La Droite populaire… met la dose !
Honnêtement, on s’y attendait un peu. Il suffisait pour cela de conserver en mémoire les dernières sorties des députés de la Droite populaire. Ce n’est donc pas une surprise de voir à quel point le programme présenté, il y a quelques semaines, par la frange radicale de l’UMP sonne comme s’il avait été rédigé par le FN. Evidemment, lorsqu’on dit cela, cela suscite l’ire des députés concernés qui jurent leur grand dieu qu’ils sont d’authentiques démocrates. Peut-être, mais il n’en demeure pas moins que les mesures qu’ils préconisent semblent tirées des livres de chevet de Marine Le Pen. Cette dernière parle d’ailleurs à propos des mesures de la Droite populaire d’une "entreprise d'enfumage électoraliste". La Droite populaire est un collectif de députés parmi les plus à droite de l'UMP. Certains se sont illustrés par des sorties radicales, des propositions aussi extrémistes que marginales et une assez forte obsession sur les questions d’immigration… à l’instar de leur vedette le ministre des Transports : Thierrry Mariani. Il y a certes des convictions (du moins, on suppose) chez ces parlementaires, mais aussi du calcul électoral car certains ont des circonscriptions difficiles où le FN est fort… On pense à Christian Vanneste, Thierry Mariani, etc. La Droite populaire a rendu publiques douze propositions destinées à droitiser le projet présidentiel 2012 de l’UMP. Elle entend par la suite s’ouvrir à tous les élus de droite qui souhaitent adhérer à leur charte. Le but est clairement de gagner en nombre et donc en influence.
Par certains côtés, ce mouvement se présente comme la garde prétorienne de Nicolas Sarkozy. En gros, ils cherchent à éviter à Nicolas Sarkozy de se faire doubler par sa droite… Pour cela, il n’y a pas trente-six solutions, il faut faire comme eux et comme fait également Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur. Il faut radicaliser le discours et les propositions.
Justement quelles sont ces propositions ? Elles sont assez diverses et parfois même un peu inattendues… Par exemple, la Droite populaire est plutôt favorable à la création de la taxe Robin sur les transactions financières. Comme l’expliquait "Le Monde" (28 septembre), la Droite populaire entend éviter les effets "néfastes" de l’interventionnisme d’Etat. Elle défend le patriotisme économique, un CDI plus flexible et la disparition des CDD.
C’est évidemment en matière de sécurité et d’immigration (vue uniquement comme un problème) que la Droite populaire donne son meilleur. Ainsi, la Droite populaire veut une nouvelle limitation de l'Aide médicale d'Etat. Dans le programme, il est écrit : "Limiter l’assistance au strict minimum vital pour les étrangers illégaux : réforme des critères d’attribution de l’AME (Aide Médicale d’Etat) et de l’ATA (Allocation Temporaire d’Attente), et limitation de la durée d’accueil en hébergement d’urgence et de stabilisation". Toujours sur l’immigration, la Droite populaire veut "instaurer un droit de la volonté pour l’acquisition de la nationalité française à 18 ans en mettant fin à son automaticité" et demande même à ce que soit supprimée "toute aide publique aux associations venant en aide aux étrangers illégaux". Elle demande aussi de "limiter l’attribution de la carte de résident aux seuls demandeurs ayant une réelle connaissance de la langue française (niveau B) et manifestant une réelle volonté d’intégration". Autre angle d’attaque, la restriction du "regroupement familial, en supprimant son automaticité (à l’instar de la loi danoise)". Bien entendu, dans l’esprit de ces députés, on pense qu’on aurait moins de problèmes si les étrangers restaient chez eux. Du coup, il est proposé de "s’attaquer aux causes de l’immigration en proposant un plan Marshall du Co-développement en jumelant chaque Nation européenne à tous les pays de bonne gouvernance". On voit mal comment cela peut marcher… en proposant du développement binational, surtout si cela ne concerne que les bons élèves du développement… Quid des autres ? Nicolas Sarkozy s’était opposé à la double peine… elle revient en grande force dans les propositions de la Droite populaire puisqu’il s’agit de "rendre possible le non renouvellement du titre de séjour à tout étranger condamné à une peine de prison d’au moins un an (à l’exemple de la loi portugaise)".
