langue française, mais aussi d'une bonne connaissance de la culture française et même de l'histoire de France. Nos ancêtres les Gaulois ? A écouter la députée du Front de gauche, on comprend que les discussions sont pires que ce qu'on pouvait craindre. D'ailleurs, lorsqu'on lit certains propos des comptes rendus officiels des débats, on se demande parfois si ce n'est pas ceux d'un séminaire du FN !

Jusqu'au bout du cynisme
Si la future loi Besson est largement dénoncée, c'est qu'elle comprend un nombre conséquent de dispositions qui posent problème. Deux notamment mobilisent depuis des mois les militants de défense des droits à la santé des étrangers, des médecins et des sociétés savantes : la remise en cause du droit au séjour pour soins et les facilités faites aux expulsions des étrangers malades. "[Les parlementaires de droite, ndlr] avaient déjà essayé de passer ces mesures l'année dernière dans une autre loi", rappelle Martine Billard, députée de Paris. "Nous nous étions beaucoup battus contre. Ils avaient reculé, avec difficulté, mais ils avaient reculé. Aujourd'hui, ils repartent à la bataille. Ils réintroduisent ces mesures malgré les alertes y compris celles émanant des médecins qui disent, très justement, que les microbes et les virus se moquent de savoir si les gens ont des papiers ou pas. Outre un aspect humain concernant celles et ceux qui ne pourront plus alors se soigner... il y a tout simplement une nécessité de santé publique... Eh bien, malgré cela, ils restent dans une politique de stigmatisation de tous ceux qui n'ont pas la nationalité française. Ils vont jusqu'au bout de leur logique, jusqu'au bout de leur cynisme. Nous nous sommes battus en première lecture. Nous nous battons de nouveau en seconde lecture", indique la députée du Front de gauche." Nous savons que, malheureusement, ces articles vont passer et que demain il y aura cette restriction d'accès au droit au séjour pour soins, cette possibilité d'expulser des étrangers malades ; tout cela s'ajoutant aux précédentes attaques contre l'AME. Parce que c'est bien connu que les immigrés viennent en France uniquement pour faire du tourisme médical."


Ce n'est pas la République !
Conseillère de Paris (Groupe communiste et Parti de gauche) déléguée à la lutte contre les discriminations, Danielle Simonnet est, elle aussi, présente à la manifestation. "C'est un devoir républicain de manifester. Franchement, c'est la cinquième loi sur l'immigration de la part de ce gouvernement et on assiste, une fois de plus, à un durcissement des politiques migratoires qui rend plus difficile le droit d'asile, qui durcit les conditions du séjour des immigrés en France, qui remet en cause des fondamentaux à travers la déchéance de nationalité et qui ajoute à l'ambiance complètement nauséabonde de ce gouvernement qui court après le FN", dénonce Danielle Simonnet. "On voit bien que toutes les digues sont cassées entre l'UMP et le FN... On a basculé dans autre chose. Lorsqu'on voit dans cette loi les mesures contre l'accueil des migrants atteints de maladies graves... ce n'est plus la République. C'est contraire aux fondamentaux de notre République. Nous sommes face à une loi raciste qui va encourager le racisme."
"Pratiquement tous les ans, nous avons une loi qui réforme le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, cela depuis maintenant sept ou huit ans", critique Gilles Lemaire, vice-président d'ATTAC, présent à la manifestation. "A chaque fois, au travers de ces lois, les conditions de séjour des étrangers, que ce soit ceux qui travaillent en France, qui sont étudiants, qui viennent pour le regroupement familial (...) sont de plus en plus difficiles. Je trouve ça totalement inacceptable. On prend des migrants quand on en a besoin et on les jette quand on en a plus besoin. C'est faire preuve d'un esprit qui continue le colonialisme. C'est un état d'esprit qui est égoïste, ça n'est pas solidaire pour deux sous et ça ne me convient pas". "De plus en plus, l'étau se resserre", explique Aline Arrouze, conseillère (PCF) de Paris. "Ce sont des outils de restriction, de limitation du droit de circuler. Aujourd'hui, on parque les gens dans des centres de rétention près des aéroports comme s'il s'agissait de terroristes. C'est inouï ! C'est pour cette raison que nous sommes en train de manifester et de protester contre ce projet de loi."

Totalement liberticide
En charge des Droits sociaux et des discriminations à la direction confédérale de la CGT, Francine Blanche note "qu'il existe déjà tout un arsenal juridique sur les questions d'immigration et de sécurité, cela suffit largement. Toutes ces lois ne produisent que de la différence entre les gens et des oppositions entre les personnes. Ce qu'il faut : c'est trouver le moyen d'unir les gens, pas de les désunir comme ils le font avec toutes ces lois". Pour la responsable CGT, la loi Besson est "totalement liberticide". Bien sûr, ce qui frappe d'emblée la syndicaliste, ce sont les mesures qui auront des conséquences sur la situation des travailleurs sans papiers. C'est logique, Francine Blanche anime pour le compte de la CGT le mouvement de soutien aux travailleurs sans papiers. "Annoncer, comme le prétend le gouvernement, que cette loi permettra de fermer les entreprises qui emploient illégalement des personnes sans papiers, c'est du baratin", dénonce la syndicaliste. "Il y a aura bien quelques lampistes qui paieront, mais cela dissimule mal la réalité économique du travail des personnes sans papiers dans notre pays. Cela concerne des milliers de personnes qui, quoi qu'on dise, sont utiles là où elles sont et qui ne prennent le travail de personne puisqu'elles occupent des postes dans des restaurants, sur des chantiers, etc. dont personne ne veut".
Mais ce n'est pas pour autant que son opposition au texte se limite au champ professionnel. Et ce d'autant que le projet de loi a bien d'autres cibles. Interrogée sur les dispositions concernant la santé, Francine Blanche constate que "c'est une chose qu'il y ait des spécialistes dans les pays pour soigner les gens et une autre que les personnes malades aient accès à ces spécialistes. On sait qu'il existe des différences selon que les gens vivent dans des grandes villes ou des villages, aient des moyens financiers ou pas. Si on prend des maladies graves comme le sida. Ici, il y a des moyens qui n'existent pas dans des pays africains... Les personnes qui en ont besoin doivent pouvoir être soignées ici".

