Kenya : les Masaïs se privent de traitements

Publié par jfl-seronet le 07.01.2009
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Le taux d'infection au VIH chez les Masaïs a atteint, ces dernières années, un niveau alarmant, affirment les autorités kenyanes. Irin/Plus news s'est rendu à Narok, chef-lieu de la province de la vallée du Rift. Reportage.
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Selon les estimations du Conseil national de contrôle du sida du Kenya (un organisme qui coordonne les différentes mesures de lutte contre le sida dans le pays), 30 % des Masaïs, un peuple nomade, sont atteints du VIH, soit environ quatre fois plus que dans l'ensemble de la population. Comme l'explique le site Irin/PlusNews : "Certaines pratiques culturelles telles que le partage des femmes rendent les Masaïs particulièrement vulnérables au VIH". A cela se greffe un autre problème de taille : le style de vie nomade qui "entrave l'administration des traitements contre le VIH/sida." Ainsi, Nasela Kimapai, une jeune femme de 33 ans, explique à Irin/PlusNews qu'elle a perdu deux enfants du fait du nomadisme. "Lorsque les enfants ont été déclarés séropositifs en même temps que moi, le médecin nous a recommandé de toujours les emmener à l'hôpital, pour qu'ils soient soignés, mais [mon mari] a insisté pour que nous nous déplacions ensemble", explique t-elle. "Je l'ai supplié de rester, mais il m'a même battue. Nous avons vu nos deux enfants mourir, l'un après l'autre, sous nos yeux." En insistant pour que la famille continue à se déplacer avec le bétail, son mari les avait empêchés de poursuivre leur traitement anti-VIH.

Des solutions pour permettre un accès régulier aux traitements malgré des déplacements continuels sont lancées, mais leur mise en place est difficile. "Nous nous efforçons de les atteindre où qu'ils s'installent, par l'intermédiaire de bénévoles, mais c'est difficile", explique ainsi Margaret Lempaka, la directrice de l'association Touch of Love, un organisme qui fait appel à des bénévoles pour encourager les Masaïs atteints du VIH dans la région de Narok à prendre leurs traitements anti-VIH. "Les femmes sont prêtes à nous écouter, mais elles ont peur de leurs maris, qui pensent que leurs bêtes comptent plus que des vies humaines." Directeur de l'hôpital régional de Narok, le docteur Victor Leshore confirme que bon nombre de patients issus des communautés masaïs prennent leurs médicaments de manière très irrégulière.

Une des solutions passe par le changement d'activité. "Je pense que la meilleure façon de faire face au problème est de donner à ces gens un autre moyen de gagner leur vie [que l'élevage itinérant], ce qui ne sera pas facile non plus". Touch of Love tente ainsi d'aider les femmes masaïs séropositives à rester là où elles sont, en particulier celles dont les enfants ont également besoin de soins, en les aidant à créer des sources de revenus alternatives.
Source : Irin Plus News

 Crédit photos : Dafyddaptrnce