VIH : décryptage du "modèle botswanais"

Publié par olivier-seronet le 04.11.2009
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Du 22 au 25 septembre dernier s’est déroulée à Gaborone, capitale du Botswana, la conférence internationale AIDSIMPACT. Cette conférence est considérée comme le rendez-vous international des experts en sciences humaines, économiques et sociales dans le domaine de l’infection à VIH/sida.

La conférence a été l’occasion de s’intéresser de près à la situation du Botswana, un des pays parmi les plus touchés au monde et qui a développé une réponse précoce à l’épidémie. La situation épidémiologique du Botswana est relativement proche de celle de son voisin sud-africain  : actuellement, 24.1 % de la population générale vivrait avec le VIH dans ce pays.  Seul le Swaziland (Afrique australe) enregistre aujourd'hui un taux de séroprévalence plus élevé (26.1 %). La particularité du Botswana, souvent présenté comme un "modèle", c’est que le gouvernement a très rapidement réagi en mettant en place un programme de prévention de la transmission de la mère à l'enfant dès 1999 et le programme national "Masa" d’accès gratuit aux médicaments anti-VIH pour tous. Grâce à cette réponse précoce, l’accès universel au traitement  (l'accès au traitement anti-VIH pour toute personne qui en a besoin) devrait être réalisé en 2010. La mise en place des programmes de prévention de la transmission de la mère à l'enfant ont également permis de réduire le taux de transmission à 3 %. Ce pays, doté de revenus importants (notamment grâce à l'exploitation du diamant) finance à hauteur de 90 % la lutte contre le sida sur ses propres ressources. Les 10 % sont constitués des apports du Fonds mondial et d'autres partenaires bilatéraux comme PEPFAR (le programme des Etats-Unis) ou la fondation Gates. Depuis le démarrage du programme "Masa", la fondation Merck and Co. fournit les médicaments anti-VIH de marque.

Malgré ces succès, le pays doit encore faire face à certains défis. Le maintien de l’incidence à un niveau élevé constitue toujours un challenge en matière de prévention. Certaines populations sont encore laissées pour compte par les programmes de prévention et de prise en charge comme les hommes ayant des pratiques homosexuelles dans un contexte de pénalisation des relations homosexuelles et les étrangers qui sont exclus du programme d’accès aux médicaments anti-VIH. Les services de santé sont souvent surchargés et la politique de partage des tâches est encore peu mise en œuvre. Dans le contexte des avancées thérapeutiques et de l’allongement de la durée de vie des personnes vivant avec le VIH, un autre enjeu important  concerne la capacité du système de prise en charge à accompagner les personnes dans leurs nouveaux projets de vie (notamment le désir d’enfant) et à s’intéresser davantage à la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH.
Plus d'infos sur le sujet sur le site de Sidaction
Plus d'infos (en anglais) sur :
http://www.aidsimpact.com/2009/Academics/Programme/abstract/?id=190
Merci à Fanny Chabrol pour les informations. Fanny Chabrol est étudiante en thèse. Son sujet de recherche porte sur le système d'accès aux soins et  aux traitements au Botswana . 

Photo du Princess Marine Hospital par Edu-Tourist