Du foutage de gueule !
Du côté de la majorité, on répète en boucle que la France n'aurait plus les moyens de cette solidarité. "Les raisons budgétaires, c'est du foutage de gueule !", vitupère Danielle Simonnet du Front de gauche. "A chaque fois que ce gouvernement invoque les questions budgétaires pour justifier une mesure... on a envie d'éclater de rire. Sauf que la situation est très grave. Ils sont en train de vider les caisses de l'Etat en réduisant les entrées d'argent pour défendre les privilèges des riches ! Et après, ils justifient le reste de leur politique en disant qu'ils sont obligés de faire des économies. C'est quoi le coût pour l'ensemble de notre société de façon nationale et internationale quand on ne répond pas à l'accès pour tous à la santé... c'est incalculable !"
"Bien sûr que les questions budgétaires sont un prétexte", dénonce Francine Blanche de la CGT. "Il y a des centaines de milliers de salariés sans papiers qui cotisent partout et qui n'ont droit à rien. Toutes leurs cotisations, elles partent dans le pot commun, mais quand ils ont besoin d'aller ne serait-ce qu'aux urgences... les gens reviennent avec des factures de 100 euros. Il faut arrêter avec cet argument financier. C'est toujours le prétexte pour monter les populations les unes contre les autres." Les arguments financiers ? "C'est un scandale", dénonce Gilles Lemaire d'ATTAC. "Quand on fait le bilan de la balance complète... que voit-on ? Une étude de l'université de Lille, sortie il y a quelques mois, montrait que les migrants payent plus, en impôts et cotisations sociales, qu'ils ne touchent. Pour moi, ces arguments font appels aux sentiments les plus bas, les plus vils, et aux réflexes les plus mauvais des personnes humaines."

Des étrangers expulsés qui vont mourir

De son côté la députée de Paris Martine Billard ne voit pas l'avenir en rose. "Ceux qui ne pourront pas aller se soigner à cause des 30 euros qu'ils devront payer pour accéder à l'AME arriveront dans les hôpitaux au moment où ils seront encore plus malades. Cela coûtera bien plus cher. Même d'un point de vue économique, c'est absurde. [Le gouvernement et la majorité] sont dans une bataille d'affichage pour l'opinion publique qu'ils considèrent comme étant passée globalement du côté des thèses du front national. De mois en mois, ils empruntent de plus en plus le chemin du  front national... Le résultat on le connaît : on sait que les électeurs qui sont racistes iront voter FN et pas UMP. On a des lois qui vont être inhumaines et qui n'auront même pas de résultat d'un point de vue électoral. C'est cela qui est tout à fait cynique. En revanche, on aura des étrangers expulsés qui vont mourir parce qu'ils n'auront pas accès aux traitements."
Dans la nuit du 9 mars, les articles qui portent atteinte aux étrangers malades ont été adoptés. L'opposition a protesté. La droite les a soutenus et votés. Le Nouveau centre avait promis de ne pas voter ces mesures, il a fait le contraire (quelle surprise !). Sur la place près de l'Assemblée nationale, des manifestants ont scandé des slogans. Des travailleurs sans papiers ont joué du tambour. Un manifestant, en hyper mastic, se baladait dans la foule, brandissant un panneau au dessus de sa tête. Sur ce panneau, deux visages se côtoient : celui d'une femme africaine et celui de Nicolas Sarkozy ; en dessous une question : "Lequel des deux faut-il expulser ?" Il a bien une petite idée... car côté visage présidentiel, on peut lire : "Casse toi... semeur de haine !"

Commentaires

Portrait de sonia

Chez eux, privés de soins, ils vont sûrement mourir aussi mais les défunts chez nous sur le territoire français, on en fait quoi?? Quelqu'un sait il? Ou se tait il ?
Portrait de lounaa

parfois avec un peu de chance la family reçoi un colis , une petite boite avec cendres dedans ....le prix d'un colis ! les autres partent en fumée dans nos crématoriums comme beaucoup d'entre nous !
Portrait de lounaa

c'est une loi inhumaine et c'est que le début ! sa me révolte pour tout ces séropos qui vont étre refouler et mourir , c'est une honte ! sa me donne la rage , la haine et après eux préparons nous aussi à déguster d'abord les étrangers après les autres les pas normaux comme ils disent si bien ou encore les sidéens ! pour ceux rasiste qui se posent des questions je suis française née en france de parents français depuis plusieurs générations ,, j'ai horreur des discriminations ,du racisme , de la connerie humaine ètre née quelques part pour celui qui est né est toujours un hasard ! j'ai pas étais élever dans la haine des autres j'ai toujours regarder d'abord le coeur d'une personne , le respect ; et pas la couleur ni l'origine . et sa me fait mal pour eux ; .quelle honte !