Rapport : la santé sous haute tension !

Publié par jfl-seronet le 29.01.2011
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pôle santé et sécurité des soinsmédiateur de la république
Il y a deux ans, le Médiateur de la République créait son Pôle Santé et Sécurité des Soins, une structure chargée de "renforcer le dialogue entre les usagers du système de soins et les professionnels de santé". La lecture du rapport annuel du Pôle Santé montre, nombreux exemples à l’appui, que ce n’est pas du luxe. Explications.
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Il y a d’abord un chiffre : 11 800. C’est le nombre d’appels passés en 2010 au Pôle Santé. Durant la même année, 1 400 courriers ont été reçus et sont en cours de traitement. 282 problèmes ont été signalés et traités par Internet. 39 % des requêtes concernent un événement indésirable médical ou chirurgical et 20 % des requêtes font état de maltraitance ou de violence. Le Pôle Santé précise aussi qu’en 2010 près de "18 % des requêtes proviennent de professionnels, en situation de dialogue bloqué avec un patient, subissant un isolement professionnel après un accident médical, ou menacé dans leur activité…" Outre ses missions de renforcement du dialogue entre usagers du système de soins et professionnels de santé, le Pôle Santé analyse et traite toutes demandes d'information ou réclamations qui mettent en cause le non respect du droit des malades, la qualité du système de santé, la sécurité des soins et l'accès aux soins. Alors que donne le rapport 2010 ?

Ça chiffre !
Sur un total cumulé, il y a donc eu 13 723 requêtes adressées au Pôle Santé. 39 % concernent des événements indésirables médicaux ou chirurgicaux (par exemple, une pratique médicale non conforme ou non éthique), 20 % des faits de violence ou de maltraitance, 14 % une "insatisfaction patients/familles", 14 % des infections associées aux soins (maladies nosocomiales), 9 % portent sur le non respect des droits des patients, des problèmes de déontologie ou de discriminations (par exemple, l’accès au dossier médical, la mise à l’écart, etc.).  4 % des cas concernent des événements liés à un produit de santé

Des mots, des maux !
"Votre fils coûte déjà bien assez cher à la Sécurité sociale, et ceci depuis sa naissance". Voilà ce que la mère d’un homme handicapé s’est vue répondre dans une clinique où son fils était hospitalisé. Face aux douleurs intenses de son fils, victime d’une occlusion intestinale, elle n’a cessé d’alerter l’équipe médicale… Le médecin a répondu que c’était lui le médecin et qu’il savait ce qu’il faisait. Le malade a été pris en charge trop tardivement. Il est décédé. Des exemples d’incompétence et de violence verbale, le rapport en cite d’autres. Un des plus incroyables concerne un ado âgé de 14 ans, sujet à l’obésité, hospitalisé suite à la suspicion d’une appendicite. IL est opéré. Le lendemain de l’opération, visite de contrôle du chirurgien qui interpelle ainsi son patient : "Pourquoi je t’ai opéré ? De toute façon, tu es entouré de graisse et tu vas bientôt crever". La violence des mots est une des formes de la maltraitance. Le rapport annuel insiste d’ailleurs sur l’engagement d’un grand nombre d’établissements en faveur de la "bientraitance". Il note que c’est d’autant plus nécessaire que les "patients âgés sont de plus en plus fragilisés" et que leur état nécessite une "meilleure coordination entre le secteur médicosocial et le sanitaire". Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui… et ce qui cause de nombreuses dérives.

Y a d’la tension dans l’air !
La violence des mots, celle des attitudes de certains professionnels de santé trouve son pendant. Ainsi le rapport du Pôle Santé note que la "violence continue de s’introduire au cœur de l’hôpital aux dépens des professionnels de santé". Il peut s’agir de menaces de mort suite au décès d’un patient, d’agressions physiques pour une attente trop longue aux urgences, etc. D’ailleurs, constate le Pôle Santé, la "société hospitalière d’assurance mutuelle [l’assureur de la majorité des hôpitaux publics] a constaté par rapport à 2008 une augmentation de plus de 25 %" d’agressions visant des professionnels de santé et débouchant sur une plainte au pénal. "La majorité d’entre elles relevant de violences physiques (80 % contre 70 % en 2008) suivies des injures ou menaces (13 %)", note le Rapport. Autre grand motif de tension, l’accès au dossier médical du patient et de ses ayants droit. Pour faire simple, disons que le délai de huit jours pour obtenir des informations concernant une hospitalisation de moins de cinq ans n’est jamais respecté. Pour les ayants droit, c’est la quasi impossibilité d’obtenir le dossier médical complet d’un proche disparu.
Une des causes de crispation entre usagers du système de soins et professionnels de santé tient notamment à l’engorgement des urgences.

Personnes détenues : un accès sous contrainte
C’est un des points forts du rapport annuel du Pôle Santé. "Le service public hospitalier doit assurer les examens de diagnostic et les soins dispensés aux détenus en milieu pénitentiaire et, si nécessaire, en milieu hospitalier. De nombreux textes et recommandations fixent ainsi les conditions dans lesquelles doit s’effectuer une prise en charge qui est précisée, localement, par des protocoles signés entre autorités concernées". Voilà pour le rappel réglementaire. Conséquence, la personne en détention "dispose des mêmes droits que tout autre patient, en termes de dignité et de non discrimination, d’information, de consentement, de secret et de confidentialité ou d’accès au dossier médical". Le Pôle Santé affirme (sans rires) que ce "dispositif reste néanmoins perfectible". C’est le cas de le dire. En effet, nombreux sont les problèmes dans l’"extraction de détenus justifiant d’une consultation spécialisée ou d’un examen médico-technique destinés à engager ou à poursuivre une investigation diagnostique" voire d’accès aux soins. Il est difficile, faute de moyens, pour les personnes détenues de consulter à l’extérieur des prisons ou d’y faire des examens et même de pouvoir bénéficier d’un suivi adapté.
Le Pôle Santé cite ainsi l’exemple d’une personne détenue qui a dû attendre plusieurs jours avant d’avoir ses injections d’insuline alors que rester sans traitement présentait un risque majeur de coma diabétique. Le rapport constate aussi des dysfonctionnements concernant la prise en charge des lunettes, des prothèses dentaires et préconise "la signature de conventions spécifiques rapprochant localement les établissements hospitaliers et pénitentiaires ainsi que des professionnels, opticiens, dentistes..."


Le Pôle Santé est accessible par téléphone (numéro vert) au 0810 455 455

Plus d’infos sur www.securitesoins.fr
Plus d’infos sur www.mediateur-republique.fr

Commentaires

Portrait de madelin40

Mieux vaut prévenir que guérir... tout est dans le message et la confiance...