Hommes / Femmes : à chaque genre sa prévention, et sa santé

Publié par Emy-seronet le 12.08.2010
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genres
Prendre en compte les particularités de chaque genre pour définir les stratégies de prévention VIH/sida et pour élaborer les politiques de santé publique : pour l'association FRISSE (Femmes Réduction des risques et sexualité) - qui forme, depuis dix ans, les professionnels, les militants, et les autres personnes concernées -, c'est indispensable. Au programme de ces formations : l'intervention de nombreux experts, spécialistes de la question du genre. A la clé : l'amélioration des stratégies de prévention et des politiques de santé publique.
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Alors que l'ONUSIDA insiste sur la nécessité de prendre en compte la notion de genre lorsque l'on met en place une action de prévention VIH/sida et que, dans d'autres pays, notamment au Canada, il existe une vraie réflexion sur le sujet, la notion de genre demeure quasi-inexistante au programme des politiques de prévention françaises. Le genre relève d'une construction sociale qui peut être remise en question et modifiée (contrairement au "sexe" qui repose sur une réalité biologique et immuable), et le genre expliquerait les inégalités qui divisent les rapports entre les hommes et les femmes (violences, contrôle de la sexualité et/ou de la prévention par les hommes, dépendance financière de certaines femmes...). Pour l'association Frisse, la dimension culturelle - à savoir les stéréotypes masculins / féminins établis par la société - devraient donc entrer en considération dans la lutte contre le VIH/sida.

Depuis 1999, parce que "les femmes et les hommes ont une expérience différente des dispositifs de santé", l'association Frisse oeuvre donc pour former les personnes concernées, professionnels ou non, aux besoins et aux attentes de chaque genre, en matière de prévention et de santé. Des experts venus d'horizons variés (sociologues, sexologues, anthropologues, médecins...) pour démontrer que les inégalités de santé sont fondées sur le genre ; des animations pédagogiques pour aborder la place du genre dans les questions de prévention et de santé ; une conférence pour dresser les éventuelles recommandations à prendre en compte dans les politiques de prévention et de santé à venir : tel est le programme de cette formation dispensée par Frisse, dont la prochaine session, ouverte à tous, à lieu fin septembre.

Après avoir défini la notion de genre, exploré l'influence du genre sur le rapport au corps et à la santé, et dressé un panorama des "représentations genrées dans l'anatomie", l'après-midi du premier jour de formation sera consacré à l'étude des rapports entre le genre et les conduites à risques. Pour cette première journée, trois ateliers au choix : "Genre et souci de soi", "Genre et care : s'occuper des autres" et "Genre, sexualité et handicap". Le lendemain, c'est la santé publique, et plus particulièrement les politiques de santé en matière de prévention qui seront au coeur du débat. Là encore, pour tenter de définir les meilleures stratégies de réduction des risques et des dommages, trois ateliers seront proposés : "Genre, autosupport et éducation thérapeutique", "Genre, toxicomanie et réduction des dommages" et "Violences et genre". Le troisième jour, les intervenants se pencheront sur les liens qui existent entre normes et vulnérabilité. Migrants, travailleurs du sexe, personnes en situation de précarité... : des groupes particulièrement exposés aux infections sexuellement transmissibles, dont les besoins en matière de prévention et de santé sont tout aussi divers que leurs rapports à la sexualité. Enfin, c'est une conférence de consensus qui permettra de revenir sur les points forts de la session, et de résumer les différents éléments qui permettent de "renforcer l'approche genrée dans la promotion de la santé".

Jean-Yves Le Talec, sociologue spécialisé dans la prévention du VIH chez les hommes gays ; Laurent Gaissad et Catherine Deschamps, chercheurs en sociologie et anthropologie à l'université Paris Ouest ; Carine Favier, médecin et militante au sein du Mouvement français pour le planning familial (MFPF), Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, épidémiologiste à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)... Une quinzaine d'experts ont déjà prévu d'intervenir lors de cette seconde formation Frisse 2010, qui se déroulera du vendredi 29 septembre au vendredi 1er octobre inclus, dans les locaux de l'Agence Régionale de Santé d'Ile-de-France (Paris 19e). Plus qu'une dizaine de places disponibles. Pour demander le programme complet de la formation et un formulaire d'inscription, contactez Sylvie au 09 77 35 95 77 ou à frisse2@orange.fr. Prévoir 210€ (frais pédagogiques, pauses et déjeuners des trois journées), tarif négociable en cas de difficultés financières.

Image : "La terrible épidémie de moustache de 1890", Plonk et Replonk.