Le dépistage à l'insu en procès

Publié par jfl-seronet le 05.11.2009
832 lectures
Notez l'article : 
0
 
Dépistés à leur insu, mis sous traitements contre le VIH sans en être informés, puis finalement renvoyés pour raisons médicales, deux anciens militaires de l’armée de l’air de Zambie (Afrique australe) dont décidé de porter plainte et d'attaquer l'armée en justice.
know_HIV_status_africa.jpg

Comme l'explique Irin News (21 octobre), les deux anciens soldats estiment que leur licenciement est fondé sur leur séropositivité. Ils affirment, par ailleurs, avoir découvert qu'ils avaient été mis sous traitement anti-VIH par les médecins militaires lors d'un test volontaire, sans avoir été informés de la nature des médicaments. Ils demandent d'ailleurs à être réintégrés dans l’armée (c'est le premier employeur public du pays) ainsi que des dommages et intérêts. Du côté de l'armée de l'air, on nie ces accusations et on explique qu'un des militaires a été démobilisé du fait d'un cancer et l'autre parce qu'il avait contracté la tuberculose. Jugée par la Cour suprême de Livingstone (une des principales villes du pays), cette affaire a relancé les débats sur "la légitimité d’un dépistage obligatoire du VIH dans un pays où 14 % des 11,7 millions d’habitants sont séropositifs" alors que, selon les sources officielles, seulement 15 % de la population a déjà effectué un test de dépistage. "Le dépistage obligatoire du VIH est illégal", rappelle Irin News, mais la situation est un peu complexe car l'Etat a mis en place un système "dans lequel l’initiative du dépistage vient du personnel médical, et non du patient." Conséquence : les personnes se rendant dans des établissements de santé publics sont systématiquement soumis au test du VIH, quel que soit le motif de consultation. Pour ne pas être testé, il faut manifester expressément son refus ! En fait, il est manifeste que le gouvernement souhaite imposer le dépistage obligatoire. La ministre de la Santé l'a d'ailleurs réclamé en 2008.


Du côté des activistes de la lutte contre le sida, on ne partage pas cet avis. Ainsi, à propos de l'affaire concernant les militaires, le Zambia National AIDS Network qui fédère plusieurs ONG de lutte contre le VIH, estime que "les militaires devraient être soumis à des tests évaluant leur condition physique, et non au dépistage du VIH (…) Il est inacceptable d’imposer le test du VIH aux militaires, sans même parler de licencier ceux qui sont diagnostiqués séropositifs ; cela revient à promouvoir la stigmatisation et la discrimination."
L'affaire n'est pas encore judiciairement tranchée.
photo : Simonga village, Zambie par jonrawlinson