Une des obsessions de la Droite populaire est la lutte contre les fraudes… et l’assistanat. Entendons-nous bien les fraudes qui préoccupent prioritairement ces élus sont plutôt sociales que fiscales… La Droite Populaire avance que cette lutte est nécessaire "parce que les fraudes (…) fragilisent le lien social et la solidarité nationale". Du coup, les députés de ce mouvement préconisent de "créer un registre national centralisé et coordonné pour lutter contre les fraudes et les abus, semblable aux systèmes instaurés en Belgique, en Suède et en Finlande (numéro d’identification personnelle attribué à chaque citoyen)", de "créer une carte d’identité biométrique infalsifiable" et d’instaurer "une carte de sécurité sociale sécurisée avec une durée limitée et sécuriser les ordonnances par voies électroniques". Dans cet univers aux allures orwelliennes, il faudrait, de surcroît, "instaurer des sanctions pénales plus dissuasives pour les récidivistes et développer le recours aux sanctions administratives (retrait de carte professionnelle, fermeture d’établissement, etc.)". Ah oui, il est aussi demandé d’"augmenter le délai de prescription des fraudes pour favoriser la récupération des indus".
Du côté de ce que les députés de la droite populaire appellent "l’assistanat", il est recommandé de "supprimer le complément de retraite de l’ASPA (Aide de solidarité aux personnes âgées) pour les personnes n’ayant jamais cotisé en France afin d’augmenter les petites retraites, des agriculteurs notamment", de "réduire l’étendu des services proposés par la CMU (couverture maladie universelle) aux soins essentiels uniquement", de "limiter la perception du revenu de solidarité active dans le temps et instaurer une compensation au versement".
Un axe du programme concerne la lutte contre la dette et les déficits publics. Bon, d’un côté, on s’attaque aux gros (ceux qui ont des parachutes dorés, les multinationales du CAC 40 qui ne paient pas d’impôts…), de l’autre à ceux qui sont appelés les "profiteurs du bas", comprendre ceux qui tricheraient sur les prestations sociales.
Si le programme ne dit pas un mot du mariage homo ou de l’homoparentalité (on sait qu’ils sont contre), il traite, en revanche, des drogues. Une des propositions est de : "Refuser la légalisation du cannabis et de toutes les drogues". "Nous considérons que la société doit être en mesure d’offrir à la jeunesse une véritable espérance, c’est-à-dire autre chose que des paradis artificiels", écrivent les députés, comme si cette question ne devait concerner que les jeunes. Cela donne donc des mesures comme : "Renforcer les contrôles et les campagnes de prévention", "Interdire les salles d’injection", "Instaurer de véritables sanctions pédagogiques pour le consommateur, notamment par des mesures de contrôle similaires à celles pratiquées pour l’alcool au volant, ainsi que des sanctions renforcées pour les trafiquants".
Détail amusant sur un certain nombre de mesures préconisées, ce mouvement de l’UMP fait souvent référence à des dispositions analogues qui existent dans des pays européens. Curieusement, il ne fait jamais mention de ce qui, dans ces mêmes pays, va à l’encontre de ce que la Droite populaire propose. Par exemple, si le Portugal applique la double peine, jamais on ne dit que le même pays à dépénaliser l’usage des drogues. Mais, il est vrai qu’en politique, on n’est pas obligé d’être de bonne foi.
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Commentaires
Du bon et du moins bon
Certains de tes arguments sont entendables,
Zagadoum. Mais si tu relis l'article tu t'apercevras qu'il ne s'agit en aucun cas de lutter contre la fraude fiscale (que seuls les riches sont en mesure de pratiquer) mais contre la fraude sociale (un délit de pauvres au même titre que voler un steack dans une grande surface, parfois pratiquée à grande échelle par des bandes organisées mais ça s'apparente alors à du grand banditisme et c'est ultra-minoritaire, ça doit représenter 0,001% des dividendes versés indûment par les banques à leurs actionnaires chaque année...).
Il ne s'agit pas non plus de lutter contre l'immigration... mais contre les immigrés. Ce qui est tout autre chose et bien nauséabond dans les conditions dans lesquelles ça se pratique déjà actuellement.
Si on avait attendu la droite populaire (aïe, ma bouche) pour faire de l'aide au développement, on en serait encore au temps des colonies ! L'article démontre d'ailleurs bien l'ineptie de leur proposition.
S'enrichir
en vendant à prix d'or des chaussures en plastique fabriqués par des enfants chinois exploités aux pauvres ados de banlieue et d'ailleurs, en leur faisant croire que ça va faire leur bonheur (un exemple parmi tant d'autres, et pas caricatural du tout).
C'EST PAS UN PARADIS ARTIFICIEL, ÇA !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C'est le véritable enfer sur Terre.
Ce vieux beau ignoble de Vanneste !
Avec son costume blanc, son baisenville et son air de Lou ravi... lui manque plus qu'une chemise à jabot et une plume dans le cul !!! Me fait gerber... Oui, j'attaque sur le physique, censurez-moi si vous voulez.
La droite populaire, je voudrais la saisir par les couilles et ne plus la lâcher.
Il n'est pas sur la photo, Eric Raoult ?
La droite populiste !
que sa fait du bien ...