Un Français sur quatre discriminé au travail

Publié par jfl-seronet le 30.01.2012
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Plus d'un Français sur quatre affirme avoir été victime de discrimination au travail, et plus d'un tiers avoir été témoin de tels faits imputés le plus souvent au supérieur hiérarchique, indique un baromètre réalisé par l'institut CSA et rendu public le 25 janvier. C’est la cinquième édition du baromètre réalisé pour le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail. Explications.
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26% des agents de la Fonction publique et 28% des salariés du privé affirment avoir déjà été victimes de discrimination dans le cadre de leurs activités professionnelles, indique le cinquième baromètre réalisé par l'institut CSA pour le compte du Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail (OIT). Ces chiffres sont stables dans le secteur public par rapport à décembre 2010 et en baisse de cinq points dans le privé, précise l’AFP. La proportion des personnes qui disent avoir été témoin d'une discrimination est également en baisse, mais elle reste élevée avec 34% des agents concernés dans la Fonction publique (-8 points) et 38% des salariés du privé (-6 points).


Fait important. Dans un contexte de crise, le nombre des salariés du privé affirmant ne pas réagir ou se taire en cas de discriminations subies ou vues enregistre une forte hausse (+11 points) pour atteindre 42%. Dans le public, ils sont 29% des agents dans ce cas (-2 points).  Du côté des facteurs de discrimination, les victimes évoquent principalement celles liées au sexe, à la grossesse ou la maternité, ainsi qu'à l'âge pour les salariés du privé. Ce ne sera une surprise (hélas) pour personne, mais l’auteur le plus fréquemment cité de ces discriminations est le supérieur hiérarchique. Du côté des embauches, le fait d'être issu de la communauté des gens du voyage apparaît comme le facteur le plus discriminant aux yeux des sondés (pour 36% des sondés dans le public et 37% dans le privé), devant le handicap (36% et 35%) et le fait d'être atteint d'une maladie chronique (34% et 30%).
Le fait d'être transsexuel ou transgenre est également jugé pénalisant (30% des agents publics et 29% pour le privé), comme le fait d'être de nationalité étrangère (29% et 17%). Etre âgé de plus de 45 ans est aussi perçu comme un inconvénient par 29% des agents du public et 27% des salariés du privé. Vient ensuite le fait d'être séropositif ou atteint du sida (23% et 20%). Ces facteurs sont également considérés comme des freins à l'évolution de carrière.


Si on regarde plus attentivement le critère de l’orientation sexuelle, on note que les personnes interrogées sont partagées quant à l’opportunité de dévoiler son homosexualité à son entourage professionnel. "Si l’ensemble des personnes sondées perçoivent vraisemblablement cette question comme relevant davantage de l’ordre privé, une proportion non négligeable d’entre elles observe également que ce dévoilement n’a parfois pas été sans conséquences sur les conditions de travail des personnes concernées : les sondés estiment que ces personnes sont ensuite en butte à des difficultés pour exercer leurs fonctions du fait de leurs collègues de travail (que ce soit pour le secteur public : 17% ou privé : 13%) ou de la Direction (10% pour les salariés du privé)", écrivent les auteurs de l’étude. Par ailleurs, les personnes interrogées condamnent largement les comportements discriminatoires à l’égard d’un agent ou d’un salarié homosexuel.


Concernant l’identité de genre, "les  salariés du privé et les agents de la fonction publique sont très largement favorables à toute mesure prise en faveur du respect du choix des personnes transsexuelles, après leur passage de l’état d’homme à celui de femme ou de l’état de femme à celui d’homme (utilisation du prénom choisi par la personne transsexuelle, changement de présentation du salarié…)", indique le baromètre. Ils considèrent "massivement que les comportements discriminatoires qu’un employeur pourrait avoir à l’égard d’un individu transsexuel sont très graves ou assez graves. Ainsi 85% des agents du secteur public et 78% des salariés du secteur privé trouvent grave ou très grave que l’employeur refuse de modifier les coordonnées professionnelles (civilité et prénom) là où elles apparaissent (répertoire téléphonique interne, badge…)".


Si, dans ce baromètre, quelques chiffres frappent, un phénomène retient plus particulièrement l’attention : les "salariés du privé et les agents victimes silencieuses de discrimination sont de plus en plus nombreux à penser qu’en parler ne changerait rien". "Lorsqu’on interroge les victimes et témoins qui sont restés silencieux face aux discriminations sur les raisons pour lesquelles ils n’ont rien dit, ils répondent avant tout que, selon eux, cela n’aurait rien changé (66% pour les agents de la fonction publique, +13 points et 61% pour les salariés du privé, +9 points). La deuxième raison réside dans le fait que cela n’était pas dans leur intérêt (36% et 32%), un sentiment en hausse auprès des agents de la fonction publique (+17 points) et des salariés du privé (+6 points). Une forte proportion évoque également la crainte de représailles de la part des auteurs ou la crainte d’aggraver la situation (32% pour les agents de la fonction publique et 36% pour les salariés du privé). Ce qui est un comble.


Heureusement, toutes les données ne minent pas le moral puisque le baromètre montre également que la lutte contre les discriminations est perçue comme un enjeu important par la quasi totalité des actifs : 98% des agents du public et 97% des salariés du privé.


Le sondage a été réalisé par téléphone du 12 au 18 décembre 2011, auprès d'échantillons représentatifs de 510 salariés du privé et de 500 agents de la Fonction publique, selon la méthode des quotas.