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Publié par jfl-seronet le 20.03.2011
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En 2020, le nombre de médecins par habitant devrait être au plus bas en France. C’est ce qu’affirme "France Soir" qui a consacré (5 mars) un dossier au "scandale" de la pénurie de médecins.
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Pour le quotidien, la France "paye au prix fort les erreurs lourdes du passé qui ont conduit à l’actuelle pénurie de médecins" et à ses conséquences : "Urgences saturées, praticiens non remplacés, délais de rendez-vous interminables…" D’abord, un  chiffre : "le conseil de l’ordre recense 261 378 praticiens, toutes spécialités confondues. En trente ans, leur nombre a augmenté de 93,1 % (…) Mais, depuis deux ans, la tendance est en train de s’inverser". Une des raisons est la baisse sévère du nombre d’étudiants en médecine (dont le numerus clausus est fixé par l’Etat) dans les années 1980 et 1990. A cette époque, l’équation était simple : moins de médecins = moins de dépenses de santé. Le problème, c’est qu’on paie aujourd’hui et encore plus demain ce choix. Ce n’est un mystère pour personne que la France a des médecins, mais qu’elle commence à en manquer (c’est notoire dans certaines spécialités : le VIH par exemple où la relève tarde à se manifester). D’autres phénomènes jouent. "La côte des spécialités (…) est totalement bouleversée : longtemps réservée aux mieux classés des concours d’internat, la chirurgie est massivement délaissée au profit de disciplines moins contraignantes, comme la dermatologie et l’ophtalmologie. Dans certaines régions, le manque d’anesthésistes et d’obstétriciens a atteint un seuil critique, les jeunes médecins redoutant la multiplication des procès intentés par les patients", avance "France Soir".
Par ailleurs, les médecins sont particulièrement mal répartis sur le territoire. Se faire soigner à Paris et sur la côte d’Azur est aisé, il n’en va pas de même dans la Creuse ou en Lozère. La situation est telle qu’il existe désormais des déserts médicaux que la loi HPST s’était d’ailleurs promis de résorber. Plusieurs articles maniant la carotte ou le baton s’y employaient. Le problème, c’est que la lutte contre les déserts médicaux, telle qu’imaginée par le gouvernement, n’a pas du tout plu aux syndicats de médecins libéraux. Le gouvernement envisageait même de remettre en cause le principe de la libre installation des médecins. Ce n’est pas une bonne solution selon Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Il s’en explique dans "France Soir" (5 mars). "Rien ne saurait forcer un jeune diplômé à s’installer là où il ne veut pas. En revanche, on peut agir en amont en déterminant le nombre de médecins nécessaires par spécialité et par région. Cela me semble totalement aberrant qu’on ne le fasse pas encore (…) Le numerus clausus doit être adapté au cas par cas", avance t-il. Dans la même interview, il sonne, une nouvelle fois, la charge contre la loi HPST. "Les mesures contraignantes ne serviront qu’à décourager les rares étudiants qui ont encore envie d’ouvrir un cabinet. Ainsi, la loi Bachelot sur la santé de juillet 2009 oblige les généralistes installés en ville à aller consulter une demi-journée par semaine à la campagne, prévoyant des pénalités pour les praticiens récalcitrants. C’est ridicule et catastrophique". Pour Michel Chassang, une des solutions est d’"augmenter les aides fiscales dans les zones désertiques pour permettre aux médecins de s’associer", mais cela ne suffit pas selon lui : "Il faut repeupler les campagnes avant d’y installer des médecins ! Le gouvernement doit mettre en place une vraie politique d’aménagement du territoire pour revitaliser certaines régions. Personne n’a envie de s’installer dans un village où il n’y a pas d’école pour scolariser les enfants, pas de caserne, de boulangerie, ni de service public…"